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UMP : le président fait le boulot
Pas simple de faire campagne alors que le candidat n’est pas encore déclaré. Mais « dire que Nicolas Sarkozy sera candidat à sa propre succession n’est pas un scoop! », nous avait confié Michel Forissier, secrétaire départemental de la fédération UMP du Rhône, à l’occasion des voeux présentés par François Fillon jeudi dernier à Lyon. Les tracts, qui ont déjà commencés à être distribués, ne sont donc pas encore personnalisés. Nicolas Sarkozy, à l’occasion de ses voeux décentralisés, s’est rendu mi-janvier à Lyon pour les présenter au « monde économique », aux chefs d’entreprise. Une occasion de fustiger les positions de François Hollande, contre lequel il devra donc ferrailler. Tout comme Philippe Cochet, président de la fédération UMP du Rhône et maire de Caluire, les élus locaux ne montrent aucun empressement à ce que le président de la République ne se déclare candidat. Pour Michel Forissier, c’est même une bonne chose :
« En travaillant pour la France, c’est la meilleure campagne qu’il puisse faire ».
Concernant les élections législatives, tout n’est pas encore déterminé. La 4è circonscription, celle de Dominique Perben qui a annoncé son retrait de la vie politique, suscite toutes les convoitises. Des sondages doivent finir par indiquer qui sera la candidate UMP idéal (le conseil national a gelé la circo pour une femme) pour conserver ce siège de député.
Parti socialiste : pas une tête qui dépasse
Lors de la présentation de ses candidats aux élections législatives, la fédération départementale du parti socialiste a présenté une troupe en ordre de bataille qui, après les échauffourées des primaires, a voulu faire bonne figure, rassemblée sous la figure de François Hollande. Le petit clip de campagne pour les législatives a placé en unique personnage principal le candidat socialiste. Les candidats sur les quatorze circonscriptions n’ont qu’une mission, mener campagne sur le terrain non pas pour eux, mais pour François Hollande et seulement lui. Une des militantes explique la consigne :
« Hors de question que l’un des candidats aux législatives tente de se mettre en avant à cette occasion. Là, l’objectif, c’est de faire élire notre candidat. Ensuite seulement ils pourront parler d’eux. »
Début janvier, 207 000 exemplaires de tracts sont arrivés sur deux palettes à la fédération, « à distribuer les week-ends » par 2000 militants. Tous les 15 jours, les tracts abordent un nouveau thème. Le PS départemental espère s’appuyer aussi sur les 35 000 sympathisants qui ont participé aux primaires. Le Rhône compte par ailleurs l’une des quatre porte-paroles de François Hollande, en la personne de Najat Vallaud-Belkacem (qui avait joué ce rôle aussi pour Ségolène Royal). Gérard Collomb, maire de Lyon, est lui aussi censé faire partie de l’équipe resserrée, du « shadow-cabinet » du candidat. Lequel a prévu de venir pour un « grand meeting » lyonnais fin mars.
Front National : peu de signatures, beaucoup de militants
« Dans le Rhône, c’est très problématique. » Les deux mains de Christian Boudot lui suffisait encore pour compter les signatures données à la candidature de Marine Le Pen par les maires du Rhône le 24 janvier dernier.
« Ici il y a très peu de maires sans étiquette politique. Par rapport à des départements comme la Somme, ou en Picardie, où les maires sont moins politisés, moins liés à des partis, à des intercommunalités, à des barons locaux… »
Le secrétaire fédéral du Front National estime que la pression exercée sur les élus locaux, « pour qu’ils ne signent pas », est inadmissible.
« Dans le Beaujolais, par exemple, où on a habituellement pas trop de mal à avoir l’appui des maires, ça ne marche pas. Ils me disent ah non, je suis trop copain avec Mercier (ministre de la Justice centriste), alors tu comprends, on ne peut pas trop… Ils sont à la merci de financements croisés, s’ils veulent que leur route se fasse, il faut qu’ils soient bien avec Mercier, par exemple. »
Christian Boudot regrette donc que les signatures soient considérées comme « un soutien » politique alors qu’il ne s’agit « que d’un acte administratif ». Avec seulement 120 élus régionaux, le lobby frontiste rame.
« Les maires ne sont pas très courageux. Avant il fallait 60 visites pour une signature, là il faut en faire 100. C’est plus dur. Marine Le Pen fait plus peur aux élus qu’aux électeurs. »
Du côté des militants, Christophe Boudot ne rencontre pas le même problème, qui se félicite que les gens soient « désinhibés vis-à-vis du Front national » : « on a quadruplé notre nombre d’adhésions, on se retrouve à un peu moins de 2000 dans le Rhône. On était 500 il y a 18 mois. »
Dans l’Est lyonnais et dans le Beaujolais, là où le FN compte le plus d’adhérents, la campagne a déjà commencé. Les premiers tracts, une centaine de milliers, montraient Marine Le Pen sur fond rouge, abordant les thèmes de l’immigration, du chômage et de la dette. C’est « la phase de dénonciation », selon Christophe Boudot. Qui accueillera Marine Le Pen à Lyon les 7 et 8 avril, pour la « grande convention présidentielle », la dernière avant le premier tour.
Modem : François Bayrou, grand absent du Rhône ?
« Au Modem, il n’y a pas de permanents, donc les militants se voient pour la campagne, après le travail, après avoir couché les enfants », explique l’un d’eux, sans dépit. Bayrou n’a, à l’évidence, pas une grosse équipe autour de lui. Mais au manque de moyens on répond liberté d’action, une interprétation originale de Cyrille Isaac-Sibille, président du Modem régional :
« Il a une équipe légère et c’est un avantage. Il peut venir à tout moment dans le Rhône, la semaine prochaine par exemple, sans prévenir. »
Dans l’idée, François Bayrou doit se rendre à trois reprises dans le département avant les élections. L’une des visites consistera en un « grand rassemblement » à la veille du premier tour. Mais deux occasions ont été manquées de voir le candidat Modem à Lyon. « Une question d’agenda », pour Cyrille Isaac-Sibille. Plutôt une question de gestion des relations avec le département du Rhône, selon un militant. Sur ce territoire, les élus Modem se sont partagés entre deux styles centristes, celui de Gérard Collomb, maire de Lyon, et celui de Michel Mercier, président du Département et ministre de la Justice, selon les opportunités…
« On est en train de rassembler tout le monde, il va y avoir le moment venu une grande alliance centriste, qui se fait déjà », promet Cyrille Isaac-Sibille.
Quelques voix restent discordantes. Celle d’Azouz Begag notamment, qui part à ce jour en faveur de Dominique de Villepin et qui présente sa candidature aux élections législatives, sur la 3è circonscription, comme en 2007.
Europe-Ecologie-Les-Verts : chacun fait ce qui lui plait
Le parti écologiste a affiché des scores plutôt bons dans la région Rhône-Alpes lors des dernières élections locales. Philippe Meirieu a même réalisé le meilleur score des candidats EELV aux régionales. C’est donc autour de lui que se fédèrent les militants et autour de lui que la campagne écolo va être menée. Dans le cadre des négociations entre PS et EELV, la première circonscription lui a été réservée. Mais la décision a créé du remous, prise contre l’avis de la fédération du Rhône et contre celui du maire de Lyon qui voulaient, eux, pouvoir soutenir un candidat PRG. Il s’agit de Thierry Braillard, adjoint aux sports, qui se présente malgré l’accord national. Philippe Meirieu a lancé récemment sa campagne en regrettant la situation, mais en se présentant comme le candidat unitaire de la gauche sur la circo. Le pédagogue, anciennement socialiste, prévoit ainsi son calendrier de candidat :
« En terme de phasage de la campagne, il faut d’abord faire connaître ma candidature sur cette circonscription, expliquer que je suis le candidat de la gauche. Après les vacances de février, il y aura un temps où on focalisera sur les élections présidentielles. »
Philippe Meirieu est donc un « candidat unitaire », mais il jouera aussi le rôle de porte-voix d’Eva Joly dans la région. Une situation qui ne dérange pas les militants socialistes qui se sont d’ores-et-déjà rangés derrière l’écologiste pour les législatives : « Ce n’est pas un moment où l’on se sépare, la campagne présidentielle », estime Karim Aou, ancien élu PS à Villeurbanne. Le tractage sur les marchés démarrent ce week-end. Yann Roustan, qui a fait jusque là le lien entre les fédérations et l’équipe de campagne d’Eva Joly, explique :
« Il n’y aura surtout pas de décisions dans les hautes sphères. Cela peut paraître peu coordonné, mais en fait c’est une vraie volonté. Les instances nationales nous donnent les outils, et chaque groupe local les met en place comme bon lui semble. »
Front de gauche : Jean-Luc Mélenchon à la télé
Quelques figures locales d’extrême-gauche s’opposent encore et toujours à la candidature de Jean-Luc Mélenchon. André Gerin, député communiste, en tête, a dit haut et fort comme il aime le faire, qu’il ne soutiendrait pas Jean-Luc Mélenchon. Quoiqu’il advienne. Dans un courrier explicatif, il imagine même que François Bayrou soit celui qui puisse mettre fin à la « bipolarisation de la vie politique française ».
Daniel Baiguini, co-secrétaire départemental du Parti de Gauche, essuie d’un revers le problème :
« C’est pas le plus important, ce que dit Gerin. Jean-Luc Mélenchon c’est la gauche unitaire, le parti communiste a voté et l’a élu pour qu’il rassemble tout le monde ».
Là aussi, le tractage sur les marchés a démarré. Mais le Front de gauche a développé d’autres idées. Visionner les débats télévisés dans lesquels le candidat Mélenchon sera invité dans des cafés, avec militants, citoyens, pour débattre en temps réel. Des « écoutes collectives ».
« Les gens peuvent réagir à chaud, ils peuvent partir s’ils sont énervés. On prévoira des animateurs pour approfondir les réponses que donnera Jean-Luc Mélenchon si besoin, en s’appuyant sur le programme L’humain d’abord. »
Le système a déjà été mis en place à l’occasion du passage du candidat dans l’émission des Paroles et des Actes, « et ça a pas mal marché », note Daniel Baiguini. Les militants pourront toutefois voir Jean-Luc Mélenchon en chair et en os à l’occasion d’un meeting le 7 février prochain à Villeurbanne.
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