Un sommet européen, vingt pages de rapport, mais une seule consacrée à l’immigration. Et un constat, évident, émis par François Hollande à propos du dernier naufrage survenu au large de l’île italienne de Lampedusa: « ce drame humain qui n’est pas le premier, et qui hélas ne sera pas le dernier ».
Malgré ce constat, le sommet européen n’a pourtant pas amené les dirigeants européens à tenter de régler le problème. Les observateurs parlant d’une réponse a minima de l’Europe.
Eurosur, Frontex, Dublin II, derrière ces noms « barbares » se cachent des protocoles européens pour contrer d’éventuelles « invasions ». Les dirigeants européens, réunis ces 24 et 25 octobre à Bruxelles, réfléchissaient aux moyens d’empêcher de nouveaux « drames de l’immigration » (selon l’expression consacrée) en Méditerranée, trois semaines après deux naufrages successifs qui ont fait près de 400 victimes.
Pour Giusi Nicolini, maire de la petite île italienne, une politique de long terme est à mettre en place. Elle a reproché à Bruxelles de « détourner le regard » :
« Sans nouvelle politique européenne du droit d’asile et de l’immigration, ce ne sont pas seulement les migrants, mais toute l’Europe qui fera naufrage à Lampedusa. »
Il y a un an, elle avait déjà envoyé une lettre à l’Europe. Sans réponse. Et aujourd’hui, en dépit des appels des dirigeants des pays les plus touchés par ces flux migratoires, l’Italie et Malte, la décision européenne sur l’harmonisation des politiques devrait être reportée à juin 2014, soit après les élections. Des idées sont malgré tout étudiées.
Opération Mare nostrum, comme des bateaux à la mer
Sur France Info, l’ancien ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a demandé à ce que chaque pays européen envoie un bateau en Méditerranée, entre Malte et l’île italienne de Lampedusa, pour « repêcher les gens », les « boat-people« , comme il les a nommés. Le 16 octobre, après un énième naufrage meurtrier, c’est un peu ce système qui a été mis en place par l’Italie. L’opération militaire et humanitaire Mare nostrum compte ainsi surveiller 24 heures sur 24 le canal de Sicile, afin de sauver le plus de vies possible. Mais surveiller la Méditerranée, n’est-ce pas déjà trop tard ?
Une aide humanitaire dans les pays de départ
Giusi Nicolini et Luigi Manconi, président de la commission du Sénat pour les droits de l’Homme, souhaitent travailler en amont. Ils ont ainsi déposé une proposition de loi, ce 22 octobre. Leur idée est de permettre aux personnes confrontées aux situations de guerre, famine, dictature et persécutions religieuse ou ethnique, d’exercer leur droit de réfugié demandeur d’asile avant de monter sur un bateau de la mort.
En clair, ils demandent à l’Union européenne de créer, en collaboration avec des associations humanitaires, des centres d’accueil pour les demandes de protection humanitaire, directement dans les pays d’où partent et par lesquels transitent les migrants.
A la demande de l’Italie, l’Union européenne a tenu une réunion d’urgence à la suite de laquelle José Manuel Barroso a déclaré accorder 30 millions d’euros à la Botte afin de l’aider à gérer ses flux migratoires.
L’ultra contrôle des frontières avec Eurosur et Frontex
Les Vingt-huit pensent ainsi charger Frontex, l’agence de surveillance des frontières européennes, d’orchestrer des opérations de repérages et de sauvetage en Méditerranée. Problème, une agence peut-elle à la fois faire la police et secourir ? Certains opposants à l’instauration de ces rôles cumulés craignent de voir les passeurs emprunter des chemins de navigations plus lointains, plus dangereux.
Dublin II et la politique d’asile de l’Union
Martin Schultz, président du Parlement européen, a demandé aux pays européens de faire preuve de solidarité, et de réformer la politique d’asile de l’Union :
« Accueillir 10000 réfugiés sur une petite île de 6000 habitants est mission impossible. Accueillir 10000 réfugiés dans 28 Etats membres où vivent 507 millions d’européens, c’est une tâche à notre portée.
Avant de réviser la politique d’asile, c’est le règlement Dublin II qui pourrait faire avancer le débat. Ce règlement, oblige l’Etat par lequel un demandeur d’asile entre dans l’Union à traiter sa demande et à lui offrir l’hébergement.
Les dirigeants européens se sont donc mis d’accord sur trois principes : une aide aux pays d’origine et de transit ; la surveillance de la Méditerranée avec Eurosur et Frontex ; la mise en place d’un groupe de travail qui rendra un rapport en décembre. D’ici-là, une mer d’huile est à espérer.
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