[Article mis à jour] Rue89 vient de publier son « cumuloscope », une carte de France qui permet non seulement de repérer les parlementaires socialistes cumulards (soit 150 députés, 81 sénateurs) mais aussi de leur envoyer un petit mot pour les encourager à lâcher l’un de leurs mandats, d’ici le 1er octobre, date imposée par la secrétaire nationale du parti, Martine Aubry.
L’enjeu dépasse largement le PS. Les arguments sont connus. Interdire le cumul des mandats, c’est permettre le renouvellement de la classe politique, avec plus de jeunes, plus de femmes, plus de « diversité ». C’est réduire la concentration des pouvoirs. C’est garantir qu’un élu se consacrera sérieusement à la mission qui lui a été confiée – et à celle-ci seulement.
Pourtant, ces temps-ci, ce sont les contre-arguments qu’on entend le plus au PS. Eux aussi sont connus. Un parlementaire doit rester proche du terrain – une évidence, mais un mandat de président du conseil régional ou de maire est-il nécessaire pour connaître sa circonscription ? La gauche ne doit pas prendre de risque et ferait mieux d’attendre que la loi impose aussi le non-cumul à la droite – à croire que le changement, ce n’est pas maintenant.
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« Aubry a été candidate en 2007 aux législatives, si elle avait été élue, elle serait aujourd’hui députée-maire à Lille et l’idée de cette réforme ne lui aurait sans doute pas traversé l’esprit! »
Les critiques au sein des élus PS sont nombreuses et salées concernant cette règle relative au cumul des mandats, qui existe déjà depuis 2010 et récemment rappelée à tous par la secrétaire nationale. Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon, a depuis longtemps donné son avis sur la question : il est pour le cumul.
Pendant la campagne législative de 2012, il avait déclaré, à peine ironique, être non seulement favorable au cumul mais aussi pouvoir en devenir un « théoricien ». A l’occasion des salutations de rentrée faites à la presse, le maire de Lyon a assuré qu’il ne tombait pas sous le coup des règles (toutes ne semblant pas encore tout à fait figées…) de ce rappel à l’ordre. Et a de nouveau pris en exemple le modèle allemand, en ces termes :
« Il y a le Bundestag d’un côté où il n’y a pas de cumul de mandats mais de l’autre côté il y a le Bundesrat où les collectivités locales sont présentes de droit et où les textes qui concernent les collectivités locales sont présentés. (…) Si son avis n’est pas positif la loi n’est pas adoptée. C’est un équilibre des pouvoirs qui est totalement différent de la situation française. »
Gérard Collomb prend l’exemple de la future loi sur la décentralisation qui passera devant les sénateurs. Dans l’hypothèse de l’application du non-cumul des mandats, « ce serait hallucinant », pour lui, qu’il n’y ait pas de représentants des collectivités locales au Sénat pour statuer sur l’avenir de leur collectivité. En voilà un qui ne risque pas de donner de nouvelles à son parti d’ici le 1er octobre.
L’UMP local s’attaque à Touraine, adjoint de Gérard Collomb
Trop c’est trop. Des élus UMP à la ville de Lyon se sont énervés ce jeudi 6 septembre sur ce qu’ils appellent « le ravage du cumul des mandats ». Sur le site du groupe municipal composé d’élus de droite Ensemble Pour Lyon, ils ont fustigé l’absence de Jean-Louis Touraine, premier adjoint au maire Gérard Collomb, en charge de la sécurité à une réunion préparatoire au conseil municipal du 17 septembre prochain.
« Aucun conseiller municipal de la majorité n’était présent, à commencer par le président de la commission (Déplacements, Voirie, Sécurité et Ecologie urbaine, ndlr), Jean-LouisTouraine, coutumier pour ses retards.
Aussi à 14h15 face à une incertitude sur l’heure d’arrivée du président retenu à un séminaire dixit son secrétariat, nous avons décidé en tant que seuls membres présents de cette commission d’annuler réglementairement celle-ci et de partir. »
En cause, selon le communiqué, la multiplicité de ses mandats et son activité professionnelle de chef de service à l’hôpital. Pour eux, Jean-Louis Touraine doit démissionner de son poste de 1er adjoint. Un élu socialiste répondait dans la foulée que les élus de l’UMP était » quand même mal placés pour tacler le cumul des mandats qui concerne nombre d’entre eux ».
>Article mis à jour avec les éléments du groupe municipal Ensemble Pour Lyon.
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Tribune sur Rue89Lyon : La promesse de la réforme contre le cumul des mandats doit être tenue
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