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Homosexualité : « le mariage et l’adoption avant 2013 »

David Souvestre, président de la Lesbian & Gay Pride de Lyon, revient sur l’implication des associations LGBT dans la campagne présidentielle.

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Avez-vous le sentiment que vos idées ont progressé au sein de la classe politique depuis la dernière élection présidentielle ?

 

François Bayrou, par exemple, a évolué depuis 2007 sur la question de la gestation pour autrui, même s’il est toujours opposé à l’ouverture du mariage aux couples homosexuels. L’Association des Parents Gays et Lesbiens (APGL) a salué les propositions de Jean-Luc Mélenchon sur la problématique de l’homoparentalité.

François Hollande s’est également montré moins frileux sur ces questions que ne l’avait été Ségolène Royal en 2007, même si nous sommes critiques sur son calendrier politique : car, à nos yeux, cette réforme sociétale devrait intervenir dans les cent premiers jours de son mandat et non au printemps 2013 comme il le propose. En revanche, Nicolas Sarkozy a redit en février, dans un entretien au Figaro Magazine et lors de son meeting à Marseille, son opposition à l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe et il n’a pas encore proposé d’avancées concrètes sur les autres thématiques qui nous préoccupent. Là où les candidats demeurent à la traîne, c’est encore et toujours sur les questions trans.

 

Le report au printemps 2013 de l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples homosexuel ne présente-t-il pas l’avantage de permettre un vrai débat ?

Si l’on en croit les sondages, les Français sont favorables à ces deux mesures. Le débat a déjà eu lieu, y compris à l’Assemblée nationale, des propositions de loi allant dans ce sens ont été déposées (en vain) par l’opposition. Désormais, il faut légiférer sans attendre. Symboliquement, il est important que le nouveau gouvernement, quel qu’il soit, annonce clairement la couleur dès le début de son mandat.

D’ailleurs, les Marches des Fiertés qui s’ouvriront dès la fin des présidentielles auront à cœur de réaffirmer cette exigence, surtout en cas de victoire d’une majorité politique qui serait favorable à l’égalité des droits pour les LGBT.

 

En 2007, la Lesbian & Gay Pride de Lyon avait appelé à soutenir Ségolène Royal contre Nicolas Sarkozy dans l’entre-deux-tours. Donnerez-vous cette année, comme en 2007, une consigne de vote ?

Pour le moment, non. Le seul parti qu’on appellera clairement à faire battre, c’est le Front national. En 2007, Nicolas Sarkozy avait tenu un discours très stigmatisant à l’égard des homosexuels, affirmant notamment dans un entretien avec Michel Onfray pour Philosophie Magazine que l’homosexualité était inscrite dans les gènes. C’est pour cela que nous avions appelé à voter pour sa concurrente. Cette année, il ne fait aucune proposition pour répondre à nos revendications (à part la signature du Pacs en mairie, qu’il veut rendre obligatoire), mais au moins il ne tient plus ces propos inquiétants.

À l’heure actuelle, nous n’envisageons donc pas de donner de consigne de vote, mais nous pourrons être amenés à réviser cette position en fonction de la tournure que prendra la campagne en avril. Dans tous les cas, dans l’entre-deux-tours, nous exposerons les positions de chacun des deux candidats encore en lice sur les thématiques qui nous préoccupent. Nous sommes donc dans une logique informative, avec notamment le site egalitelgbt2012.fr.

 

Est-ce dû à la polémique autour du mot d’ordre des Marches des Fiertés l’an dernier («en 2011, je marche, en 2012, je vote !»), qui avait été accusé de dissimuler un appel au vote pour le Parti socialiste ?

Non, cela n’a rien à voir. Nous appelons toujours les électeurs à voter pour l’égalité, qui est notre seule candidate. Après, c’est à chacun d’analyser les programmes. Si certains ont compris le mot d’ordre de l’an dernier comme un appel à voter à gauche, c’est à eux de se poser des questions : cela signifie que, à leurs propres yeux, c’est la gauche qui est la plus avancée sur ces questions !

Par ailleurs, les mouvements qui ont dénoncé ce mot d’ordre l’an dernier s’inscrivent généralement dans une perspective anarchiste et donc, par définition, ne prennent pas part au vote.

 

Comment entendez-vous répondre à la montée du vote d’extrême-droite chez les gays et les lesbiennes ?

Les associations qui interviennent en milieu scolaire pour lutter contre l’homophobie, comme Rimbaud, par exemple, sensibilisent également les élèves aux autres formes de discriminations, dont le racisme. Nous cosignons également régulièrement des communiqués avec SOS Racisme ou la Ligue des Droits de l’Homme ; nous avons ainsi appelés avec ces organisations à participer au rassemblement contre le racisme, l’antisémitisme et l’intolérance qui s’est tenu dimanche 25 mars place des Terreaux à Lyon en hommage aux victimes des tueries de Toulouse et Montauban.

 

Le débat sur l’homonationalisme est très virulent dans les pays anglo-saxons mais on a le sentiment qu’il a du mal à s’implanter en France…

Je ne comprends pas le sens de ce concept… Est-ce que défendre des revendications universalistes, c’est de l’homonationalisme ? En tout cas, nous ne tomberons pas dans le discours facile qui consiste à opposer les gays et les lesbiennes aux musulmans.

 

Propos recueillis par Romain Vallet


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