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Expulsion de Roms : "Valls fait place nette avant sa venue à Lyon"

Coïncidence ? Ce jeudi matin environ 80 personnes, dont une grande majorité de Roms, ont été évacuées d’un jardin public, place Carnot, au coeur de Lyon, tandis que 200 passagers environ s’en allaient prendre un charter pour la Roumanie. Le tout ayant été programmé à la veille de la venue du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls.

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Sans-abri REUNIS PLACE CARNOT A LYON A 10 mètres du CENTRE DE PERRACHE

Place Carnot, le 10 juillet. Des familles ont dormi dans le jardin public après l’expulsion du squat de Perrache. ©Richard Mouillaud / Maxppp.

Depuis le début du mois de juillet, place Carnot, entre 50 et 80 personnes campent la nuit dans un petit jardin public, et enlève les tentes à six heures du matin quand l’arrosage public se met en route. La plupart d’entre eux avaient déjà été expulsés d’un squat situé à deux pas de là, sous la gare Perrache. Ce matin, on leur a demandé de partir. Et la veille, c’est le maire du 2è arrondissement, Denis Broliquier (divers droite), qui avait envoyé un courrier à Manuel Valls en vue de sa visite lyonnaise vendredi, pour lui demander l’évacuation de cette place située en plein quartier huppé. Il l’avait invité à venir place Carnot constater l’existence du campement :

« Cette place située en plein coeur de notre ville, à la sortie de la gare, et par laquelle transitent des milliers de personnes chaque jour est squattée depuis le début de l’été par des groupes d’individus et familles demandeurs d’asiles, Roms… (…) Des personnes âgées, des femmes enceintes, des enfants en bas âge vivent ici pour certains depuis deux mois au vu et au su de tous, dans la plus grande précarité. »

Ce jeudi matin, à 8 heures, le préfet du Rhône lui-même, Jean-François Carenco, a tenu à superviser l’évacuation de ce campement situé en plein centre-ville. Sous pression.
Réagissant dans la matinée de l’expulsion, Denis Broliquier a voulu montrer qu’il n’était pas dupe :

« Je ne peux pas me satisfaire d’une intervention comme par magie la veille de la venue du Ministre. (…) Je veux des garanties qu’à Carnot ou ailleurs à Lyon, l’Etat et la ville ne laisseront plus s’installer de tels campements de fortune ».

Pour une fois, le maire divers droite, les militants associatifs et les habitants présents auprès des campeurs, partagent la même analyse. Pour un des habitants du quartier, Michel Jouard, il n’y a pas de doute :

« C’est une expulsion pour préparer la venue de Manuel Valls. Un nettoyage décidé par le préfet pour faire place nette avant le déplacement du ministre ».

Armand Creus et Nawel Bab-Hamed, élus Front de gauche de Lyon, évoque, dans une communiqué de presse une « visite [qui] tombe à pic pour procéder au « nettoyage » de la place ».

 

Une expulsion, des relogements et un charter

Interrogé par l’AFP (via lepoint.fr), le préfet du Rhône a refusé de voir une quelconque coïncidence, en expliquant que l’évacuation été liée au charter pour la Roumanie qui a décollé ce jeudi.
Pourtant, veille d’une visite ministérielle, le préfet a pu se féliciter de mettre en oeuvre une expulsion « sociale » qui ferait plaisir à un gouvernement de gauche : contrairement aux autres expulsions, comme celle qui s’est déroulée à Saint-Priest, la préfecture du Rhône a travaillé avec l’association Forum Réfugiés pour reloger les squatteurs.
Au total, selon le directeur de cette association, Jean-François Ploquin, ce sont vingt-quatre personnes (sur les 80) qui dormiront à l’abri, soit à l’hôtel, soit dans des centres d’hébergement d’urgence :

« S’il n’y avait pas eu cette mesure d’ordre public, tous n’auraient pas été pris en charge aussi rapidement ».

Ces vingt-quatre personnes ne sont pas roumaines et ont déposé une demande d’asile. Ils sont originaires des Balkans (Albanie, Bosnie, Macédoine et Kosovo) et sont, pour la plupart, Roms. C’est au titre de la demande d’asile qu’elles sont hébergées le temps que leurs dossiers de demandes d’asile soit examiné.
Une vingtaine d’autres Roms ont accepté l’ »aide au retour volontaire » et ont décollé en fin de matinée en direction de la Roumanie ou de la Macédoine.
Selon les habitants qui intervenaient auprès d’eux, plus d’une dizaine de personnes reste à la rue, pour la plupart débouté du droit d’asile. Sous le coup d’une obligation de quitter le territoire, un adulte et son fils ont également été arrêtés par la police aux frontières.

Ce jeudi soir, le conseiller régional Front de gauche, Armand Creus, témoigne de la présence, place Carnot, d’une vingtaine de personnes assises sur des bancs ou par terre, avec « leurs balluchons et leurs couvertures » :

« Ce sont plusieurs familles avec de très jeunes enfants. Elles étaient toutes dans le campement jusqu’à ce matin. Elles sont parties avant l’arrivée de la police et ce soir elles reviennent. Elles n’ont nulle part où aller ».

> Article mis à jour le 13 septembre à 19h38 avec le témoignage du conseiller régional Armand Creus.


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