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Après les Berges du Rhône et les Rives de Saône : l’Anneau Bleu, la nouvelle marque développement durable ?

Alors que les rives du Rhône et de la Saône sont devenues les emblèmes de la qualité de vie à la lyonnaise, un projet commence progressivement à faire parler de lui : l’Anneau Bleu. Dans l’est lyonnais, 2200 hectares de nature, autour de l’eau sont en cours d’aménagement… Et pourraient devenir la nouvelle marque « développement durable » du Grand Lyon.

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Anneau bleuLe canal de Jonage est maintenant bordé d’une piste cyclable sur sa rive gauche. ©Leïla Piazza / Rue89Lyon

Les Berges du Rhône et les Rives de Saône, tout le monde en a entendu parler. L’Anneau Bleu, par contre, c’est un peu le grand projet « développement durable » du Grand Lyon qui avance à l’ombre des photographes.

Le nom vient de l’ »anneau » que forment les deux canaux de Jonage et de Miribel, issus de la séparation du Rhône au niveau de Jons. Le fleuve se reformant en un seul cours d’eau au niveau de la Feyssine (voir la carte plus bas).

Démarré en 2005, l’aménagement de cette zone de 2200 hectares située à l’Est de l’agglomération lyonnaise, a bien avancé.

La rive gauche du canal de Jonage a déjà été aménagée, avec une piste cyclable permettant ainsi de partir de Gerland en vélo et de longer le Rhône jusqu’à Jons. Soit une boucle de 45km.

 

Collomb soignerait-il ses alliés de l’Est lyonnais ?

L’une après l’autre, les Berges du Rhône et les Rives de Saône ont été inaugurées en grandes pompes. Dans les deux cas, juste avant des élections municipales. Et dans les deux cas, Gérard Collomb en a fait hier et en fait aujourd’hui un argument de campagne à grands renforts de communication massive. Pour l’Anneau Bleu, par contre, Roland Bernard, vice-président du Grand Lyon chargé des Fleuves, admet volontiers qu’il n’y a pas eu une « communication de folie » de la part du Grand Lyon :

« On a eu beaucoup de retard car on n’avait pas prévu qu’il y aurait tant de travaux de renforcement de la digue du canal de Jonage… Evidemment, ça a embêté les élus des communes car ils auraient voulu que l’ensemble soit livré avant les échéances électorales de 2014. »

D’ailleurs, selon lui, le Grand Lyon a préféré se tenir en retrait cette fois-ci et laisser les maires de l’Est lyonnais « s’approprier » la communication. Comme si Gérard Collomb soignait ses alliés du Grand Lyon, tout en gardant en tête un projet à plus long terme, qui relève de la « métropole de Lyon », selon Roland Bernard :

« Je suis persuadé que quand il y aura à la fois les Berges du Rhône, les Rives de Saône et l’Anneau Bleu, les habitants du Grand Lyon auront une image différente de ce qu’est une métropole urbaine. Il faut de la nature, de la diversité… Quand on regarde les enquêtes sur les différentes métropoles, Lyon arrive toujours en très bonne place sur la qualité de vie. Et les concitoyens le reconnaissent. »

Anneau Bleu-élusDe gauche à droite : Gilles Vesco, Jérôme Sturla, Roland Bernard et Michel Buronfosse, président du Syndicat intercommunal d’aménagement du canal de Jonage lors d’une visite presse le 2 octobre . ©Leïla Piazza / Rue89Lyon

 

« Une fierté pour l’Est lyonnais »

Ce dimanche, une nouvelle étape du projet sera célébrée avec l’inauguration de la passerelle modes doux de Décines, qui permet maintenant de relier en vélo la ville au Grand Parc de Miribel Jonage, en traversant le canal de Jonage. Comme sur l’ensemble des projets de l’Anneau Bleu, on nous explique que des considérations environnementales ont dû être prises en compte :

  • Le canal de Jonage étant un axe utilisé par les oiseaux, le pont a été construit de façon à minimiser la gène pour eux.
  • La zone de l’Anneau Bleu abrite des champs de captage importants qui ne devaient pas être affectés par les travaux car ils représentent la principale source d’alimentation en eau du Grand Lyon.

Jérôme Sturla, le maire PS de Décines, n’est pas peu fier du pont cyclable suspendu, de 140 mètres de long, dont la construction a couté 5,5 millions d’euros :

« Il n’y a pas que le pont Raymond-Barre dans le Grand Lyon ! »

Passée la plaisanterie, le maire ajoute :

« Aujourd’hui, avec cette passerelle, on allie l’attractivité urbaine et la nature. »

Autant dire, qu’il n’y a pas qu’à Lyon que le PS a décidé de sortir l’argument écologique en prévision des élections municipales de 2014.

D’ailleurs, le vice-président du Grand Lyon chargé des Nouvelles mobilités urbaines, Gilles Vesco, également présent à la visite de presse, profite de l’occasion pour le rappeler :

« 300 km de maillage modes doux ont été réalisés dans le Grand Lyon depuis 2001. »

 

« Plus écolo qu’EDF, c’est pas possible ! »

Sur les bords des canaux de Jonage et Miribel, on trouve une diversité de paysages naturels, semi-naturels et… industriels. Qu’à cela ne tienne, les principales constructions, comme la centrale hydroélectrique de Cusset, ont été intégrées au projet.

C’est même pour alimenter la centrale de Cusset, gérée par EDF, qu’une dérivation du Rhône, le canal de Jonage, a été construite à la fin du XIXe siècle. Elle était alors la centrale hydroélectrique la plus puissante au monde. Aujourd’hui, la centrale produit 415 GWh d’électricité chaque année, soit l’équivalent de la consommation domestique d’une ville comme Villeurbanne.

Et lorsque le projet d’Anneau Bleu a été lancé, EDF s’y est très fortement impliqué, puisque l’entreprise en est le principal financeur.

Comme s’il voulait balayer les questions environnementales soulevées par l’électricité nucléaire, Roland Bernard a ce commentaire :

« Plus écolo qu’EDF, c’est pas possible ! »

 

Plan Anneau BleuCliquez sur le plan pour le voir en grand (NB : la partie notée « réalisation prévue en 2010-2011 » est maintenant terminée)

 

Du développement durable et du social, on vous dit

L’Anneau Bleu, c’est en fait 12 projets avec des maitres d’ouvrages et des partenaires nombreux : Grand Lyon, Communauté de Communes de Miribel et du Plateau, départements du Rhône et de l’Ain, région Rhône-Alpes, Etat, EDF, Syndicat mixte pour l’aménagement et la gestion du Grand Parc de Miribel Jonage, Syndicat d’aménagement du canal de Jonage, communes concernées…

Le Grand Lyon estime que les aménagements ont couté aux différents partenaires une vingtaine de millions d’euros depuis 2005. Et que quelque sept millions sont programmés pour la suite du projet, dont principalement l’aménagement de la rive droite du canal de Jonage.

Le projet s’articule autour de la mise en valeur de l’eau et des installations hydroélectriques. Le tout dans une communication au ton toujours très « développement durable ». Il s’agit de « promouvoir un développement qui respecte et valorise ses richesses naturelles et patrimoniales ». L’Anneau Bleu doit permettre aussi « de renouer des liens étroits entre les habitants de l’agglomération et le fleuve. »

Tarte à la crème de la com’, le lien entre le fleuve et les habitants est ici décliné avec la création d’un centre de pédagogie à l’environnement sur le thème de l’eau qui sera créé mi-2014 à la ferme des Allivoz, à Vaulx-en-Velin.

Tout le long du parcours, des liaisons cyclables entre les berges et les centres-villes des communes riveraines ont été aménagées.

Avec la proximité des grands ensembles des quartiers populaires vaudais et villeurbannais, le Grand Lyon a dû mettre un peu de social dans le discours. Et Roland Bernard d’insister sur cette fameuse « dimension sociale » :

« C’est une possibilité pour les centres-villes des banlieues dites difficiles de créer une ouverture sur l’extérieur et d’amener un climat plus paisible. »

Nouveau concept du développement durable à la sauce lyonnaise, l’Anneau Bleu, deviendrait également une nouvelle dimension de la politique de la ville. Rien de moins.


#Décines

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