Images de synthèse et pointeur laser rouge à l’appui, Gérard Collomb, Régis Marcon, le chef étoilé, Bernard Vitiello, le directeur représentant du partenaire financier Eiffage, ainsi qu’Albert Constantin, architecte à la manoeuvre, se sont succédés à l’estrade pour faire un topo didactique du projet de Cité de la gastronomie telle que la rêve donc Lyon.
Jacotte et l’hôtel 5 étoiles ne seront pas loin
On n’aura pas échappé à d’autres poncifs concernant ce qu’on appelle les lyonnaiseries. Régis Marcon, menant la danse sur la dimension gastronomique et conviviale du projet, s’est d’abord excusé de ne pas être lyonnais, mais n’a pas manqué de remercier le réseau des Toques blanches qui fait la pluie et le beau temps sur le milieu de la cuisine lyonnaise, en bonne descendance de Paul Bocuse. Tous étaient présents et en rang d’oignons.
« Jacotte, tu seras à la Cité de la gastronomie! » a lancé le cuisinier de Saint-Bonnet-le-Froid en direction de la fameuse mère Brazier, assise au premier rang.
Retirée de la profession mais icône vivante du pot de Côte et du fond d’artichaut foie gras, elle a affiché son soutien au même titre que les élus UMP d’opposition de Gérard Collomb, Michel Havard et Denis Broliquier. Tous ont écouté sagement la description ultra didactique du dossier, montrant un « parcours du goût », une salle de conférence, des restaurants sur 3000m2. Et même un aspect « web 2.0 » (on peut donc espérer que le wifi sera accessible à la Cité de la gastronomie), et « réseaux sociaux » selon le dossier projeté sur l’écran… Pas d’envolée lyrique ni d’innovation futuriste, donc, du sérieux et du pragmatique : un projet à la papa, tel que le voulait Gérard Collomb.
Car le maire a bien insisté sur la solidité économique du dossier. La Ville doit prendre en charge les 3 millions d’aménagement de cette Cité. Restent dont 15 millions d’euros que coûte la partie immobilier du projet, à laquelle la Ville participe également à hauteur environ de 3 ou 4 autres millions d’euros. Même somme pour Eiffage, qui se porte garant du financement du reste du projet, avec des partenaires privés que la société aurait donc déjà pêchée. « Au moins une bonne demi-douzaine » se seraient déjà déclarés fortement intéressés, affirme Bernard Vitiello, chargé de l’opération chez Eiffage.
En s’appuyant sur le nombre de visiteurs réalisé par de grandes institutions lyonnaises, telles que le musée d’art contemporain pour ses grandes expos, Gérard Collomb estime que la Cité de la gastronomie ne peut être que rentable. D’autant que l’Hôtel Dieu accueillera également dans son projet de reconversion le premier hôtel 5 étoiles de la ville. La Cité de la gastronomie version lyonnaise s’appuie donc sur des principes économiques classiques de l’hôtellerie-restauration française, et peut-être que le gouvernement n’attend pas autre chose.
Le prix de la tambouille politique
En face, restent encore Tours, Rungis. Mais aussi Dijon. Laquelle bourguignonne a présenté un projet atteignant les 55 millions d’euros. Et jusqu’à 60 millions d’euros pour Beaune.
« Faramineux. L’Etat ne peut pas valider des projets avec des budgets aussi importants et prendre le risque de ne jamais les voir se réaliser », estime un des collaborateurs du projet lyonnais.
Mais si Gérard Collomb avance avec l’assurance d’avoir présenté le dossier le mieux ficelé et le plus sérieux, il lui reste à batailler sur le terrain politique. En face, son principal challenger est François Rebsamen, maire socialiste de Dijon, avec lequel il partage par ailleurs de nombreux points de vue.
François Rebsamen a été secrétaire national du parti socialiste, avant Martine Aubry, et son travail de lobbying auprès du gouvernement pourrait être très efficace, si l’on considère les liens qu’il entretient avec le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll. Ce dernier sera avec Aurélie Filipetti le décisionnaire final. Pour la candidature de Rungis, c’est Bertrand Delanoë, maire socialiste de Paris, qui fait peser son poids.
Jean Germain à la tête de la ville Tours, est, comme les deux autres maires, sénateur socialiste. Alain Suguenot, maire UMP de Beaune, espère évidemment que le choix ne sera pas politique. Gérard Collomb, lui, avait calmement déclaré au Progrès que, si la décision devait être politique, il n’imaginait pas qu’elle puisse être contre lui. Pas de langue de bois et pas plus de complexe vis-à-vis du processus, pour le maire lyonnais. S’il gagne, ce sera un nouveau grand oeuvre qu’il pourra promettre aux Lyonnais pendant la campagne municipale qui se prépare.
Lyon, cité internationale de la gastronomie par GerardCollomb
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