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François Bayrou à Lyon ne prend pas les Français pour « des veaux »

Didactique sans être précis, détendu et plutôt amuseur, le candidat du Modem à l’élection présidentielle a tenu le micro plus d’une heure et demi ce lundi soir à Lyon sans illusion, devant une foule d’environ 2 500 personnes plutôt motivées, malgré les sondages ne prédisant que 10% des votes à l’outsider de 2007.

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Crédit Photo : Philippe Juste / Le Progrès / Maxppp

 

Bons baisers de Lyon

La préparation d’un déplacement de François Bayrou à Lyon, terre centriste, a forcément quelque chose d’épique. Ici, les troupes galvanisées par les scores de leur candidat en 2007 ont simplement splitté pendant les élections municipales de 2008, divisées entre les proches de la droite (avec Christophe Geourjon), ceux qui ont décidé de travailler avec le maire socialiste Gérard Collomb (comme Michel Rudigoz), et ceux qui se disent intègres voire incorruptibles (Eric Lafond). Leur candidat commun n’a donc pas fait dans la dentelle en n’invitant aucun d’eux à monter à la tribune ce 16 avril pour ouvrir le bal.

Et parmi les figures centristes lyonnaises, Michel Mercier n’a tout simplement pas daigné se montrer au meeting. On devinait la préférence du ministre de la Justice et président du département du Rhône, il a fini par la dire clairement en se rendant quelques semaines plus tôt au rendez-vous lyonnais de Nicolas Sarkozy. « Mercier et Bayrou se sont vus à Paris ce matin, pendant l’hommage rendu à Raymond Aubrac, ils se sont parlés, ça va », a toutefois assuré un des collaborateurs de Michel Mercier, qui avait donc des « obligations » ailleurs ce lundi soir.

François Bayrou ne semble avoir cure des guerres intestines, il a entamé son discours en lançant un enflammé « J’aime Lyon ». Inspiré par l’hommage en effet rendu à Paris le matin même au résistant Raymond Aubrac, le candidat centriste a convoqué les « valeurs du conseil national de la résistance » tout au long de son meeting lyonnais, souhaitant s’inscrire dans « cet héritage », et dans « une démarche d’unité nationale ».

 

La politique pour Bayrou : une question de « bon sens »

Les solutions de François Bayrou pour « relever la France » ont été égrenées à la tribune, sur le mode de l’anecdote pour la plupart. S’arrêtant trop longuement sur l’exemple de l’Allemagne qui aurait sauvé sa filière bois quand la France pourrait elle aussi en avoir une « très puissante », avec des opérations de calcul mental presque réussies en tout cas saluées par les applaudissements, François Bayrou s’est quelque peu perdu.

Il a néanmoins lancé quelques propositions, en vrac : créer de « vrais emplois », qui ne soient « pas que des emplois dans la fonction publique », mais « liés à des carnets de commandes », faire de la formation dans le numérique et le e-commerce, fabriquer les cartes vitales en France plutôt qu’en Inde, repérer les bonnes pratiques des profs pour les dupliquer, « plutôt que de créer de nouveaux postes dans l’éducation nationale ».

C’est sur la « moralisation de la vie publique » que le candidat s’est arrêté et semble avoir rédigé plus précisément son discours. Elle doit faire selon François Bayrou l’objet d’un référendum et porter sur ces questions :

– Le non cumul des mandats, au moins pour les députés qui devront être, pendant qu’on parle d’eux, présents à l’assemblée pour voter et ne pas faire l’objet de confusion entre intérêts privé et public ;

– Garantir l’indépendance de la Justice en nommant le Garde des sceaux à la suite d’un vote de confiance impliquant l’opposition ;

– Garantir l’indépendance des médias et particulièrement dans l’audiovisuel public en évitant la nomination des dirigeants par le seul président de la République ;

– Reconnaître la validité du vote blanc ; clarifier et assainir le financement des campagnes électorales.

« Je vais dire un gros mot, mais c’est du bon sens », a résumé François Bayrou.

 

Besancenot l’ami oublié

En 2007, Bayrou avait notamment détonné avec un discours qui fustigeait le capitalisme incontrôlé et la mondialisation rageuse, qui pouvait dans le ton s’approcher des prises de position du candidat anticapitaliste Olivier Besancenot. Ca, c’était en 2007. Depuis, François Bayrou a changé. Les extrêmes, à droite comme à gauche, sont à bannir pour lui. Il se serait donc fourvoyé

« On nous a tympanisés avec cette idée : c’est la faute à la mondialisation. Comme si c’était inéluctable. Tout cela est absolument faux. Si c’était vrai, il n’y aurait pas de pays prospères en Europe. Moi aussi j’y ai cru et j’ai changé d’avis depuis quatre ou cinq ans. »

 

Contre François Hollande et Nicolas Sarkozy, les deux candidats favoris de cette élection, François Bayrou n’a pas eu la dent dure, les plaçant tous les deux dans un « concours de balivernes », afin de mieux se qualifier de « candidat de la vérité ».

« Pourquoi, me demande-t-on, si je suis le candidat de la vérité, n’y a-t-il pas de surgissement dans les sondages ? (…) Au fond, je croirais comme De Gaulle que les Français sont des veaux ? Je crois exactement le contraire. Je crois au peuple souverain. »

 

A la sortie du petit hall investi pour l’occasion à Eurexpo, des militants pourtant acquis à Bayrou ont estimé que le Modem n’avait pas en 2012 un candidat « très combatif ». Ils sont nombreux à attendre les élections locales, les législatives en juin 2012 mais aussi les municipales en 2014, afin d’éprouver à cette nouvelle échéance la réalité de leur parti.


#Élection présidentielle

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