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Bartabas fait le spectacle : debout les morts

C’est peu dire que la mort est en pleine forme dans la dernière création de Bartabas, Calacas. Au-dessus de nos têtes, dans notre dos, devant nos yeux, les morts sont partout et triomphent dans un ballet équestre ébouriffant.

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Au Mexique, le mort fait partie du décor, il se trouve au premier rang des peintures de familles comme dans Rêve d’un dimanche après-midi au parc de l’Alameda de Diego Rivera. Et il rit eux éclats. Dents en avant posées sur son corps réduit au squelette (un « calacas » comme on dit en langage familier à Mexico), le mort est à la fête. Bartabas l’a bien compris et s’empare de cette figure pour la marier aux chevaux avec qui il a construit sa carrière et son théâtre, Zingaro, depuis 1985.

Tantôt sous forme de marionnettes, tantôt en apparence humaine (les écuyers revêtent une combinaison ou un masque de squelette), la mort cavale et nous cerne. Car – c’est la grande innovation technique de ce spectacle – Bartabas a construit sa scénographie sur deux niveaux : la traditionnelle piste centrale comme au cirque, et une galerie qui encercle les spectateurs sans cesse pris par surprise dans ce bal en mouvement continu.

L’impression de se trouver au cœur d’un zootrope (invention cylindrique à travers les fentes desquelles une succession d’images se mettent en action) est saisissante, comme si ces vieilles images précédant l’invention du cinématographe prenaient du relief.


Calacas – Zingaro aux Nuits de Fourvière 2012 par NuitsdeFourviere

 

Le cheval… humain

Le joyeux barnum de Bartabas tourne à une vitesse époustouflante et montre des chevaux d’une beauté à couper le souffle, même pour celui qui ne voyait jusque là en cet animal qu’une bonne raison de se rendre dans une boucherie chevaline.

Quand il ne joue pas seul sa partition, le cheval est le partenaire indissociable des acteurs/écuyers qui l’effleurent, rebondissent sur son dos pour mieux s’envoyer dans les airs ou l’accompagnent avec douceur comme lors de ce moment improbable et fantasmagorique où une Calavara Catrina se meut sur une balançoire face au cheval.

Si l’animal majestueux et brillant demeure la star de ce spectacle, il n’est jamais trop impérieux. Bartabas sait aussi le coucher à terre et simplement le regarder respirer, le rendant ainsi… plus humain. Il fait également acte de modestie en ouvrant la scène à quelques dindons, une oie grise et un petit dalmatien docile et étonné.

Enfin, dans ce ballet orchestré au millimètre (avec costumes et lumières impeccables), une grande place est faite aux musiciens. Un duo de percussionnistes français partage la partition avec deux Chiliens, des chinchineros, véritables hommes-orchestre, grosse caisse et cymbale attachées dans le dos. Quatre membres, trois rythmes, ils sont épatant musicalement et physiquement, à l’image de ce spectacle inoubliable.

 

Texte de Nadja Pobel

 

Calacas. Au parc de Parilly, dans le cadre des Nuits de Fourvière. Jusqu’au samedi 21 juillet


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