La première circonscription du Rhône fait l’objet d’un véritable feuilleton à rebondissements. Dans le cadre de l’accord national entre le parti socialiste et Europe Ecologie les Verts, seul un candidat écologiste est censé ferrailler, représentant une gauche « rassemblée » et donc plus forte. C’était sans compter les réalités du terreau local.
A Lyon, c’est Philippe Meirieu qui a pris l’habit du candidat officiel, élu à la Région mais aussi ennemi politique de Gérard Collomb. Le maire de Lyon a voulu montrer qu’il était roi dans son fief, et malgré la décision de son parti, il soutient un autre « candidat de l’ouverture », en la personne de Thierry Braillard, son adjoint aux sports PRG. Ce dernier a organisé ce matin une conférence de presse pour affirmer qu’il tenait bon, soutenu par une grande partie de la fédération départementale du PS, certain d’aller au second tour.
La date pour montrer les muscles n’a sans doute pas été choisie au hasard. C’est ce mardi que Philippe Meirieu, en face, avait avant lui choisi pour faire un joli coup. Le pédagogue écologiste présente ce soir sa suppléante, qui sera la maire PS du 1er arrondissement, Nathalie Perrin-Gilbert.
Cette dernière a été jusque là la suppléante de Pierre-Alain Muet, sur la 2è circonscription. Le député n’a d’ailleurs pas caché qu’il aurait aimé avoir de nouveau auprès de lui la maire du 1er, avant de déclarer, dépité, qu’il ne pouvait « pas faire campagne contre le maire de Lyon ».
La maire du 1er, quant à elle, peut se défendre de tout acte de défiance envers le baron local, puisqu’elle inscrit sa suppléance dans l’accord national signé par son parti. Pourtant, ce mardi soir, Jacky Darne, premier secrétaire de la fédération socialiste du Rhône, a envoyé un communiqué incendiaire, dans lequel il s’énerve :
« La fédération n’a pas été informée de son choix, contrairement à toutes les règles internes du Parti Socialiste, et n’a donc pas pu donner son accord. Nathalie Perrin-Gilbert s’est régulièrement désolidarisée de la politique municipale conduite à Lyon. Son choix d’être suppléante de Philippe Meirieu pose donc un vrai problème politique. »
Un ministère et on se couche ?
En acceptant d’être la suppléante de Philippe Meirieu, Nathalie Perrin-Gilbert consomme donc son divorce d’avec Gérard Collomb. Ce dernier, agacé de voir la jeune femme toujours aussi prompte à s’opposer à lui, s’est fendu lui aussi d’un communiqué salé :
« Lorsqu’il avait annoncé sa candidature dans la première circonscription du Rhône, Philippe MEIRIEU avait déclaré que cette candidature n’était en aucun cas dirigée contre le maire de Lyon.
En choisissant aujourd’hui comme suppléante Nathalie Perrin-Gilbert qui, bien qu’élue sur mes listes, s’est positionnée dès le lendemain de l’élection de 2008 comme une opposante déterminée à l’action de l’équipe municipale, il prouve le contraire. »
Parmi les pronostics relatifs à cette incongruité rhodanienne, certains élus socialistes estime que Philippe Meirieu « va sans doute jeter l’éponge, si François Hollande est élu et qu’on lui promet un secrétariat d’Etat ». Des plans sur la comète que l’élu écologiste ne se risquerait pas à évoquer pour l’heure. En attendant, sur la 1ère circonscription, c’est le député sortant UMP, Michel Havard, qui doit se frotter les mains.
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