Une « démarche citoyenne »
Le recours contre le conseil constitutionnel fait donc suite au référé qu’avait déjà déposé le PS avant le premier tour des législatives, sur lequel le juge s’était déclaré « incompétent », tout en condamnant le parti à verser à Thierry Braillard 1500 euros au titre des frais de justice.
Au soir du premier tour, Philippe Meirieu, mis sur la touche, avait montré une grande amertume contre ce scrutin transformé en plébiscite par Gérard Collomb, mais avait toutefois appelé à voter « contre le candidat de la droite ». Depuis, il n’avait plus souhaité parler à la presse. Dans le communiqué des écologistes, la démarche, qu’ils qualifient de « résolument citoyenne » est ainsi détaillée :
« Le recours porte sur la confusion créée par l’utilisation, par Thierry Braillard au premier tour de l’élection législative, du logo et des slogans du Parti Socialiste sur ses bulletins de vote et circulaires électorales, logo et slogans dont seuls Philippe Meirieu et sa suppléante pouvaient se prévaloir.
(…)
Les requérants apportent les preuves des actions entreprises lors de la campagne, de manière systématique et délibérée, et qui ont altéré la sincérité du scrutin. Ils estiment en effet que la démocratie et le débat d’idées doivent pouvoir se vivre sereinement à Lyon. »
Maître en sa demeure
Thierry Braillard, membre du parti radical de gauche, a été largement soutenu par la fédération PS du Rhône et, plus spécialement, par le maire de Lyon Gérard Collomb. Il s’est même adjoint les services d’une socialiste, Gilda Hobert, pour tenir le rôle de la suppléante, exclue du PS en dernière minute avant le second tour de l’élection.
Sur certains de ses documents de campagne, le poing et la rose apparaissaient clairement. Ainsi que la mention spéciale « candidat de la majorité présidentielle », accompagnée d’une fantaisie locale : « soutenu par le maire de Lyon ». Gérard Collomb a en effet pris la pose sur les affiches aux côtés de son adjoint aux sports, transformant cette élection en véritable plébiscite pour sa personne et la politique menée depuis 2001 sur Lyon.
Bingo : Thierry Braillard passe devant Philippe Meirieu à l’issue du premier tour des législatives, puis gagne contre le député UMP sortant, Michel Havard. La campagne a été rude, et quand deux ministres du gouvernement Ayrault viennent à Lyon pour soutenir le candidat « officiel », le comité d’accueil est sportif, formé par des militants socialistes remontés à bloc.
Aujourd’hui, Gérard Collomb a le sentiment de son côté d’avoir « fait le ménage » en réglant leurs comptes aux écologistes, et sait depuis qu’il est aimé en son fief.
« Mauvais perdant »
Pour Thierry Braillard, qui est entré pour la première fois à l’Assemblée nationale la semaine dernière, cette réaction est celle d’un « mauvais perdant » :
« Le point essentiel du premier tour de l’élection, c’est l’écart de voix. Il y en a eu 3000. C’est pas une petite centaine, c’est 3000 voix d’écart entre Meirieu et moi. »
Le député, qui siège au sein du groupe « radical, républicain, démocrate et progressiste », ne comprend pas le recours et soupire :
« C’est la vie politique. La gauche qui attaque la gauche… »
Si son élection était annulée par le conseil constitutionnel qui devrait se prononcer dans le courant de l’automne prochain, une élection devrait alors être ré-organisée, a priori dans le courant du printemps 2013.
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