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Procès : la « guerre des gangs » de Grenoble devant les assises

Deux grenoblois comparaissent depuis ce lundi et pour dix jours devant la cour d’assises du Rhône. Ils sont accusés d’être les auteurs de la tristement célèbre tuerie de la place des Géants, à Grenoble. qui a fait deux morts et trois blessés le 31 octobre 2007. Une opération commando qui s’inscrit dans une série de onze assassinats et huit règlements de compte du milieu de la drogue grenoblois.

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Gang grenoble

Vendetta au pied des Alpes

Le procès qui s’est ouvert lundi aux assises du Rhône et qui durera dix jours se tiendra sous haute sécurité. Et pour cause, c’est le deuxième épisode d’une trilogie judiciaire qui a ensanglanté l’agglomération grenobloise entre janvier 2007 et septembre 2008. Une véritable « guerre des gangs » où deux clans s’affrontent pour le contrôle du marché de la drogue de l’agglomération grenobloise, celui de l’Alma et la bande rivale du quartier de la Villeneuve.

 

Un premier procès a déjà eu lieu en avril 2011, celui de la tuerie de Champagnier près de Grenoble qui avait provoqué la mort d’Ali Khadraoui, le frère de Hamdi Khadraoui, actuellement sur le banc des accusés. Oualid Mokrane, le second accusé, avait été grièvement blessé lors de cette fusillade, échappant de peu à la mort. Le troisième volet judiciaire s’ouvrira en avril prochain. Il s’agit du meurtre de Sghaïr Lamiri, abattu le 28 septembre 2008 dans la cour de promenade de la maison d’arrêt de Varces  par un sniper juché sur la colline qui surplombe la prison. La tuerie de la place des Géants apparaît donc comme la vengeance du guet-apens de Champagnier.

 

Fuir le climat de l’Isère…

La guerre des gangs est grenobloise mais les procès sont lyonnais. C’est en effet la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Lyon qui a mené les différentes enquêtes. Ces équipes ont été créées en 2004 pour faire face à des trafics de plus en plus complexes. Elles regroupent des magistrats du parquet et de l’instruction qui possèdent tous une expérience du crime organisé et de la délinquance financière. Leur compétence interrégionale est particulièrement appréciée dans ce genre d’affaires qui ne tient pas compte des frontières territoriales.

Le procès est aussi volontairement dépaysé pour conserver un minimum de sérénité lors des débats, comme l’explique un officier de justice du tribunal de Grenoble.

« Les provocations, les intimidations et les incidents d’audiences sont déjà notre lot quotidien lors des audiences correctionnelles, il serait impossible de juger ces fusillades aux assises de l’Isère. En dépaysant l’affaire, ne serait-ce qu’à Lyon, beaucoup moins de fauteurs de troubles feront le déplacement. »

 

Règlements de comptes non élucidés

Cette trilogie judiciaire place la guerre des gangs grenoblois sous le feu des projecteurs, mais ce sont en réalité huit règlements de comptes qui ont ensanglanté la capitale des Alpes depuis 2003. Certains n’ont jamais été élucidés et d’autres ne feront sans doute jamais l’objet de procès puisque la plupart des personnes soupçonnées sont décédées lors de cette vendetta et qu’une réelle omerta plane au-dessus de ces affaires. Dans la décision de non-lieu de l’une de ces fusillades, la chambre de l’instruction de Lyon soulignait que :

« Certaines victimes ont entravé l’action de la justice […] par leur silence et que les personnes les plus citées […] ont péri dans des fusillades sans avoir au préalable fait la moindre déclaration utile à la manifestation de la vérité, alors que la chronologie de ces scènes de violence corrobore l’existence de règlements de comptes successifs et croisés. »

Sur le procès qui s’est ouvert lundi à la cour d’assises du Rhône pèse toujours cette loi du silence : les deux accusés ont nié leur participation à ce règlement de compte tout au long de l’enquête.

 


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