Revenus à la vie il y a quelques mois, les Lyonnais du Clan du Néon se retrouvent pour lutter contre les lumières laissées allumées des magasins fermés. Pierre Gerbeaud a infiltré ce commando pas comme les autres.
Le Clan du Néon. Ce groupuscule, qui lutte contre la pollution visuelle, estime que les publicités nocturnes lumineuses constituent une pollution visuelle importante, en empêchant de regarder le ciel étoilé de la capitale des Gaules. Il s’est réuni mardi soir pour sévir une nouvelle fois dans les rues de Lyon. Objectif : éteindre les néons des magasins fermés, à l’exception des pharmacies, et rendre ainsi à la nuit son obscurité.
Le Clan s’est donné rendez-vous à 21 heures près de la Poste de la place Antonin Poncet (Lyon 2e). Une quinzaine d’agents se trouve sur place, armés d’un manche à balai avec, au bout, un cintre en guise de crochet. Fabrication artisanale, bien sûr. Le principe de l’extinction du néon est simple : il se fait grâce à cette arme qui permet d’accéder à l’interrupteur, placé en hauteur pour que les pompiers ne s’électrocutent pas en cas d’intervention.
Pour ce mardi soir, direction la Presqu’île. Une division en deux groupes s’est imposée avec une réunion de fin pour faire le point à la Guillotière. Je décide de suivre le groupe du Sud. La feuille de route tombe. L’objectif sera d’éteindre le plus de néons possibles entre Bellecour et la Guillotière en passant par la rue Victor Hugo, l’avenue Berthelot, la place Jean Macé et l’avenue Jean Jaurès.
Après une photo des soldats armés et prêts à partir au combat, la mission commence. La première cible est donc la rue Victor Hugo (Lyon 2è) et ses nombreux magasins et banques en tout genre. Les combattants se lancent à l’abordage, tout en glissant un tract sous les portes des magasins ciblés. Au sein du groupe, certains sont indépendants, d’autres viennent de la Ligue des Droits de l’Homme, sans compter quelques écologistes.
Ils attaquent tout ce qui bouge dans la rue sous le regard intéressé des quelques passants. Cyril, un des plus anciens, explique : « Je fais ça depuis que j’ai 17 ans. C’est scandaleux de laisser les lumières allumées ! C’est donc un réflexe de base de les éteindre. J’étais déjà dans des réflexions écologistes à l’époque, je m’attaquais même aux publicités ! Maintenant, je partage volontiers mes connaissances avec ceux qui veulent apprendre ».
Dernier obstacle : le cours Gambetta
Vers 22 heures plus aucune vitrine de la rue ne brille. La chef d’orchestre, Bertille, est issue de Greenpeace et de la Croix-Rouge. C’est elle qui a permis au groupe de renaitre de ses cendres en octobre dernier : « J’ai eu envie de le faire. Le plus dur était de rassembler les personnes motivées. Mais le plus important est qu’on fasse des rencontres. Ce sont des moments où on n’a pas de préjugés sur les gens ». Le groupe ne s’arrête pas en si bon chemin et se dirige vers la deuxième cible de la soirée. Des passants viennent discuter du pourquoi de l’action. Bertille précise que les seules personnes peu réceptives se trouvent dans le 6e arrondissement.
L’avenue Berthelot est engloutie en peu de temps et le cinéma Le Comoedia (7è) est une des victimes. Le groupe s’arrête dans le même quartier place Jean Macé avec plaisir, là où se succèdent les banques, victimes préférées de nos agents très spéciaux. Fiers de leur travail, ils se rapprochent peu à peu de l’objectif final. Une nouvelle division s’opère afin d’être plus efficaces. Chaque groupe s’occupe d’une partie de l’avenue Jean Jaurès, avant-dernière étape de la soirée.
Dernier obstacle, le cours Gambetta : l’éclairage est important, la rue, fréquentée, et la police, prête à bondir. Autant d’ennemis dont le groupe parvient à se défaire pour atteindre le point de rendez-vous peu avant 23h. Tous font le point et partagent leur ressenti. Ils peuvent rentrer chez eux avec le sentiment du devoir accompli, non sans faire un dernier coup d’éclat en éteignant le fast-food de la place.
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