Deux ans après son passage au Théâtre de l’Élysée, la comédienne et metteur en scène Valérie Marinese revient avec « 4.48 Psychose » de Sarah Kane au Théâtre Les Ateliers. Un spectacle noir qui sert d’écrin (tragique) à une performance d’actrice.
Les œuvres de Sarah Kane souffrent de ce que l’on pourrait appeler le «syndrome Lagarde et Michard». Difficile en effet de ne pas voir dans 4.48 Psychose un avis de suicide de son auteur, qui mettra fin à ses jours en se pendant dans un hôpital, à 28 ans, quelques semaines après avoir mis un point final à l’écriture de sa pièce. C’est cette rencontre d’une psychose suicidaire avec le «corps» médical que relate 4.48 Psychose. Valérie Marinese, comédienne et metteur en scène, choisit de raconter cette expérience médicale comme on rend compte d’un combat. Sur le sol, on a peint un simple carré blanc, dernier refuge avant la disparition des frontières entre vie réelle et vie imaginée peut-être, mais aussi ring qui se salit, se délite, qui déborde et où la comédienne s’affronte à elle-même et à un psychiatre, incapable de lui venir en aide dans son costume blanc immaculé. Dans cette lutte sans fin, où les points se comptent en longues prescriptions médicamenteuses, Valérie Marinese semble sans cesse tester ses propres limites et celles des spectateurs, qu’elle installe dans un inconfort permanent.
L’heure du crime
La grande qualité de Valérie Marinese est de ne jamais sombrer dans le pathos. Comme Edward Bond, elle a vu dans le texte de Kane «une grande pièce, amèrement comique, pleine d’un désir de vie». Certes, on pourra regretter la présence d’un bon nombre de poncifs du théâtre contemporain : je me mets tout nu, je saute en l’air sur une musique rock trop forte, je projette une vidéo où je me rase le crâne face caméra, je crache ma nourriture sur le sol, j’agresse les spectateurs en leur jetant de l’eau au visage… Mais l’engagement de la comédienne, absolu, sa façon de mettre ses tripes sur la table (d’autopsie ?) forcent le respect. Au-delà des clichés, la mise en scène de Valérie Marinese a le mérite de faire entendre et résonner le texte de Sarah Kane, dans toute sa violence et sa noirceur, mais aussi son humour, forcément grinçant. Laissant les spectateurs abasourdis par la performance.
Texte de Dorotée Aznar
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