Django Unchained de Quentin Tarantino
Dans la grande tradition de l’Académie, le film le plus audacieux, hardcore et cinématographiquement jouissif de la compétition devrait normalement repartir bredouille, ou avec l’Oscar du meilleur scénario dans le meilleur des cas. Mais c’est pas gagné.
Lincoln de Steven Spielberg
Voilà, c’est comme ça qu’il faut évoquer l’esclavage, Quentin : avec des hommes politiques blancs qui s’indignent sous leur chapeau mou. En toute honnêteté, c’est de la belle ouvrage, avec de grands acteurs bénis de dialogues affûtés, sous l’œil attendrissant d’un Spielberg en plein trip “Aaron Sorkin en costumes“. Les scènes défilent, toutes plus virtuoses les unes que les autres, mais pour tout dire, on s’en fout. Ça ne touche pas. J’ai tout juste retenu qu’Abraham aimait bien raconter des histoires drôles.
The Master de Paul Thomas Anderson
Grosso modo le même problème que le film précédent : c’est bien filmé, superbement dirigé, monté à la perfection sur la partition impeccable de Johnny Greenwood, avec en sus un scénario bien retors aux multiples degrés de lecture. Mais on s’en fout. Le temps s’y fait de plus en plus long, le film aurait pu durer une heure de plus ou de moins sans que les enjeux n’en soient affectés plus que ça. A un moment, tu te dis “tiens, Anderson fusionne ses styles de There will be blood et de Punch-drunk love, c’est ouf“, puis t’oublies.
Les Bêtes du Sud Sauvage de Behn Zeitlin
Un premier film avec des noirs pouilleux en Louisiane et des cochons géants ? Je ne sais pas si t’as vu qui t’avais en face de toi, Behn, mais je serais toi, je me ferais tout petit et je serais déjà bien content d’être invité.
L’odyssée de Pi d’Ang Lee
Un indien super croyant sur une barque, un tigre numérique, de l’eau, la vie. Et qué s’appelerio Quézac.
Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow / Argo de Ben Affleck
Un joli diptyque sur le thème “La CIA, c’est avant tout des hommes et des femmes qui bossent dur”, avec plein d’acteurs super concernés qui font la gueule dans des bureaux, s’engueulent sur la stratégie, balancent des gros mots (hi hi) pour appuyer leurs démonstrations décisives, le tout pour la mère patrie. Les Etats-Unis peuvent dormir tranquille : même quand ce bâtard d’Obama les empêche de torturer comme ils le veulent, les filles et les gars de l’Agence sont quand même super forts et intelligents. Petite mention spéciale à Kathryn Bigelow, qui sait tenir une caméra même lorsqu’elle doit filmer des bureaux gris remplis de seconds rôles à moumoute pendant près de deux heures. Après le spectaculaire hold-up de Ben Affleck aux Gloden Globes, tout est malheureusement possible.
Amour de Michael Haneke
Sans un jury présidé par Isabelle Huppert, ça risque d’être compliqué.
Happiness Therapy de David O. Russell
Sur le papier, c’est une machine de guerre : l’adaptation d’un best-seller générationnel par le réal’ de Fighter, avec la star de Hunger Games ($$$), la star des Very Bad Trip ($$$) et Robert de Niro (€ ?). A l’écran, ça donne un mélo dépressif sous Tranxène, construit pour faire bailler poliment les spectateurs endurcis du festival de Sundance. Son seul avantage, par rapport à ses concurrents oscarisables, est d’être le film le plus court (2h02).
Les Misérables de Tom Hooper
Pour quiconque est un minimum cinéphile, mélomane ou réfractaire aux codes de Broadway, on n’est pas loin de la torture. Ça chante tout le temps, pas souvent juste (pour avoir une idée de la performance de Russell Crowe, imaginez donc Clovis Cornillac contraint de chanter Caruso sous la menace d’une arme), avec plein de plans tout moches en courte focale pour assurer les transitions. Oui, au bout d’une demi-heure, Anne Hathaway, telle une Susan Boyle anémique, donne tout ce qu’elle a en chantant merveilleusement I dreamed a dream. Mais c’est tout.
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