Ce jeudi après-midi, le magistrat Albert Lévy sera jugé pour des accusations portées à son encontre de « déni de justice » au tribunal correctionnel de Lyon. L’origine du différend date de novembre 2012. Dans une affaire familiale, un avocat de la partie civile avait demandé sa récusation. Le problème ?
« Le juge du siège porte le nom patronymique de Lévy. Le « papa » de la prévenue se prénomme Moïse », arguait Alexis Dubruel.
Si la demande de récusation du magistrat a été rejetée, l’avocat a décidé de ne pas en rester là. Il poursuit aujourd’hui le juge Lévy devant le tribunal correctionnel pour « déni de justice », au motif que dans ce dossier le magistrat avait pris une décision d’ajournement. Le Syndicat de la magistrature lui a apporté son soutien, parlant d’« acharnement » et d’« ignominie ».
« Le Syndicat de la magistrature avait dénoncé à l’époque (en novembre 2012, ndlr) un acte antisémite déguisé en pseudo-argument juridique qui n’était destiné qu’à déstabiliser un magistrat indépendant. »
Albert Lévy, magistrat à Lyon. Crédit : Maxppp.
Lors du refus de la demande de récusation, la cliente d’Alexis Dubruel avait été condamnée de ce fait à une amende civile de 750 euros, soit la plus importante prévue dans ce cas. Et la ministre de la Justice, Christiane Taubira, avait exprimé sa « plus vive réprobation à l’égard de toute mise en cause de l’impartialité d’un magistrat dans l’exercice de ses fonctions du fait de ses origines, de son patronyme, ou de son appartenance ou sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, ou une religion déterminée ».
Ce n’est pas la première fois que le juge Lévy fait l’objet d’attaques à caractère antisémite, notamment de la part de l’extrême-droite.
« En avril (2012), l’enquête sur le groupe islamiste Forsane Alizza avait mis au jour un projet d’enlèvement et de séquestration du magistrat, en raison de sa judaïté supposée », rappelle par ailleurs Libération.
Le juge avait alors été placé sous protection policière.

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