En banlieue. Dans « une ville qui a une âme », décrit Nadia qui est née à Vaulx-en-Velin. « C’est l’une des villes les plus pauvres de France mais bizarrement c’est la ville de France où y’a le plus d’associations », ajoute-t-elle. Parmi les témoignages que le journaliste lyonnais Jean-Louis Rioual a recueillis, celui d’un électeur, qui affiche la couleur. Ou plutôt le blanc :
« Nous, Maghrébins ou Africains, ou Asiatiques, on essaie de faire avec les cartes qu’on a, mais au fur et à mesure on va s’éveiller, j’attends que des personnes s’éveillent et proposent ce que la France d’en bas a envie de palper, directement. Je pousse à aller voter, sans dire forcément pour qui.
Personnellement je vote blanc, parce que je me sens pas représenté. Je milite pour qu’on prenne en considération le vote blanc. C’est un message envoyé aux politiques, en leur disant « vous ne m’avez toujours pas compris, mais je suis citoyen à part entière, donc je vais voter. »
Arteradio présente les voix entendues dans le reportage en ces termes :
« Mourad, Nadia, Mohamed, Lydia, Rima, Elder sont des Français d’origine immigrée : deux générations qui doivent encore revendiquer leur citoyenneté. La première a lutté contre les discriminations et pour son intégration, avec un succès mitigé. La seconde, pragmatique et diplômée, envisage l’exil sans se retourner. »
Les uns et les autres évoquent des parcours d’individus, inscrits sur le territoire d’une ville dont toutes les écoles sont classées « zone d’éducation prioritaire ». Rima, 24 ans, étudiante en école de commerce, s’est spécialisée dans la finance et raconte au micro avoir fait ses premiers pas d’écolière en ZEP. Jusqu’à l’entrée au lycée, où elle a intégré un établissement sans classement particulier :
« Là, ça a été vraiment différent : vous aviez des élèves d’horizons variés. Quand j’ai vu la différence de niveau entre eux et moi -le niveau de langue n’était pas le même, le niveau de français n’était pas le même- je me suis dit y’a du boulot. Ça a été mon premier choc. »
Alternant les récits de vie (l’arrivée d’un grand-père à Vaulx-en-Velin, pendant le fameux hiver 1954), les positions politiques, le reportage sonore multiplie les propos mais s’attarde plus précisément sur ceux des électeurs qui se déplaceront, sans doute, pour mettre un bulletin sans nom dans l’urne. L’une des habitantes de Vaulx-en-Velin explique que des partis de gauche, et le PS surtout, ont leurré les gens, en se disant proches du peuple et notamment des préoccupations des immigrés :
« Ils se cachent derrière ce discours : « oui on vous comprend », mais parfois ils font pire que l’UMP, certains. J’ai jamais voté blanc mais là je l’envisage. »
Mourad la rejoint :
« On est sollicité à un instant T parce qu’il faut qu’on mobilise pour faire voter les jeunes et les moins jeunes. J’ai toujours voté, je pense que le vote est important mais j’arrive à comprendre de plus en plus ceux qui n’ont plus envie de voter. (…) Il m’est arrivé de me déplacer et de voter blanc. De me dire que je ne me sens pas du tout représenté par les candidats. Là, je ne me retrouve dans aucun d’eux. Je me réserve le choix de voter blanc ou non, jusqu’au dernier moment. »

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