Crédit photo : Maxppp /Juste Philippe
Chauffer une salle lyonnaise
Pas de surprise dans le meeting du candidat socialiste à Lyon. Après avoir été introduit par le comédien Michel Piccoli himself, pour le show, François Hollande a tenu le micro pendant une heure et demi. Avec trois objectifs : essuyer les critiques faites à son encontre (notamment sur son incapacité supposée à négocier avec des homologues étrangers, et sur ses propositions fiscales accablant les très riches) ; réaffirmer ses « valeurs de gauche » (en parlant de cohésion sociale et de réconciliation des Français) ; puis fustiger le bilan de son adversaire Nicolas Sarkozy.
« Il est plus dynamique qu’on ne pense. Il a réussi à chauffer une salle à Lyon et c’est pas facile », a estimé Catherine, 56 ans, oubliant sans doute que le Palais des Sports était rempli de militants et de personnes en grande partie acquises à la cause.
Lui-même chauffé à blanc, François Hollande a expliqué, citant Jean Jaurès, ce qu’était le « patriotisme » de gauche (c’est-à-dire « aimer les autres »), opposé au nationalisme, (c’est-à-dire « se méfier des autres »). Effet de manche qui a suscité des salves d’applaudissement. Voire un sentiment de soulagement, notamment pour Ibtissem, 30 ans, assistante logistique dans l’industrie pharmaceutique :
« Beaucoup de Français, et je dis bien Français, se sont sentis visés par la politique ethnique de Nicolas Sarkozy, parce qu’il s’agit bien de cela. Il y a un ras-le-bol de ce pointage, de cette stigmatisation. François Hollande est très attendu. »
Une impression partagée par Aurélien, 18 ans, étudiant en école d’architecte :
« J’avais peur qu’il ne parle que du bilan de Sarko, mais Hollande a quand même proposé des choses. Il a centré son discours sur l’humain. Je vais voter à gauche, mais je ne sais pas encore où à gauche. »
Jacques, 57 ans, était déjà convaincu avant d’entendre le discours de Hollande. « Pas de regret à avoir par rapport au candidat désigné l’an dernier », Dominique Strauss Khan.
Promo locale
Avant Michel Piccoli, c’est Gérard Collomb qui est monté à la tribune. Pour réclamer lui aussi le « changement » et, au passage, faire la promo de sa politique locale. Le maire de Lyon, qui aime à la présenter comme un modèle pour les autres maires mais aussi pour un chef d’Etat, a tenté un parallèle sportif, expliquant que pendant qu’il faisait passer la dette de sa commune de 430 millions d’euros à 330 millions d’euros, Nicolas Sarkozy « doublait » celle de la France.
Mais la lumière des projecteurs ne s’est que peu attardée sur le maire de Lyon au profit de la porte-parole télégénique du candidat, Najat Vallaud-Belkacem. Au micro de Ruth Elkrief pour BFM, puis hérissée de micros à la fin du meeting, l’élue municipale lyonnaise, candidate aux législatives, a elle aussi tenu le devant de la scène. A l’accueil de l’espace presse, quelques minutes avant le meeting, une des hôtesses cherchait désespérément une journaliste de Elle. « Venue pour Najat. Trouvez-la ».
Avec son coup d’éclat qualifié de dérapage à l’UMP mais aussi par quelques uns de son propre camp (elle avait estimé dans un communiqué que Nicolas Sarkozy était un « mélange de Silvio Berlusconi et de Vladimir Poutine »), la porte-parole lyonnaise a touché au but, accrocher davantage la lumière.
Métro, meeting, dodo
Comme un soir de match de foot à Gerland, la ligne du métro menant au Palais des Sports a transporté les spectateurs et leurs commentaires sur la prestation du joueur. Un meeting, quand il s’achève, laisse sur place quelques militants, des organisateurs bénévoles, dont le service d’ordre. « On est 250 », a lâché l’un d’entre eux jeudi soir.
Venus de Paris, mais aussi de Dijon, les militants gros bras du PS se sont mobilisés comme pour chaque meeting avec, à leur tête, Eric. Ce dernier a débriefé hier soir, félicitant les uns et les autres, regrettant que tout le monde n’ait pas eu son sandwich à midi, « à cause de quelques crevards » qui auraient pioché sans être invités. Eric a aussi rappelé aux bénévoles de ne pas applaudir le discours du candidat, « pour la neutralité politique ».
A 20 heures 30, quelques fans se trouvaient encore sur le parvis, nous demandant par où pouvait bien sortir François Hollande, « pour lui parler ». Mais le candidat socialiste avait déjà filé.
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