Depuis son université d’été, on sait que le Front national fait de la « professionnalisation » un argument pour convaincre les électeurs que ses élus seront prêts à gérer des villes.
Pour le lancement de sa campagne, le secrétaire départemental du Rhône, candidat à Lyon, a donc appliqué la méthode Marine Le Pen, doigt sur la couture. Aux journalistes présents en conférence de presse ce mardi, on a donc distribué l’organigramme de l’équipe qui mènera cette campagne lyonnaise.
Le candidat, Christophe Boudot, 46 ans, conseiller régional, était déjà le directeur de campagne d’André Morin en 2008, où le candidat FN avait recueilli 4,15% des voix (Boudot est aujourd’hui crédité de 11% par le dernier sondage).
Il dit qu’il était alors à peu près le seul à organiser l’activité militante. Désormais, les militants frontistes lyonnais se sont « structurés », comme Christophe Boudot n’a de cesse de le répéter :
« Nous sommes passés de l’artisanat à la professionnalisation ».
Les dotations de l’Etat, liées aux bons résultats de Marine Le Pen à la présidentielle, n’y sont pas pour rien.
Le candidat FN à Lyon entouré, à sa droite, de Paul-Alexandre Martin, son directeur de campagne, et à sa gauche, de Romain Vaudan, directeur de la communication. © Laurent Burlet/Rue89Lyon
A Lyon, pour cette campagne qui débute, huit responsables ont été nommés pour se partager les tâches : programme, communication, trésorerie, action militante… Deux jeunes têtes émergent, présentées ce mardi à la presse :
- Le directeur de campagne : Paul-Alexandre Martin, 23 ans, étudiant en master de management à Paris, mais « originaire de Lyon ». C’est un des responsables du FNJ au niveau national. « Un habitué de l’organisation de grands événements », selon Boudot.
- Le directeur de la communication : Romain Vaudan, 26 ans, ancien référent régional du parti de Nicolas Dupont-Aignan, Debout La République. Candidat DLR dans la 4e circonscription du Rhône en 2012, il avait été exclu du parti pour s’être désisté au profit de la candidate FN. Il devrait être tête de liste dans le 3e arrondissement.
Une « équipe » de flics anonymes
A cet organigramme rendu public, s’ajouterait une « équipe », d’une dizaine de personnes. Composée principalement de policiers nationaux et municipaux mais aussi de « commerçants », elle porte un nom : « IDL » pour « idées délinquance Lyon ». Christophe Boudot explique :
« Ces policiers nous apportent des informations. Vous comprendrez que nous ne pouvons pas révéler leur identité. Ils nous disent où sont les principaux problèmes qu’ils rencontrent au quotidien ».
De ce comité anonyme de policiers devraient ressortir des propositions sur la lutte contre la délinquance, qui est, toujours, au coeur du propos du FN, à Lyon comme ailleurs.
Et comme à l’UMP ou au PS, le programme sera présenté à l’automne, au cours de conférences de presse thématiques.
Clin d’oeil aux identitaires
Mais déjà, un premier tract a été diffusé, intitulé « Lyon, notre identité ». On apprend que le FN rêve d’une ville où le « transport fluvial » serait développé, où l’on ferait des « fêtes de conscrits » et, surtout, où « les moyens de la police ne seraient plus destinés aux rackets des automobilistes mais à la lutte contre le grand banditisme et la petite délinquance ».
Mais on ne s’empêche de voir, derrière ce premier tract, un petit clin d’oeil en direction des identitaires lyonnais, l’un des mouvements d’extrême droite radicale qui fait le plus parler de lui à Lyon.
Autre signe de bonne entente : la conférence, ce jeudi, de la figure emblématique du FN lyonnais, Bruno Gollnisch (aujourd’hui en campagne pour les municipales à Hyères, dans le Var) dans le local des identitaires, la Traboule, dans le 5e arrondissement de Lyon.
De leur côté, les militants identitaires ne cachent pas leur envie de se présenter sur des listes FN. Christophe Boudot ne serait d’ailleurs pas contre leur présence.
Mais il y aurait toujours un problème : le FN local applique les directives nationales qui interdisent la double appartenance à une organisation. Il précise :
« Pour les sympathisants, il n’y a pas de soucis. Par contre si des dirigeants de Génération identitaire ou du Bloc identitaires veulent nous rejoindre, il faudra qu’ils choisissent ».
Mise à part Lyon, le FN annonce être en mesure de présenter une liste dans une vingtaine de communes du Rhône.
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