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Grève aux HCL : "à l'hôpital de la Croix-Rousse, le stress est terrible"

Près de 150 employés des Hospices Civils de Lyon (HCL) ont manifesté ce jeudi. Motif : la suppression d’emplois qui mettrait en danger selon les syndicats la sécurité des patients. Exemple avec l’hôpital de la Croix-Rousse qui rencontre le plus fort taux d’absentéisme de tous les HCL (12%), où 24 postes de contractuels ont été supprimés fin août et où la mobilisation a été la plus forte ce jeudi. (Mis à jour)

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“Soyons clair, les infirmières ne sont absolument pas concernées par les suppressions de poste.”

Daniel Moinard, directeur général des HCL,s’exprimait ainsi il y a un an, le 5 juillet 2011, sur le paradoxe apparent entre la suppression de 1000 postes dans le cadre du plan de retour à l’équilibre 2009-2013 (200 postes par an) au sein de la structure publique et le lancement d’une campagne de recrutement d’infirmières.

Un an plus tard, certaines personnes recrutées par ce biais et ayant enchaînées plusieurs CDDs se voient désormais remerciées, comme dans le service de néo-natalité où deux infirmières ont été formées mais ne seront pas embauchées au terme de leurs CDDs, selon des membres du personnel soignant.

En cause ? Le déficit du compte principal des HCL d’un montant de 45 millions d’euros en 2011. Des dettes dues notamment à la construction de l’hôpital femme-mère-enfant (HFME) de Bron qui aurait coûté 48 % de plus que prévu.

La Croix-Rousse : pilote sur la restriction

45 millions par rapport aux 94 millions d’euros de déficit en 2008, c’est un peu mieux, mais apparemment pas assez pour ralentir le calendrier du plan de retour à l’équilibre étalé de 2009 à 2013.

Julien Samson, directeur général adjoint des HCL relativise la suppression de 200 postes par an :

« Nous avons une politique de maîtrise de la masse salariale et de réorganisation des services. On comprend que cela suscite l’inquiétude mais nous avons recruté 600 infirmières sur les 15 derniers mois. »

Mais selon les syndicats de l’hôpital de la Croix-Rousse, l’entrée dans cette dernière phase du plan de redressement va de pair avec une accélération du non renouvellement de contrats. Pour preuve, les 24 postes de contractuels non renouvelés fin août. Des contrats qui, comme le précise Julien Samson « ont une durée déterminée ». Et c’est exactement ce que contestent les syndicats en ce jeudi de mobilisation.

Arlette Couzon du syndicat Sud à l’hôpital de la Croix-Rousse explique :

“On pense que la Croix-Rousse est un établissement pilote sur les politiques de restriction et de mobilité des personnels. 24 postes ont été supprimés fin août malgré l’augmentation de 5% de l’activité cette année. A croire que l’établissement veut prendre de l’avance.”

Or, ce que pointent les syndicats, ce sont les soins pratiqués à la chaîne, le manque de personnel déplacé d’un service à un autre selon les besoins. En somme,“hygiène et sécurité » seraient « remises en question”.

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Le personnel soignant de l’hôpital de la Croix-Rousse en assemblée générale le 13 septembre dernier, A.C

En néonat’, « la fatigue et le stress »

“C’est le jour où on fera une erreur qu’ils se rendront compte des problèmes.”

Visage poupon, Bénédicte, 24 ans, infirmière stagiaire depuis 10 mois dans le service de “réa-néonat” est venue assister à l’assemblée du personnel du jeudi 13 septembre organisée par la CGT et Sud en vue de la grève.

La jeune soignante, dont c’est le premier poste, raconte le quotidien dans son service :

“La réa, les soins intensifs et la néonat sont des services normés, c’est-à-dire qu’il faut un nombre précis d’infirmières pour un certain nombre de lits. En néonat on est censé être 15 infirmières et 2 auxiliaires puéricultrices pour 45 bébés. Or au mois d’août on était souvent 14, voire même 13 infirmières. Dans un service quasiment tout le temps plein. Imaginez la fatigue et le stress, c’est terrible.”

Sur ce dernier point, la direction de la Croix-Rousse a assuré qu’une étude était en cours afin de déterminer si oui ou non il y a bien eu un manque de personnel dans ce service réglementé.

Priorité aux titulaires

Et c’est donc pour “défendre l’hôpital public” que les syndicats de l’hôpital de la Croix-Rousse tentent de mobiliser le personnel soignant depuis le début du mois de septembre.

Fin août, les employés ont en effet découvert des mesures prises par la direction “à la va-vite” selon les syndicats. Catherine Bonnet, sage-femme et membre de la CGT Croix-Rousse raconte :

“Le 23 août l’hôpital s’est rendu compte que cinq médecins quittaient le service d’hépatho-gastroentérologie pour aller dans le privé. Sans eux, impossible de garder le service ouvert. Le personnel a donc été recasé au petit bonheur la chance et 24 contrats de contractuels ont été supprimés dans plusieurs services. Certaines personnes qui travaillaient ici depuis des mois ont été prévenues au dernier moment.”

L’hôpital ne nie pas l’urgence dans la prise de décision. Mais sa directrice, Danielle Herbelet, se repose sur “l’enveloppe budgétaire consacrée aux contractuels” :

“En juin dernier nous avons en effet appris le départ de plusieurs médecins de ce service. Nous avons dû le fermer ainsi que 9 lits dans l’unité semaine. Au total : 20 agents à recaser. Et dans ces cas-là, nous donnons donc la priorité aux titulaires : nous dépassions largement l’enveloppe annuelle réservée à l’embauche de contractuels.”

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Le personnel de l’hôpital de la Croix-Rousse vote la grève du jeudi 20 septembre, A.C

La directrice assure tout de même que la sécurité « passe avant les objectifs à atteindre ». Mais le personnel semble mal vivre cette situation de “travail à flux tendu”. En effet, Catherine Bonnet de la CGT met en avant un taux de 12% d’absentéisme au sein du personnel, le plus fort au sein des structures des HCL.

“Le problème c’est que les gens qui travaillent sans cesse finissent par s’arrêter.”

Selon la directrice de la Croix-Rousse, un audit sur le problème de l’absentéisme est lancé depuis quatre mois sur l’ensemble des HCL. Quant aux RTT : ils sont simplement « supprimés » disent les syndicats. « Les personnes qui ont des comptes d’heures négatifs peuvent être rappelées même si elles sont en congé », répond la direction.

Mardi, une vingtaine d’agents d’entretien était réunis devant les grilles de l’hôpital Edouard Herriot pour contester la suppression d’une quinzaine de postes de contractuels selon Marie-Christine Pernin du syndicat Sud, et l’externalisation à un prestataire privé du service d’entretien à partir de l’automne.
Les personnels de l’hôpital Edouard-Herriot, de l’hôpital Henry-Gabriel mobilisé depuis le mois de juillet et de l’hôpital de la Croix-Rousse se rendent ce jeudi à la direction générale des HCL où une délégation devrait être reçue.

Sans doute un signe des difficultés financières de l’établissement, depuis le 6 août dernier, le parking visiteurs de l’hôpital de la Croix-Rousse est payant. Pour « éviter le stationnement sauvage », indique le site internet de l’établissement.

13,68% de grévistes à la Croix-Rousse, 2,99% sur les HCL

Ce jeudi 150 employés des HCL ont manifesté devant le siège de l’établissement public, quai des Célestins. Une petite délégation a été reçu par le secrétaire général à 8H30. Selon les syndicats, « c’est toujours le même discours ». L’hôpital de la Croix-Rousse a enregistré le taux de grévistes le plus important à savoir 13,68% contre 2,99% sur l’ensemble des établissements des HCL. Mercredi les syndicats ont rencontré la direction de l’hôpital de la Croix-Rousse qui leur a indiqué un sur-effectif d’encore 40 postes ainsi que la « privatisation de l’entretien ».

Un projet assumé par la direction générale, Julien Samson, directeur général adjoint des HCL :

« Cela permet de concentrer nos efforts sur ce qui est notre spécialité. Notre responsabilité est de faire tourner l’établissement, poursuivre les réformes et trouver un équilibre, or 28 euros du mètre carré en interne (nettoyage réalisé par du personnel public NDLR) contre 15 euros du mètre carré en externe (entretien confié à un gestionnaire privée NDLR)… »

> Mise à jour effectuée le 20 septembre à 19H10

©PHOTOPQR/LE PROGRES/PHILIPPON JOEL ;LYON LE 30/09/2003 URGENCES HOPITAL

 

 


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