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En Italie, trois morts de la crise ou "trois suicides politiques"

Blog / Un couple de la région des Marches dans le centre de l’Italie s’est donné la mort en raison de ses difficultés financières. Le frère de la femme s’est jeté à la mer en apprenant la nouvelle. Trois morts en temps de crise et une classe politique italienne se retrouve face à ses responsabilités.

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SUICIDI MARCHE: FUNERALI A CIVITANOVA

Ils ne s’en sortaient plus et par dignité ils ne voulaient plus demander d’aide. Drame de la crise, un couple de sexagénaire, s’est suicidé vendredi dernier à Civitanova dans la région des Marches. Romeo Dionisi, était une des nombreuses victimes de la récente réforme du travail qui le laissait à 62 ans sans indemnité de chômage et sans droit à la retraite. Son épouse, Anna Maria Sopranzi âgée de 68 ans touchait une modique pension de 500 euros. Giuseppe Sopranzi, 73 ans s’est jeté à la mer en apprenant la mort de sa sœur et de son beau-frère. Italie, 2013, terre malade ?

Ils avaient honte. Honte de leurs difficultés à résoudre des problèmes économiques. Dans une note laissée devant leur garage et indiquant l’endroit où retrouver leurs corps, ils s’excusaient de leur geste. Mais pour Marco Politi du Fatto Quotidiano :

« C’est la classe politique qui devrait avoir honte. Cette classe tellement autocentrée et embourbée dans ses gargarisme télévisés et ses tweets narcissiques qu’elle ne voit même pas le désespoir monter en Italie. »

Même remarque chez le journaliste de l’Unità, Guglielmo Epifani :

« Le drame de Civitanova dans les Marches, dans leur désespérée et cruelle réalité, ne représentent pas seulement une photographie parmi tant d’autres de la situation du pays tiraillé entre une crise très longue et l’absence de réponse…

Et si nous savons tous aujourd’hui à quel point cette crise, jour après jour, nous appauvrie, nous rend tous plus inégaux, nous retire le travail, les revenus, la confiance, à chaque fois, des drames comme celui-ci posent la question de la responsabilité publique et politique, le dos au mur, posant le problème du que faire de manière inéluctable. »

 

« Meurtre d’Etat »

Entre sifflets et applaudissements, la Présidente de la Chambre des députés, Laura Boldrini s’est rendue samedi aux obsèques des trois suicidés. Certains ont même crié « meurtre d’Etat », alors que se tenait une réunion en souvenir des défunts. « Assassins, il s’agit de trois suicides politiques », continue à hurler la foule amassée devant l’église San Pietro et Paolo de Civitanova.

Des tensions dont se seraient bien passées les familles. « La Boldrini aurait mieux fait de ne pas venir », a par ailleurs déclaré la soeur d’Anna Maria  et Giuseppe Sopranzi. Mais pour la présidente de la Chambre qui était dans les Marches quand elle a appris la nouvelle, « il était impensable de ne pas être présente, c’est un drame qui a bouleversé tout le pays ».

Dans la vidéo, un homme dans la foule crie : « Honte ! combien de personnes vont encore devoir mourir ? »
Avec la crise, un taux de chômage passé de 7,9% en 2009 à 10,9% en 2012 et l’apparition de nouveaux pauvres, les Italiens se posent vraiment la question.


#Italie

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