Trois à quatre fois par jour, du lundi au samedi, Guillaume Mouchet, 37 ans, mouille sa barque bleue sur le lac Léman. Il y plonge ses filets, les remonte en moulinant des bras, les débarrasse des poissons, ôte ceux qui restent piégés entre les mailles ; puis il les démêle et les étend pour les replonger dans l’eau. Ça ressemble à une valse sans fin.
Sa barque est toute petite : 6,5 mètres, d’un bout à l’autre de la coque en plastique. Depuis le petit port en pierre d’Anthy-sur-Léman, en Haute-Savoie, Guillaume Mouchet pêche « dans le coin », sauf quand les filets dérivent trop loin. Au doigt mouillé, il sait repérer la frontière, au milieu de l’eau : il n’a pas le droit de pêcher dans les eaux suisses du lac.
Le matin, Guillaume Mouchet prépare ses filets en écoutant la radio, dans l’arrière-boutique située à une centaine de mètres du port. Le jeune pêcheur vend le poisson « transformé, prêt à être cuisiné ». Et il n’a pas de problème à tout écouler, frais ou fumé. La vente directe a sa contrainte : « Il faut toujours être là. »
Il aurait aimé être photographe, son « premier projet professionnel ». Plus jeune, il avait fait une formation, des stages, quelques piges mais n’a pas pu faire sa place. Depuis quelques années, il prend son appareil photo quand il part sur le lac. Ses beaux clichés tapissent l’intérieur de la boutique (dont près de l’entrée, sur la droite, une jolie série d’yeux de poissons).
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