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Primaire UMP à Lyon : les 3 questions posées par la victoire de Michel Havard

Il a eu chaud. C’est finalement Michel Havard, le « légitime », très bousculé cette dernière semaine par son adversaire Georges Fenech, qui a finalement été désigné ce dimanche soir candidat de la droite, pour affronter Gérard Collomb, le maire PS sortant, aux élections municipales de 2014.

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Michel Havard, gagnant de la primaire UMP à Lyon, le 9 juin 2013. Crédit : Ugo Moret/Rue89Lyon.

Après une semaine de campagne d’entre-deux-tours éprouvante, Michel Havard est parvenu ce dimanche à s’auréoler du titre qu’il a longtemps pensé acquis : il est le candidat de l’UMP qui bataillera pour la mairie de Lyon.

Les ralliements des trois autres candidats de cette primaire UMP derrière Georges Fenech n’auront pas eu raison du leader de l’opposition municipale. Parvenant à soulever les forces militantes et sympathisantes de son parti (une hausse de participation entre les deux tours de plus de 25%), Michel Havard est apparu comme le candidat local légitime (54% des voix) face à un Georges Fenech soutenu par les instances parisiennes du parti (46% des voix).

 

Lyon toujours plus centriste et un Michel Noir « qui ne pèse rien » ?

Si Georges Fenech a sorti les crocs au lendemain des résultats du premier tour de cette primaire, se montrant à la fois hargneux et cohérent dans son propos sécuritaire, en bon représentant d’une « droite décomplexée », son duel contre Michel Havard n’a pas été des plus sanglants. Ce dernier est resté sur sa ligne centriste et son thème privilégié, « Lyon l’humaniste », ne l’a pas fait sortir de ses gonds.

Entre les deux tours, la participation a augmenté de plus de 25%, passant de 4345 bulletins au premier tour contre 5452 au second tour (la fédération UMP comptant 3500 adhérents dans le Rhône). Ce dont se sont félicités Philippe Cochet, président  de l’UMP du Rhône, et Michel Forissier, secrétaire départemental.

Surtout, on constate que le surplus de voix a entièrement bénéficié à Michel Havard, qui totalise 67% de voix supplémentaires par rapport au premier tour. Georges Fenech, en cumulant les voix des trois autres candidats ralliés à sa cause, va jusqu’à en perdre 3%.

Pourtant, Michel Noir lui-même, ancien maire UMP de Lyon (de 1989 et 1995), voix toujours consultée à Lyon à titre honorifique, avait déclaré son soutien à Georges Fenech. Dans le cours de cette seconde soirée électorale, un membre de l’équipe de Michel Havard lui a balancé les résultats dans la figure :

« Ce qu’on peut dire, c’est quand même que Michel Noir ne pèse rien. Non mais c’est vrai, pour certains militants, on dirait qu’il est une sorte de deus ex machina, alors que c’est quand même un repris de justice… »

Ambiance.

 

Michel Havard confirmé sans unanimité : quel avenir pour la droite à Lyon ?

Georges Fenech au soir du second tour de la primaire UMP à Lyon, le 9 juin 2013. Crédit : Ugo Moret/Rue89Lyon.

A 21h45, Philippe Cochet, président de la fédération UMP du Rhône déclarait :

« Qui que ce soit qui gagne (sic), on l’applaudira et on le soutiendra. »

Aussi les deux adversaires se sont-ils montrés courtois l’un envers l’autre, honorant au moins dans les mots le contrat de départ de cette primaire UMP à Lyon : tout le monde devait se rassembler derrière le vainqueur, sans moufeter.

Michel Havard a donc chaudement félicité Georges Fenech, le qualifiant de « compétiteur de haut niveau », lequel a, de son côté, salué la « ténacité » du candidat victorieux, le désignant enfin comme le « leader pour Lyon ».

Fair play et cordialité. Au moins en façade. Michel Havard n’a évoqué qu’à demi-mot et en ne les appelant que par leurs prénoms « Nora, Emmanuel, Myriam », ceux qui l’ont lâché malgré sa position de leader de l’opposition depuis plusieurs années.

Les ralliements et les propos tenus pendant cette semaine d’entre deux-tours peuvent-ils laisser des traces ?

On pense notamment à Emmanuel Hamelin, dont le ralliement derrière Georges Fenech a sans doute été le plus étonnant. Si le conseiller municipal a semblé choisir la carte nationale, obéissant donc à des intérêts personnels, il a, avec l’ex-ministre Nora Berra, sans doute aussi exprimé un sentiment sincère : aucun d’eux ne semble réellement croire dans les capacités de Michel Havard.

Emmanuel Hamelin peut donc passer aujourd’hui pour « le traître », et s’il aurait sans doute trouvé une place incontournable auprès de Michel Havard pendant la campagne municipale, rien n’est acquis désormais sur le rôle qu’il y jouera.

 

Quelle campagne pour les élections municipales de 2014 ?

« Michel Noir a laissé derrière lui une droite lyonnaise divisée, aucun leader ne parvient à émerger » : la rengaine est connue, entonnée à chaque élection locale. Il semble qu’aucun héritier ne puisse trouver une légitimité solide, c’est à dire constituée et d’un appui du terrain lyonnais et d’un soutien sans faille des instances nationales du parti à Paris.

Le bras de fer est classique, existant dans quasiment tous les partis, entre la force militante locale et la volonté toute droit descendue de la capitale d’imposer une figure -alors marquée du sceau du parachutage.

Georges Fenech, député de Givors, qui a été magistrat à Lyon, est passé pour le candidat de la seconde option. Intolérable pour les militants de droite qui travaillent au local et estiment que la voie « centriste » est la meilleure pour séduire les Lyonnais. Cette voie étant aussi celle du socialiste Gérard Collomb.

Pendant la soirée électorale de ce second tour, les observateurs ont ainsi sifflé que la campagne serait certainement moins « trépidante » qu’avec une opposition frontale entre un Georges Fenech remonté à bloc et un Gérard Collomb vissé à son siège.

Michel Havard, enfin adoubé, a pour sa part voulu tourner la page de cette primaire, qui n’a été selon lui qu’une « compétition », quand le véritable « combat » est à venir. Contre, justement, l’actuel maire socialiste.

Mais le conseiller municipal qui a perdu son siège de député aux élections législatives de juin dernier sait aujourd’hui qu’il n’est pas considéré, par nombre de cadres UMP, comme le bon candidat. Comme celui qui, par sa combattivité, peut espérer gagner Lyon.


#Georges Fenech

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