Georges Fenech au soir du premier tour de la primaire UMP à Lyon (le 2 juin 2013). Crédit : Ugo Moret/Rue89Lyon.
Sorti en tête avec 40 % des voix mais seulement 230 bulletins d’avance, Michel Havard se voit devenir le candidat « tiède » (selon un adjectif utilisé par Georges Fenech lors du débat télé), pas assez charismatique, d’une part pour tenir la distance d’une campagne face à Gérard Collomb et, d’autre part, pour espérer l’emporter.
Le conseiller municipal d’opposition doit donc réagir à un coup de théâtre au lendemain du premier vote visant à désigner le candidat de la droite à Lyon, futur adversaire de l’actuel maire PS. Ses collègues de l’opposition municipale, Nora Berra et Emmanuel Hamelin, qui sont sortis penauds de cette primaire avec, respectivement, 9% et 14% des voix, l’ont lâché. Pour se ranger derrière Georges Fenech (lequel a fait 35 % des voix).
L’ancien magistrat peut parader. Michel Havard voit quant à lui dans ces ralliements des tractations « peu honorables » et, même, l’intervention des instances parisiennes, contre laquelle il imagine que les militants de terrain, à Lyon, s’insurgeront.
L’un drague la droite extrême, l’autre les centristes
En attendant, le parti pris de Georges Fenech de verser dans une « droite décomplexée », selon ses termes, de jurer qu’il ne mariera pas les gays s’il devient maire (« d’autres le feront »), dans le but de draguer encore la frange la plus traditionnelle et la plus radicale de son électorat potentiel, semble fonctionner.
Lors du débat télévisé de ce mardi soir, qui a opposé les deux hommes de l’UMP, l’ancien magistrat a, la plupart du temps, mené la danse, avec un discours d’idéologue convaincu et quelques punchlines choisies (« vous n’avez pas le monopole du coeur », a-t-il lancé à Michel Havard). La droite, c’est la droite. Tandis que le conseiller municipal est resté sur sa posture d’homme de dossiers peu bruyant mais laborieux qui, avec son slogan de « droite humaniste », choisit plutôt de se tourner vers « les centristes et les gens de la société civile ».
Georges Fenech n’a pas hésité à appuyer là où ça fait mal, en estimant que l’opposition de Michel Havard avait été bien gentille mais surtout « inaudible », « illisible », depuis huit ans. Et, surtout, en rappelant que le conseiller municipal vient tout juste de perdre son siège de député de la 1ère circonscription du Rhône, lors des élections législatives de juin dernier. Tandis que lui a recouvré le sien, à Givors.
L’argument du spectacle
Quand Michel Havard exhorte les Lyonnais à ne pas donner à l’adversaire socialiste « l’argument du parachutage » (qui avait fait du mal au candidat UMP de 2008, Dominique Perben, écrasé par Gérard Collomb), Georges Fenech répond qu’il est arrivé à Lyon à l’âge de 8 ans, alors que Havard n’était pas encore né.
Dans un style plus assuré, l’ancien magistrat a réussi à tenir le discours que les autres candidats de la droite n’ont même jamais osé formuler : avec Fenech, une vraie droite lyonnaise pourrait se reformer. Avec lui, « Gérard Collomb n’est pas indéboulonnable ». Avec lui :
« Cette campagne, croyez-le, elle va décoiffer ».
Même Myriam Pleynard, la candidate de cette primaire qui a durement atteint le petit chiffre de 1 % des voix dimanche dernier, qui avait par ailleurs basé son propos sur des réformes sociales, s’est rangée derrière le très sécuritaire député.
Si l’on envisage un report mécanique des voix au second tour de cette élection, Georges Fenech pourrait l’emporter. Reste donc à Michel Havard, face à une telle hargne, à conserver autour de lui les équipes militantes, qui sont principalement allées voter dimanche dernier, et à convaincre celles de ses adversaires.
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