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2012 : Arlette, Bayrou et… Hollande ?

« Parcours d’électeurs » est une série à suivre sur Rue89Lyon, qui devrait nous mener jusqu’aux prochaines élections. Le principe : des portraits d’individus réalisés à travers le prisme de leurs votes passés et de leurs intentions pour 2012. Samuel, 34 ans, chef d’entreprise dans une société coopérative, après s’être un peu égaré au centre, revient à ses premières amours socialistes.

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Crédit photo : MG

Son premier souvenir politique ? La réélection de François Mitterrand à la présidentielle de 1988. Samuel a 10 ans et vit l’événement comme une véritable victoire dans son école du 3è arrondissement. Il se souvient de Régis, un copain appuyé contre un mur, qui râle, et détonne dans cette étrange liesse d’enfants. Quelques années plus tard, à 18 ans, alors qu’ils sont toujours amis, Samuel passe ses vacances chez le grand-père de Régis qui l’a élevé. Un homme qui a répondu à l’appel du 18 juin du « Général », et qui a transmis à Régis son attachement au gaullisme.

Samuel, lui, ne ressent aucune influence familiale dans ses affinités politiques. Ou alors, dans un souci de contradiction. Rejeton d’un père juif d’Algérie et d’une mère catholique issue d’une famille ouvrière, la sensibilité semble plutôt pencher à gauche. Pourtant, jusqu’en 2002, personne ne vote dans le foyer. L’arrivée au second tour de Jean-Marie Le Pen, le candidat frontiste, responsabilise la famille. 2007 reste également une date sombre pour Samuel :

« Je ne croyais pas qu’une figure médiatique pouvait influencer sa communauté, je ne pensais même pas qu’on puisse faire partie d’une communauté. Mais j’ai dû me résoudre. Quand Roger Hanin, originaire d’Algérie, déclarait voter pour le parti communiste, mon père semblait de gauche. Quand il s’est déclaré pro Sarko, soutenu également par Enrico Macias, mon paternel a lui aussi viré de bord ».

 

Une conscience politique qui s’éveille tôt… et s’essouffle très vite

Peut-être en réaction à ce relatif apolitisme, dans une famille qui accorde plus de crédits aux hommes qu’aux idées, Samuel s’intéresse très tôt à Ernesto Guevara et aux grandes figures des révolutions socialistes.

« Je me revois encore avec mon tee-shirt du Che dans mon collège. Rage Against the Machine n’avait pas remis le portrait au goût du jour. Une de mes amis m’avait alors fait remarquer qu’il était un peu moche, mon t-shirt de Bob Marley. C’est difficile à cet âge-là de se sentir… différent ».

Dans sa chambre, entre un poster de Claudia Schiffer et de Monica Bellucci, trône celui d’un meeting d’Arlette Laguillier. Il ne sait plus si, à 15 ans, il croyait viscéralement dans la cause de Lutte Ouvrière. Ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui, ça le fait plutôt marrer.

Au lycée, Samuel se confronte aux premiers élèves militants gauchistes « souvent issus des sections littéraires ». Lui en éco, « la voie du milieu », se sent un peu écrasé par des discours trop « stéréotypés, sans compromis, sans échange ». 1995, Jacques Chirac est élu président. Samuel a alors 17 ans et ne garde aucun souvenir de l’élection. La politique ne l’intéresse absolument plus. Elle l’agace. Et ce sentiment s’accroît quant, à l’université Lumière Lyon 2, il est de nouveau confronté à des étudiants politisés issus de l’Unef ou de l’Unef-id, « toujours plus formatés dans la forme et le contenu de leurs discours ».

2002, Samuel n’est pas inscrit sur les listes électorales. Confiant quant à l’élection de Lionel Jospin, peu concerné par le premier tour, il est abasourdi par la nouvelle : le Front National est au deuxième tour. Depuis, présidentielles ou cantonales, il est de toutes les élections.

 

My way…

En 2007, Samuel n’est séduit ni par les candidats de la gauche ni par ceux de la droite. Son seul souhait :

« Voter contre Nicolas Sarkozy, ex-ministre de l’intérieur, ex-ministre de l’économie et mettre fin à 12 ans de gouvernance de la droite ».

En passe de créer une entreprise et partageant le quotidien d’une compagne, militante centriste, il devient sensible au discours de François Bayrou et particulièrement à une de ses propositions qui consistait à exonérer de charge deux nouveaux emplois d’une société.

« Je pense fondamentalement avoir été totalement influencé par les convictions de ma compagne d’alors.  La chaire est faible… Bayrou, c’était encore une fois pour moi la voie du milieu, celle du moins pire. Mais devant l’échec du candidat Modem au premier tour, j’ai décidé de renouer avec mes vraies valeurs. Et de voter pour Ségolène Royal ».

Aujourd’hui, de plus en plus séduit par le discours d’Europe Écologie les Verts, Samuel espère « voter utile » pour participer, à son échelle, à la « chute du sarkozisme ». Préférant un président charismatique à un parti, il regrette Dominique Strauss Kahn

« DSK, c’est le genre de politiciens complexe… Avec le cœur à gauche, le portefeuille à droite et une sexualité épanouie ».

Il se surprend à penser à Dominique de Villepin, mais trouve ses costumes de plus en plus sur-taillés… Finalement, les idées toujours ancrées à gauche, il votera François Hollande le 22 avril prochain, « surpris et rassuré » depuis quelques semaines par la nouvelle stature du candidat PS, « de plus en plus à l’aise à la tribune, de plus en plus crédible dans le rôle du candidat présidentiable ».

 

 

 


#François Bayrou

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