«On est dans l’irresponsabilité totale. La loi sur la protection des sources visait à assainir les sources policières en encadrant ces pratiques, mais aussi en garantissant aux aviseurs un anonymat total, la certitude que leur nom n’apparaîtrait jamais. Dactylographier ces échanges sur PV, c’est comme introduire une balle dans un canon.»
Ce sont les mots confiés à Libération par l’avocat d’un des indicateurs concernés par cet outing qui pourrait avoir de lourdes conséquences. Un de ses confrères, un pénaliste lyonnais non concerné directement par l’affaire Neyret, aurait apporté à un de ses clients détenu à la prison de Corbas plusieurs procès verbaux rapportant des auditions devant magistrats et des retranscriptions d’écoutes téléphoniques. Désormais, des copies de ces PV circulent dans la nature, annotées, avec des croix marquées devant les noms des indics.
« Poucave »
Un agent immobilier, deux jeunes hommes fréquentant une mosquée salafiste, et un ancien braqueur reconverti en commerçant à Lyon. Ils sont quatre et leurs noms sont désormais connus de nombreuses personnes, à l’intérieur des prisons mais aussi à l’extérieur, qui pourraient ressentir l’envie de régler des comptes. L’un d’eux, actuellement incarcéré, se serait fait malmener dans la cour de la prison et traiter de « poucave ».
L’affaire de l’ex-meilleur flic de France, mis en examen pour, notamment, corruption trafic de drogue, et révoqué par Manuel Valls il y a quelques jours, continue de faire des vagues.
Le procureur de la République à Lyon n’a pas souhaité s’exprimer lundi sur le dossier. Gabriel Versini, avocat de Michel Neyret, a, lui, laissé échapper sa colère, expliquant que depuis douze ans qu’il exerce, il n’a « jamais vu ça ».
L’avocat de l’agent immobilier/indicateur est inquiet :
«On mise sur un apaisement, l’oubli, ajoute l’avocat. Mais, chaque matin, il regarde s’il n’y a personne devant chez lui.»
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