1. Steed Malbranque. Plus tard, on dira à nos petits-enfants : « Une légende raconte que c’est en lisant la grille d’évaluation du Rank’n’OL que Steed Malbranque a décidé de rechausser les crampons. Je ne sais pas si c’est vrai. En tout cas, tout concorde. » Quand l’idée a germé de créer un classement pour savoir qui serait le meilleur des Lyonnais, Malbranque n’était même plus un joueur de foot. Quand le principe a été officialisé, il s’entraînait encore avec des gamins de 18 ans. Il lui a pourtant suffi de deux matchs (Valenciennes et Ajaccio) pour se l’approprier. On peut même aller plus loin : Malbranque a tué le Rank. Gerland conquis en vingt minutes et il s’assurait un carton à l’indice Govou. Sa classe du meneur surdoué apparu à 18 ans en D1 n’ayant d’égal que cette combattivité inculquée par neuf ans de Premier League, et le bonus Tiago passait de prime à salaire fixe. Mais que dire de l’indice Lacombe ? Si les bases n’avaient pas été posées avant cet improbable retour, on aurait pu crier au complot. Parce que, non content de revenir dans son club formateur et dans la région où il a grandi, Malbranque cultive ce mutisme qui vous fait passer pour un être suffisant, déclare dans L’Équipe, la veille d’un come back fracassant, qu’il fait lui-même ses courses chez Auchan et, above OL, restera à jamais ce type qui a planté Saint-Étienne parce qu’il n’avait « plus de plaisir » et qu’il s’est « rendu compte [qu’il avait] fait une erreur ».
Reste l’indice Juninho. Malbranque aura été le joueur le plus performant de l’OL au cours du premier semestre, et peut-être même de Ligue 1 avec Ibrahimovic et Matuidi. Pour quoi ? Pour tout. Pour fluidifier le collectif, pour rendre simple les situations compliquées, pour inspirer ses camarades par un don de soi permanent, pour les remobiliser sans parler. Puis vient la deuxième partie de saison, moins glorieuse de toute évidence, mais certainement pas lamentable. Qui aura surtout souffert de la comparaison avec la première. Les mauvaises langues n’ont pu s’empêcher de souligner la concomitance du déclin avec la prolongation de contrat signée en décembre. Ce serait oublier que ce n’est pas tant l’engagement qui a fait défaut à Malbranque par la suite que ses étincelles techniques. Un rendement moindre que l’on ne peut dissocier de la baisse de forme de Gonalons mais qui correspond aussi à la fin des espoirs insensés d’un retour en équipe de France, neuf ans après une première convocation. Steed Malbranque a compris le 31 janvier 2013 qu’il terminerait sa carrière à 0 sélection. Une injustice suffisamment grande pour ne pas en plus se faire voler le titre de joueur de l’année par un type qui a mis trois lucarnes les yeux fermés.
2. Maxime Gonalons. Du point de vue du Rank, Gonalons a tout pour plaire. D’abord parce qu’il sait s’y prendre pour ramener quelque chose des belles années de domination à son poste, de l’impact physique à la Djila Diarra à cette autre forme de dureté, mentale, de Toulalan pour s’imposer sur le long terme là où on ne l’attendait pas forcément. Il a aussi célébré comme personne la lyonnaise du way of life : « Je ne parle pas quand je ne connais pas. Je suis lyonnais. » On a croisé plus d’un suiveur de l’OL parti pour rencontrer un meneur d’hommes né et revenu d’interview en se demandant s’il n’y avait pas plus de charisme chez les post-ados complexés qu’incarne généralement Michael Cera. On s’est contenté de reprendre mot à mot cette vérité éternelle lâchée par Biolay : « Quand t’es lyonnais, tu sais comment on est : on parle pas. Ou quand on parle, on parle mal. » L’essentiel de ce qu’a eu à raconter Gonalons, c’est sur le terrain qu’on a fini par le trouver. Et pour tout dire, bien au-delà de sa densité physique, de ses percussions ou de ses renversements bien sentis, c’est la partie la moins visible du travail qui l’emporte en fin de saison sur tout le reste. Précisément là où il faut rendre les autres meilleurs. Comme ça qu’on lui doit une bonne partie du retour de Malbranque, du sacre de Grenier et de la consolidation de la défense. Autant dire que la complainte des bons Lyonnais a encore de beaux jours devant elle, elle qui célèbre le travail obscur, l’absence de reconnaissance qui va avec et finit par laisser passer la lumière pour les autres. Surtout si les autres s’appellent Matuidi, Pogba ou Kondogbia.
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