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Petit Bulletin Live : le petit oiseau va sortir

Pour la première édition de PB Live, Rosemary Standley et Dom La Nena se produiront à la Chapelle de la Trinité le 17 novembre en duo violoncelle-voix. Au menu : « Birds on a Wire », un répertoire de reprises surprenantes courant de Monteverdi à John Lennon, en passant par Leonard Cohen ou Purcell. La chanteuse de Moriarty revient pour le Petit Bulletin (partenaire de Rue89Lyon) sur la genèse de ce projet singulier.

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– Comment est né le projet « Birds on a Wire » ?

Rosemary Standley : « Au départ c’est une initiative de Madame Lune [producteur de concerts et du festival Les Rendez-vous de la Lune, ndlr]. J’ai commencé avec la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton mais elle a dû arrêter et a pensé à Dom La Nena pour la remplacer. Notre première répétition a été déterminante. Dom vient du classique mais a accompagné beaucoup d’artistes pop en tant que violoncelliste : Piers Faccini, Jane Birkin, Camille… Son oreille et son ouverture dans sa façon de jouer laissaient enrevoir un très grand champ de possibilités. »

 

– Vous semblez avoir une inclination particulière pour l’exercice de la reprise, que ce soit avec Moriarty [dont le récent album est un album de reprises et dont on se rappelle la version du Enjoy The Silence de Depeche Mode, ndlr] ou vos derniers spectacles [Queen of Heart à la Bastille, ndlr]…

« Oui, depuis toujours ça fait partie de moi. Je suis née dans une famille où la musique était omniprésente. Mon père est musicien, je l’ai toujours entendu faire ses propres chansons et jouer celles des autres. Petite je chantais des chansons de Neil Young, de Bob Dylan… J’ai toujours trouvé très agréable de me positionner simplement en tant qu’interprète. »

 

« Quand vous interprétez vos propres textes, il y a un enjeu personnel, une mise à nue de votre intimité. »

 

– En quoi ce plaisir est-il différent de celui d’interpréter vos propres chansons ?

« Ca n’a rien à voir. Quand vous interprétez vos propres textes, il y a un enjeu personnel, une mise à nue de votre intimité. Chanter les textes des autres – que vous ne choisissez pas par hasard non plus mais parce ça fait écho à quelque chose en vous – c’est une façon de se dévoiler autrement et peut-être d’aller plus loin dans l’interprétation. Tout le plaisir de la reprise réside dans le fait d’amener un morceau à soi, de le détourner, d’y mettre des sons qui viennent d’ailleurs. Une bonne reprise est une création, une chanson dont on a l’impression qu’elle est nouvelle et puis, au milieu, on se dit «ah, non mais en fait, je la connais» (rires). »

 

– Ce spectacle contient une quinzaine de chansons, qui vont de Leonard Cohen au baroque italien, de Purcell à John Lennon, d’Os Mutantes à Tom Waits. Comment s’est fait leur choix ?

« D’abord, ce sont des morceaux sublimes. Certains, comme Monteverdi, font partie d’un répertoire que j’ai pu travailler en conservatoire mais que je n’aurais jamais eu l’occasion de chanter autrement. Finalement, on y trouve très peu de musique folk. »

 

« Il ne s’agit quasiment que de chansons écrites par des hommes pour des femmes, des lettres d’amour déçu. « 

 

– Oui, vous connaissant c’est surprenant.

« Je ne voulais pas jouer cette carte-là, parce qu’on me connaît pour ça et que je trouvais plus intéressant de m’attaquer à un répertoire sur lequel on ne m’attend pas forcément. Mais la raison principale de mes choix c’est que ce sont vraiment des chansons constitutives de ma personne. Ce qui est amusant, et dont je ne me suis rendu compte qu’après coup, c’est qu’il ne s’agit quasiment que de chansons écrites par des hommes pour des femmes, des lettres d’amour déçu.

 

– S’attaquer à des monstres sacrés tels que Monteverdi ou Purcell en mode violoncelle-voix ne vous a pas effrayé ?

« Quand on se confronte à Monteverdi, à Purcell, on est forcément face à des monuments. Le risque c’est de se présenter devant des fanatiques de ces compositeurs qui considèrent que ces morceaux doivent être joués comme ils ont été écrits. Pour moi, c’est un peu plus poreux. L’idée est de les amener vers quelque chose de plus contemporain.

 

« John Lennon et Monteverdi se retrouvent d’une certaine façon à égalité »

 

– C’est un processus compliqué ?

« C’est compliqué si on se met une barrière et si on a une démarche prétentieuse. Avec Dom, on a travaillé à l’oreille et à partir de partitions pour trouver le meilleur moyen de nous les approprier. Avec la contrainte qu’on s’était imposée, l’équation était simple : «on a une voix et un instrument, comment on fait ce morceau-là, de manière extrêmement directe et simple ?». Mais ces versions restent respectueuses de leur auteur tout en ramenant chaque morceau, quel que soit son genre, au format chanson. Du coup, John Lennon et Monteverdi se retrouvent d’une certaine façon à égalité. »

 

– Pour PB Live, vous allez jouer à la Chapelle de la Trinité. Puis à l’Eglise d’Arnas dans le cadre du festival Nouvelles Voix. Qu’y a-t-il de particulier à jouer dans une église quand on est habitué aux salles rock ou aux théâtres ?

« C’est toujours passionnant quand un lieu est détourné de sa fonction première. De se dire qu’à une certaine époque, il a servi à une forme de culte. Malgré tout, le religieux, même pour ceux qui ne sont pas croyants ou pratiquants, reste quand même ancré en chacun de nous. Il y a donc quand même là une dimension sacrée que l’on retrouve également dans la musique. Un concert rock dans une église, ça fait naître un décalage qui est intéressant. Dans une église, il y a une certaine chaleur, une certaine douceur, on n’a pas envie de hurler. Ça crée un rapport différent au public. Il m’est arrivé de jouer dans des chapelles éclairées à la bougie, c’était magique. »

Propos recueillis par Stéphane Duchêne, sur petit-bulletin.fr

Infos pratiques

Birds On A Wire
Par Rosemary Standley (Moriarty) et Dom La Nena
Chapelle de la Trinité : 29-31 rue de la Bourse Lyon 2e
Dimanche 17 novembre 2013 à 19h

 


#Culture

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