Roland Romeyer, le président du directoire de l’AS Saint-Etienne a déclaré en début de saison que son gardien, Stéphane Ruffier, était une Ferrari et que celui de l’OL, Rémy Vercoutre, était une 2CV.
Monter à la capitale
Pour la dernière finale de la Coupe de la Ligue, les supporters stéphanois ont utilisé différents modes de transport. Certains sont partis en TGV et d’autres en cars. Quelques supporters ont d’ailleurs connu des mésaventures avec ces deux moyens : plusieurs d’entre eux ne sont arrivés qu’au moment de la seconde mi-temps, manquant ainsi le but victorieux de Brandao. Certains sont partis en voiture quand les plus courageux ont ralliés la capitale en vélo.
Pour faire la connexion entre mobilité et sport, football et vélo, finalement, quel meilleur exemple que la ville de Saint-Etienne, terre de football et ancienne cité industrielle du cycle ?
En France, généralement, le fait de « monter » à la Capitale pour les équipes « de province » constitue un attrait tout particulier à ces finales de fin de saison. En termes de sécurité, le voyage s’accompagne de contraintes obligatoires qui encadrent ces trajets de supporters, à travers une logistique bien huilée et tout à la fois chaotique : bus escortés, cordons de sécurité, accès réglementés autour du stade, fouilles systématiques, etc.
Le retour de match peut être festif ou bien terriblement déprimant. Le trajet constituant à chaque fois un sas de décompression avant le retour parfois dur à la réalité. Les Stéphanois ont connu la semaine dernière les frissons de la fête de la victoire, au retour de la finale.
A l’occasion de ce match, le symbolisme a été poussé jusqu’à son paroxysme : une semaine pour rallier Saint-Etienne et Paris, rassemblement autour de 42 privilégiés, défilé et acclamation au moment de leur passage dans certaines villes et à Paris, tour de stade avant la finale… Les plus chambreurs pourront dire que, cette fois, les Stéphanois ont pris la peine de défiler avant le match plutôt qu’après une défaite comme ce fut le cas sur les Champs Elysée en 1976.
Après 30 ans de disette, le plaisir d’aller chez l’adversaire
A l’heure où se profile l’un des derbys des plus passionnants et des plus serrés de ces dernières années, le meilleur moyen de faire retomber quelques tensions serait peut-être de lier sport et déplacements de supporters.
Conçue comme un lien entre les deux cités plutôt que renforçant les rivalités, la célèbre course à pied Sainté-Lyon permet, par exemple, de faire du sport tout en se déplaçant. Il faudrait peut-être inventer une version pour les veilles de derby, comme cela se faisait pour certains matchs entre Nice et Monaco où les supporters ralliaient parfois les deux villes (distante de 21 kilomètres) à pied…
Concernant la ferveur populaire, les supporters verts s’en sont donc donnés à cœur joie le week-end dernier, que ce soit sur la route, sur les aires d’autoroutes, dans les gares, à Paris ou dans le centre ville de Saint-Etienne.
La mobilité, à travers les infrastructures et les réseaux qui la permettent, faisait intégralement d’ailleurs partie du spectacle : klaxons sur la route, écharpes et drapeaux brandis, festivités sur les aires d’autoroute, parkings, stations de métro, de RER ou gares. L’engouement était à la hauteur de l’attente suscitée par plus de trente années de disette.
Retour victorieux des verts à Saint-Etienne, sur RMCSportChannel.
Tribunes surchauffées ou canapé mou
Aujourd’hui les spectacles sportifs télévisuels et virtuels se sont énormément développés, en même temps que leur accessibilité s’est réduite. Les opérateurs en profitent et il ne reste plus beaucoup de sports diffusables gratuitement (il paraîtrait que même le Tour de France pourrait bientôt se retrouver sur des chaînes « à péage », tout un symbole).
Ainsi aujourd’hui, de plus en plus de passionnés, voire de supporters, sont contraints de s’enfermer devant leur télé pour se gaver de foot le week-end et quelques soirs par semaine. Face à cette diffusion dématérialisée du sport en temps réel, sur des créneaux de plus en plus étalés, certains en oublieraient presque le plaisir de se rendre sur place.
C’est ne pas se rendre compte finalement des progrès réalisés en France ces trente dernières années en termes d’infrastructures, comme l’atteste à l’occasion du week-end dernier la possibilité de déplacer littéralement tout un stade vers la capitale en quelques heures via de multiples moyens de transports (malgré bien sûr quelques couacs évoqués plus haut). Cela n’aurait sans doute pas été possible dans les années 1970…
Bon derby à tous !
Par Sébastien Gardon, enseignant chercheur en Sciences Politiques et co-auteur du blog Mobile Home sur Rue89Lyon.
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