Le 29 février, après une première rencontre avec les syndicats de la propreté, Gérard Collomb avait affirmé qu’il ne reviendrait pas sur les appels d’offre confiant la totalité de Lyon et Villeurbanne aux entreprises privées car, disait-il, « il appartient aux élus de déterminer les modalités de la mise en oeuvre de la collecte des ordures ».
Mais à quelques heures de la première AG, après une deuxième rencontre avec les syndicats, le ton avait changé. Gérard Collomb a fait trois « propositions » essentielles pour tenter d’infléchir la position des syndicats.
1/ Le Grand Lyon est « prêt à confier à la régie la charge des silos en périphérie ». Cette phrase sibylline est la « proposition » principale faite par Gérard Collomb.
Les syndicats considèrent en effet que le lot n°4 qui consiste à confier ces silos enterrés aux entreprises privées est un véritable jackpot pour ces dernières. Car le Grand Lyon développant de plus en plus cette méthode de collecte, les tonnes de déchets vont rapidement grimper. A terme, disaient les syndicats, la fameuse répartition 50/50 entre public et privé allait pencher très fortement en faveur des entreprises, si elles obtenaient les silos enterrés. Gérard Collomb a donc fait un pas significatif en direction des syndicats.
2/ un samedi sur deux de repos sera attribué à tout le personnel sans doubler les tournées de collectes du samedi.
Pour la première fois, le Grand Lyon parle d’appliquer cet engagement de 2003 sans doubler les rondes. Ce qui signifie aussi un effort financier supplémentaire pour la collectivité. Dix nouveaux postes devraient être créés. Dans le même registre financier, Gérard Collomb a également « proposé » une réduction de plus de moitié du recours à l’intérim pour remplacer les employés absents. Coût de cette proposition : environ 1,5 million d’euros, selon le Grand Lyon.
3/ Dans cinq ans (en 2017) le Grand Lyon passera un nouveau marché de collecte des déchets. Il y aura un nouveau redécoupage territorial entre la régie et le privé. A cette échéance Lyon et Villeurbanne passeront, en partie, dans le giron de la régie publique.
En d’autres termes, en 2012 Gérard Collomb ne revient pas sur ce que les syndicats appellent une « privatisation » en confiant la totalité du centre de l’agglomération au privé. Mais il veut les rassurer en s’engageant sur l’avenir. Cette « proposition » sera certainement très discutée en AG lundi à 5h30. Les syndicats demandent toujours que l’équilibre actuel soit maintenu. C’est-à-dire qu’une partie de la collecte de Lyon et de Villeurbanne reste à la régie.
Manifestement, syndicats et éboueurs « de base » n’ont pas fait confiance aux « propositions » de Gérard Collomb et demandent toujours, par la grève, que l’équilibre actuel entre public/privé soit maintenu.
Informés lundi 16h, lors d’une rencontre entre parties, de la volonté de M. Collomb de « rester sur les propositions formulées vendredi », les syndicats ont voté, mardi matin, la poursuite du mouvement de grève du ramassage des ordures ménagères pour la deuxième journée consécutive.
Selon l’intersyndicale, la mobilisation a été mardi au moins autant suivie que la veille. Les syndicats ayant avancé un taux 50% d’employés en grève hier, la direction du Grand Lyon avançant plutôt le chiffre de 33% à 42% de grévistes selon les subdivisions.
En parallèle, les grévistes avaient décidé de bloquer l’incinérateur d’ordures situé à Gerland. Une centaine d’entre eux s’y était rendue en début de matinée, stoppant ainsi le traitement des collectes effectuées plus tôt. Des collectes, objet de discorde pour des employés « très remontés » d’avoir été suppléés lundi, par des éboueurs de sociétés privées pour assurer les rondes.
Aujourd’hui, pour le troisième jour de grève, la mobilisation des éboueurs serait « plus massive que la veille », selon les termes de l’intersyndicale. Un « renforcement du mouvement » en réponse aux « provocations de Thierry Philip » au sujet du revenu des éboueurs. Les syndicats ont assorti leur revendication d’un dépôt de préavis « complémentaire » pour demander l’ « amélioration des conditions de travail, l’octroi de tous samedis pour les agents de la collecte et pour combattre la pénibilité ».
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