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Chronopost : derrière des colis maltraités, des salariés malmenés

Surveillance abusive, conditions de travail épuisantes, non-respect du droit de grève : Chronopost et son sous-traitant Derichebourg vont loin pour tenir les délais.

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Trustpilot, site de critiques et recommandations sur les entreprises, attribue la note désastreuse de 1,8/10 à Chronopost. Fondée sur près de 300 avis d’internautes, cette note est le reflet des plaintes fréquentes à l’égard de la filiale de La Poste. Retards dans la livraison, perte ou détérioration des colis, les motifs de grogne touchent différents maillons de la chaîne de distribution.

Amazon, Pixmania ou encore Priceminister : toutes ces grandes enseignes traitent la livraison de leurs marchandises avec Chronopost. Préparé dans l’entrepôt du e-marchand, le colis se dirige ensuite vers une des 74 agences du groupe, qui s’engage à vous livrer le lendemain, avant 13 heures. La cadence infernale s’enclenche.

Le colis est orienté vers un des six « hubs » (plateformes de transit) français : Montpellier, Poitiers, Lyon-Corbas, Chilly-Mazarin et deux à Roissy. Ouvert en 2006, le site de Chilly-Mazarin, dans l’Essonne, traite à lui seul 60% du trafic national.

Chronopost affiche fièrement son slogan :

« Demandez à Chronopost, ça ira plus vite. »

Mais cette célérité est permise par la sous-traitance. A son arrivée au hub de Chilly-Mazarin, votre colis n’est pas traité par un salarié du groupe mais par un employé de Derichebourg, société privée axée sur le nettoyage.

 

« La sous-traitance, de l’esclavage moderne »

A première vue, aucun lien entre la filiale de La Poste et Derichebourg. Loin de supposés postes d’agents d’entretien, ils sont 150 salariés employés pour charger et décharger les camions, de jour comme de nuit. Un moyen de « réduire les coûts de production » à un moment où « le groupe réalisait pourtant 40 millions d’euros de chiffre d’affaires », confie Eugène Urbino, délégué SUD de Chronopost.

Les syndicalistes disent ne pas être dupes. Pour Abichou Nizar, délégué CGT Derichebourg :

« Chronopost sous-traite car ses salariés se révoltaient trop à son goût. La sous-traitance, c’est de l’esclavage moderne. »

Mohamed, 41 ans, embauché sur le site depuis 2007, ressent un manque de confiance :

« Lorsqu’un camion arrive, les portes sont scellées. Un “Chronopostier” vient l’ouvrir, à nous de le vider ! »

Sous le vacarme des avions qui se posent sur les pistes d’Orly juste derrière, la pression est physique et morale. Sofiane (prénom d’emprunt), intérimaire de Derichebourg, explique :

« Les conditions de travail sont vraiment éprouvantes. Nous disposons de 45 minutes à 1h15 pour décharger un semi-remorque de 35 tonnes. Les licenciements sont si fréquents que nous sommes toujours sous pression. »

« Si le timing de déchargement est dépassé, notre salaire est amputé de pénalités », s’indigne Hassan Gandou, délégué CFDT à Derichebourg.

Abichou Nizar explique :

« Cette cadence de travail peut provoquer des accidents, des TMS [troubles musculosquelettiques, ndlr]. […] Et si le salarié est malade, ses primes sont sucrées. »

 

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