19 heures. Les militants ont attendu les résultats tout en ayant déjà les premières estimations. Pas de quoi affoler l’électeur. Dans le Rhône, à midi et à 17 heures, les taux de participation étaient en légère baisse par rapport à 2007, mais pas catastrophique au point de parler d’une vaste abstention. Un fil lyonnais à tirer sur Rue89Lyon tout au long de la soirée.
Dans cette campagne présidentielle, les guests socialistes lyonnais ont quitté la ville. Direction Paris. Le maire socialiste Gérard Collomb a voté à 11 heures sous les flashs des photographes et a mis les voiles. Quasi même programme pour son adjointe Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du candidat François Hollande. Au PS, « on prépare les coupes », nous dit-on.
« Rien écouter et rien regarder »
A la fédération de l’UMP, une trentaine de jeunes pop’ s’est réunie. « On s’est pris une grosse branlée dans les DOM-TOM », constate l’un d’eux. Un compagnon de route lui dit qu’il ne faut « rien écouter et rien regarder » avant le résultat final. Un sedonc imagine arriver « des cocos au gouvernement ».
Au Modem, aucune soirée électorale n’a vraiment été prévue. L’un des chefs de file du parti centriste, Eric Lafond, prévoit de serrer des pinces et de commenter les scores directement à la préfecture, après la fermeture du bureau de vote qu’il a tenu aujourd’hui. Globalement, les élus de chacun des partis se diviseront entre la préfecture et les fédérations vers 21 heures, pour la même raison.
Dans le Rhône, le taux de participation à 17 heures était de 72 %, contre un peu plus de 74% en 2007.
« Boucs émissaires »
Sur Twitter, le seul espace politique dans lequel il se donne une place, Azouz Begag estime que « si Marine Le Pen est sur le podium, pendant deux semaines ça va chauffer pour les Musulmans Boucs-émissaires de France. »
« La campagne du second tour s’annonce très crade »
20h15. A l’annonce des estimations à 20 heures passées de quelques minutes, les réactions ont été les mêmes dans les fédérations du Rhône du PS et du FN : cris de joie et applaudissement ont résonné. Au PS, le président de la fédération, Jacky Darne, a le sentiment de retrouver la liesse et la motivation de 1981 (élection de François Mitterrand). Mais pour lui, il faut la jouer profil bas, « se retrousser les manches et taper aux portes » dans cette campagne d’entre deux tours qui s’annonce pour François Hollande.
Au FN, dans le local de Perrache, on est tout aussi heureux : « Mélenchon s’est fait avoir », se réjouit-on.
Romain Blachier, élu socialiste dans le 7è arrondissement, craint « le pire » :
« Avec un score élevé du FN, la campagne du second tour s’annonce très crade. »
Un jeune socialiste, Frédérik, se dit triste de ce score et aurait même préféré « voir un Bayrou à cette place » :
« C’est pas un 1981 mais on évite un 2002 ».
Des larmes au FN
21 heures. Des larmes. De joie. Le président de la fédération du FN a stoppé les applaudissements des militants pour faire un discours qui a donc tiré des larmes à quelques personnes de l’assistance. Pour Christophe Boudot, l’objectif est de faire élire un maximum de députés à l’issue des élections législatives, voire d’avoir « des ministres au gouvernement ». Selon lui, la candidate de l’extrême-droite reste « la seule voix de l’opposition à l’UMPS » :
« Mélenchon n’a pas réussi à nous passer à la guillotine. Il n’a été qu’une bulle médiatique. »
A la fédération de l’UMP, on est surpris. Joyeux et surpris. Michel Forissier, secrétaire fédéral dans le Rhône, n’est pas satisfait que le FN fasse un score si élevé, mais imagine une réserve de voix pour son candidat, Nicolas Sarkozy.
21h30. Du brouhaha à la préfecture, bâtiment qui est aussi habité par le Département : Michel Mercier, président du Rhône et ministre de la Justice, se serait pointé. Censé être centriste, voire bayrouiste, il a soutenu Nicolas Sarkozy. Enfermé dans son bureau, « pas sûr qu’il monte dans la grande salle », nous dit-on.
« Battre la droite populiste »
22h10. Danièle Lebail-Coquet, secrétaire générale du Parti communiste dans le Rhône, représentante du Front de gauche, se réjouit de la défaite de la droite, et se réjouit d’un score à deux chiffres de Mélenchon, bien qu’en deçà des prédictions des sondages. « Maintenant la gauche ne peut pas gagner sans Mélenchon », estime-t-elle avant d’appeler à voter Hollande.
Armand Creus, conseiller régional (Front de gauche), la rejoint :
« Il faut battre la droite populiste qui augmente fortement comme partout en Europe. C’est dommage qu’on ait été les seuls à combattre le Front national. C’est Sarkozy en mettant en oeuvre des pans entiers du programme du FN qui a provoqué ça. »
A la fédération UMP, Yann Compan (candidat aux législatives dans le Rhône), estime que la gauche, en ne faisant pas 45%, n’aura pas le socle suffisant pour gagner au second tour :
« On nous disait que Sarkozy allait se faire later. Il n’y a pas eu d’assassinat ce soir. Certes le socle électoral s’est érodé mais les indicateurs sont bons. »
« Échecs » cuisants pour le Modem et Europe Ecologie Les Verts
22h18. Le Front national n’est pas le seul à évoquer dès ce soir les députés à élire en juin prochain. Les résultats dans le Rhône et les circonscriptions lyonnaises vont être scrutées à la loupe. Un jeune militant note que dans le bureau qu’il a tenu, dans le 3è arrondissement, « les gens ont changé » :
« Habituellement assez âgés, assez aisés, plutôt à droite, les électeurs du bureau des habitants des berges du Rhône étaient jeunes, avec des petits enfants. J’étais surpris. »
Collomb, de Paris où il a rejoint l’équipe stratégique du candidat socialiste, a envoyé son communiqué dans lequel il se dit satisfait de la sanction apportée à la politique du président sortant :
« L’importance du vote exprimé en faveur de Marine Le Pen montre cependant la profondeur du malaise de la société française. Je pense qu’il y a dans ce vote l’expression d’une désespérance qu’il nous faudra prendre en compte. »
C’est un échec pour le Modem, et c’est eux qui le disent.
Eric Lafond, le candidat aux municipales en 2008 pour le Modem (élu dans le 3e arrondissement) est « optimiste sur l’existence d’un troisième pôle indépendant » mais lucide sur les résultats :
« C’est le quatrième échec électoral depuis la création du Modem. Cela nécessite une remise en question. Je suis optimiste sur l’existence d’un troisième pôle indépendant.
Lucide, donc.
23h15. Philippe Meirieu n’est pas loin de tenir les mêmes propos. Le candidat écologiste aux législatives (et élu à la région) n’est pas très fier non plus :
« Les électeurs ont fait le choix du vote utile. Nos électeurs n’ont pas voulu prendre de risque. »
Le Front national augmente son score à Lyon, Sarkozy baisse le sien
23h22. A Lyon, Nicolas Sarkozy , avec 30,57, est en baisse de quatre points par rapport à 2007, et il coiffe au poteau le candidat socialiste. François Hollande fait 30,22 (quand Royal avait fait 27,29%). Jean-Luc Mélenchon bat de justesse François Bayrou avec 11,83%. Le candidat du Front de gauche multiplie par dix le score de la communiste Marie-George Buffet. Le centriste fait, lui, 10,66% : il divise son résultat lyonnais (22,09%) par deux.
Marine Le Pen ne fait pas 10% (9,47%) mais augmente toutefois de quatre points le score de son père qui était à 6,47%. Eva Joly fait 4,08%. Nicolas Dupont-Aignan fait 1,35% et Philippe Poutou 0,73%. Nathalie Arthaud affiche 0,40% et Jacques Cheminade 0,26%.
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