Par Hervé Chaygneaud-Dupuy
Pourtant il est vraiment bon ce rapport ! Les mesures proposées sont de nature à transformer radicalement la relation à l’action publique, bien au-delà de la politique de la Ville.
Plusieurs de ces propositions croisent les réflexions que nous avons menées à Lyon au sein des Ateliers de la Citoyenneté, puis l’an dernier dans le groupe que nous avons animé avec le sociologue Philippe Bernoux justement sur la possibilité d’un « empowerment à la française ». Je développe aussi régulièrement ma réflexion sur les liens entre action publique et société civile sur mon blog persopolitique.fr.
On peut citer parmi les mesures les plus porteuses de transformation : la création d’espaces de dialogue avec les citoyens (les tables de quartier), un financement via une fondation, une ouverture de l’école aux parents et au quartier, une prise en compte des médias, la création d’un statut pour les bénévoles (on n’est pas très loin du projet de reconnaissance du volontariat que nous portions aux Ateliers de la Citoyenneté) sans oublier un investissement important pour la formation des élus et des techniciens et pour la mutualisation des pratiques.
12 territoires vont, selon le ministre, pouvoir expérimenter les tables de quartier . Pour le reste, il est beaucoup plus évasif… Difficile de croire donc que ce rapport va avoir l’impact souhaité.
Sortir du ghetto de la politique de la ville
Il serait pourtant utile que ce rapport sorte du ghetto de la politique de la ville et que ce soit toute la société qui se saisisse de ces propositions pour tenter de rééquilibrer le rapport entre citoyens et politiques. Sinon, encore une fois, on laissera peser sur les plus fragiles la responsabilité de faire bouger les lignes.
Sur ce point, je continue à avoir un écart avec le collectif Pouvoir d’agir qui, pourtant, a su se saisir de cette question de l’empowerment comme rarement avant en France (en y associant associatifs, politiques et chercheurs) : le développement du pouvoir d’agir des citoyens ne peut se concentrer sur les habitants des quartiers de la politique de la Ville sinon il risque de se transformer en injonction participative à l’égard des milieux populaires.
Pour autant, je suis convaincu que les initiatives les plus fortes naîtront (et naissent déjà) dans ces quartiers : considérons-les donc comme des pionniers en avant-garde de toute la société plutôt que comme des personnes isolées (et héroïques) qui s’en sortent par leurs propres moyens malgré l’hostilité de l’environnement. Seuls contre tous ou pionniers d’un nouveau monde commun, il me semble important de choisir la perspective dans laquelle on se place. On ne dessine pas la même société.
Lire le billet de blog sur le site persopolitique.fr
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