. Il souhaite désormais une gestion tripartite du bâtiment. Les étudiants grenoblois ont donc formé un comité d’usagers pour que EVE conserve sa gestion actuelle, intégralement étudiante, comme cela a toujours été le cas depuis sa création en 2003.
« On continue de montrer qu’on est là. on reste vigilant ». Les étudiants grenoblois n’ont pas dit leur dernier mot. Depuis octobre dernier, ils sont mobilisés contre un changement de gestion de l’Espace Vie Etudiante du campus universitaire de Saint-Martin-d’Hères (Isère), EVE pour les habitués. Ils ont donc constitué un collectif d’usagers « Soutenir EVE », composé d’une quarantaine d’associations, pour que le bâtiment continue d’être géré uniquement par une délégation du service public confiée à des étudiants et empêcher que l’université en reprenne la gestion. Pour le moment, c’est l’association étudiante Eponyme qui gère le bâtiment. « En étant géré entièrement par des étudiants, EVE fait figure d’exemple pour les autres universités. Cela montre que nous sommes capables de gérer de façon responsable. Et c’est super formateur de gérer une structure de cette taille », souligne Jérôme, l’un des six étudiants à l’origine de la création du comité des usagers.
Une gestion tripartite à l’étude
Le PRES (Pôle de recherche et d’enseignement supérieur) va succéder à l’université Pierre-Mendès-France en reprenant, à son tour, l’affectation du bâtiment dans les semaines à venir. Un changement loin d’être anodin pour l’avenir de EVE. Le PRES souhaite désormais une gestion tripartite en remplacement à la gestion actuelle, intégralement étudiante. La gestion du Grand Café serait confiée à un opérateur extérieur, qui pourrait être le CROUS. Le PRES gérerait le fonctionnement général du bâtiment. Et les étudiants seraient en charge uniquement de l’animation et de la programmation des événements.
Un modèle de délégation de service public aménagée, avec un renforcement du suivi de l’association délégataire, est également à l’étude. « On est dans une situation de dialogue avec l’université de Grenoble (ndlr : le PRES). Un premier pas a été fait et il n’y encore rien de signé. Mais si le PRES persiste dans son choix du modèle tripartite, on reconsidérera notre manière de fonctionner et de se mobiliser », précise Jérôme.
Des étudiants mobilisés
Depuis l’annonce du PRES en octobre, le comité des usagers « Soutenir Eve » se réunit tous les mercredis à 18 heures. Une pétition a été lancée. Elle comporte 1753 signatures. Une page Facebook a également été créée. 160 personnes y sont inscrites. « Le fait que EVE soit gérée par des étudiants, et non par une administration, cela répond plus à nos attentes. A EVE, on se sent chez soi. Ça appartient aux étudiants, un peu comme une deuxième maison. On n’a pas envie que cela devienne un lieu de l’université », insiste Margot, une habituée du lieu, étudiante en 1ère année de licence de physique. La mobilisation des étudiants a d’ailleurs agréablement surpris les membres d’Eponyme. « Ça nous a aidés car ça nous permet d’avoir une place dans le dialogue avec le PRES. Et ça nous a rassurés. Nous, on s’engage au quotidien dans l’association et il y a des gens qui sont prêts à mettre la main à la pâte pour sauver le bâtiment », sourit Emmanuelle Vallée, trésorière d’Eponyme et étudiante en deuxième année de master de Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives).
Selon le comité d’usagers, des problèmes de gestion financière seraient à l’origine de cette volonté de changer la gestion de EVE. Un argument qui ne tient pas la route selon les étudiants mobilisés : « Un audit sur la gestion du bâtiment a été commandé par l’université Pierre-Mendès-France. Ils n’ont rien trouvé. Le PRES souhaite également sécuriser la gestion et avoir un certain contrôle sur la masse salariale », explique Jérôme.
Adapter la gestion de EVE à son évolution
Le PRES conteste cette version des faits. Pour eux, cette volonté de changer la gestion correspond à un besoin de s’adapter à l’évolution de EVE qui s’est largement développé depuis sa création en 2003. « Après deux délégations de service public de quatre ans chacune à la suite, on a décidé de faire un bilan l’an dernier. Il est apparu que la structure mise en place il y a neuf ans est différente de ce qu’elle est devenue aujourd’hui », explique Laurence Garino-Abel, responsable de la commission vie étudiante du PRES et chargée de mission d’étude d’un nouveau mode de gestion pour EVE. Pour le PRES, le modèle de délégation de service public n’est plus adapté pour une structure de la taille de EVE désormais. Avec la multiplication des partenariats et l’augmentation des événements culturels, EVE a été obligé de recruter du personnel professionnel. « Dès l’instant où on a quelqu’un à temps plein sur un poste, ce n’est plus une gestion étudiante. La création d’emplois permanents démontre que la gestion étudiante a elle-même exprimé le besoin d’une prise en charge professionnelle. Il est donc légitime de se demander si le modèle de délégation de service public est toujours adapté », précise Laurence Garino-Abel.
D’abord prévu pour fin février, la possibilité d’une gestion tripartite a finalement été repoussée de six mois. La délégation de service public doit alors prendre fin au 31 août. Un sursis apprécié mais qui complique l’organisation de l’association Eponyme qui a appris la nouvelle seulement en janvier. « C’est une bonne nouvelle car ça nous permet d’avoir une année complète en terme de gestion. Mais cela nous laisse peu de temps pour rechercher de nouvelles subventions et pour décider de notre politique concernant les événements à organiser », précise Emmanuelle Vallée. La décision finale sera prise début avril au plus tard, de façon à laisser suffisamment de temps à EVE pour être opérationnel au 1er septembre.
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