Hugo Lautissier/Rue89Lyon
« Je ne sais pas s’il y a vraiment une patte française. En tout cas, pour moi il n’y a pas vraiment de concurrence, mais plutôt trois façons de faire des films.
D’un côté les Américains et les gros studios ; le cinéma japonnais qui est très important dans le monde de l’animation ; et pour ce qui est de la France, c’est encore une autre façon de réaliser, avec souvent des partis pris très artistiques et un héritage culturel très fort. »
Rue89Lyon : Comment expliquez-vous le succès d’Ernest et Celestine ?
Benjamin Renner : Je ne saurais pas l’expliquer. Il y avait un vrai enthousiasme de l’équipe pour faire le film, on l’a fait avec beaucoup de plaisir. Pour ce qui est du succès, on ne peut jamais l’anticiper à l’avance. On avait plutôt tendance à se protéger d’un éventuel échec. On pensait que ça ne marcherait pas, on était d’autant plus heureux de voir que ce n’était pas le cas.
Comment s’est organisé votre travail de réalisation pour adapter le scénario de Daniel Pennac ? Qu’elles ont été les principales difficultés ?
C’est quelqu’un d’assez littéraire qui fait beaucoup usage des descriptions, ce qui n’est pas forcément évident à mettre en scène. Mais ça s’est très bien passé, il est très ouvert, c’était une relation de travail idéale. Les deux coréalisateurs sont arrivés un peu après que j’ai commencé sur le projet, pour me seconder. J’ai travaillé sur tout le côté artistique et ils m’ont donné un coup de main sur la partie narrative du film.
Comment la France arrive-t-elle à se démarquer des gros studios américains comme Pixar ?
Je ne sais pas s’il y a vraiment une patte française. En tout cas, pour moi il n’y a pas vraiment de concurrence, mais plutôt trois façons de faire des films. D’un côté les Américains et les gros studios ; le cinéma japonnais qui est très important dans le monde de l’animation ; et pour ce qui est de la France, c’est encore une autre façon de réaliser, avec souvent des partis pris très artistiques et un héritage culturel très fort que les réalisateurs essaient de faire vivre à travers le cinéma.
Ce côté artistique et presque artisanal de l’animation à la française est-il en train de disparaître du paysage du cinéma dit traditionnel ? L’animation est-elle encore un terrain vierge pour les jeunes réalisateurs ?
C’est sûr que c’est un espace de liberté, mais je ne pense pas qu’on puisse dire que le cinéma français prenne une direction ou une autre. Quand je vois Tomboy de Célinne Sciamma l’année dernière, ou Camille redouble de Noémie Lvovsky, ça reste des merveilles super originales qui n’ont rien avoir à ce qui peut se faire ailleurs. C’est du cinéma très modeste mais qui, pourtant, se démarque vraiment de ce qu’on peut trouver. C’est un peu la même chose dans l’animation, on n’a pas des moyens excessifs, mais on va réussir à raconter des histoires et à trouver les moyens pour le faire.
Vous étiez à New York en début de semaine pour assurer la promotion du film Ernest et Célestine, le film s’exporte-t-il à l’étranger ?
En Europe, le film a eu beaucoup de succès en Belgique, en Suisse et au Luxembourg. Pour ce qui est des États-Unis, la première projection avait lieu il y a quelques jours, c’est beaucoup trop tôt pour savoir ce que sera son avenir là-bas. Je ne me fais pas trop d’illusions, mais espérons que le film aura l’occasion de toucher les gens.
Le forum Cartoon Movie, c’est l’occasion pour les réalisateurs de rencontrer des producteurs, des diffuseurs ou des partenaires éventuels. Avez-vous de nouveaux projets dans vos valises. Avez-vous été approché ?
Pour le moment, je n’ai pas encore assez de projets aboutis pour pouvoir les présenter. Je suis vraiment venu ici pour découvrir ce qui se faisait, faire quelques master classes. Il y a vraiment des beaux projets en cours, j’espère qu’ils arriveront à voir le jour.
Ernest et Célestine Bande annonce du film
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