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Le blues de l’après Kaamelott ?

S’il devient aujourd’hui difficile de parler des comédiens de la série à succès Kaamelott, sans ramener tout ce petite monde à cette période bénie, des metteurs en scène comme Jacques Chambon, qui tenait le rôle de Merlin ou le comédien Nicolas Gabion, alias Bohort, nous démontre qu’il y avait bien une vie avant cette quête du roi Arthur, et qu’il y en aura bien une après. La preuve, avec la comédie Un petit coup de blues ?, qui se joue actuellement au Complexe du Rire.

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King /

Damien Laquet et Nicolas Gabion

 

Un petit coup de blues ? est une commande. Celle de deux comédiens, Nicolas Gabion et Damien Laquet, qui éprouvaient le désir de partager une scène. Plutôt bien potes avec Jacques Chambon, ils lui proposent de se coller à l’écriture d’une pièce pour le futur duo sans guère plus d’indications. Déjà très en vue pour sa comédie Ta Gueule, l’auteur et metteur en scène s’exécute presto. Le résultat ? Une comédie sur-mesure qui séduit immédiatement les deux acteurs. Nicolas se souvient avoir été tout de suite emballé par cette histoire :

« La rencontre, dans un immeuble de bureaux la nuit, entre un cadre surmené qui vient de se faire virer cherchant un endroit pour dormir et un vigile spécialisé dans les spectacles de sosies d’Elvis ».

Le comédien n’a plus qu’à bosser un peu son déhanché, pour enfin revêtir l’habit de lumière du King et rôder ce nouveau spectacle devant le public du Complexe du Rire.

« C’est une comédie où l’on ri beaucoup avec une vraie dimension sociale, créée dans un café-théâtre, mais qui peut se jouer ailleurs. Dans notre milieu, sans trop faire de caricatures, il y a des chapelles entre le théâtre subventionné et le théâtre privé. Les deux milieux sont très stigmatisés. D’un côté, on a le théâtre intello chiant et, de l’autre, le café-théâtre pouêt-pouêt. Il y a effectivement du vrai dans ces critiques, mais il y a des choses de qualité entre les deux ».

 

De Bohort à Elvis

 

Avec un rôle si prégnant dans un univers aussi fort que celui de Kaamelott, le risque pouvait être, pour Nicolas Gabion, de se cantonner à un seul et même registre, celui de la comédie. Très en vue dans l’adaptation d’A Tombeau Ouvert, par Emmanuel Meirieu ou encore sous la houlette d’une Claudia Stavisky, le comédien a su faire, tout au long de sa carrière, le grand écart entre les genres.

« J’ai un parcours un peu atypique. Quand on commence dans une chapelle, on fait sa carrière dedans. Moi, j’ai eu l’opportunité, la chance et la volonté de passer de l’une à l’autre parce que je crois qu’il y a des belles choses des deux côtés ».

Une ouverture d’esprit sans doute liée à son parcours, Nicolas Gabion ne se prédestinait pas au métier d’acteur. D’origine stéphanoise, il vient à Lyon pour suivre des études d’ingénieur. D’abord dans une classe exclusivement masculine à l’INSA, il poursuit son cursus dans une section théâtre étude, jumelée à une section danse dans le but d’y trouver un brin de féminité… Il n’est alors jamais monté sur la moindre scène. La naissance d’une vocation ne tient parfois pas à grand chose. Diplômé, il préfèrera enchaîner avec une formation de comédien d’abord au Théâtre de l’Iris, puis au Compagnonnage à une époque où il n’y avait aucune école de comédie professionnelle à Lyon.

Aujourd’hui bon client de la SNCF, préférant plutôt vivre à Lyon qu’à Paris, Nicolas Gabion se partage entre les planches et le petit écran. Des premiers rôles au théâtre, aux seconds à la télévision, il ne connait pas trop de frustrations.

« Bien sûr que ça fait envie, mais jouer à la télé ou au théâtre, ce n’est pas le même travail. La distinction est plus nette au théâtre entre un premier et un second rôle. Quand on est sur la scène du début à la fin d’un spectacle, qu’on porte sur ses épaules un projet, c’est autre chose ».

Mais Nicolas n’est pas du genre à céder à la pression quand il s’agit de monter sur scène. Il rappelle alors dans un sourire ce que Louis Jouvet aurait déclaré un jour à l’un de ses élèves lui affirmant ne pas connaître les aléas du trac : « ce n’est pas grave, cela viendra avec le talent »…

 

 

Encore et toujours Kaamelott

Aujourd’hui, il est difficile de citer Chambon et Gabion sans faire allusion à la série télévisée Kaamelott écrite et réalisée par le Lyonnais Alexandre Astier. Les fans de l’épopée devraient aussi trouver leur compte dans Un petit coup de blues ? Il faut dire qu’une vraie famille s’est formée avec Astier en patriarche. Et si certains téléspectateurs ont grandi avec l’humour des Nuls ou de Coluche, toute une génération a été biberonnée à celui des Lyonnais.

Pour Gabion, ce qui pourrait définir ce genre, c’est « un certain langage, des situations, de très bons textes et surtout, de vrais personnages humains qui peuvent nous faire rire comme nous émouvoir. Dans ce sens, il y a une vraie filiation entre Jacques Chambon et Alexandre Astier. Ils ont des écritures très musicales, c’est très dosé ».

Le comédien ne veut pas pour autant s’associer trop frontalement à la réussite des deux auteurs.

« Kaamelott, c’est réellement le projet d’Alexandre, même s’il est effectivement allé chercher des gens qui pouvaient faire sonner ses textes et qui adhéraient à son travail, à sa vision du jeu. Sur la série, c’était hyper agréable. Tous les gens jouaient vraiment, ensemble comme des musiciens. Peut-être parce qu’on venait du théâtre, on avait tous naturellement cette philosophie de jouer avec les autres ».

Après six saisons à se donner la réplique et l’arrêt de la série fin 2009, on aurait pu imaginer un petit coup de moins bien chez les acteurs. Certains personnages marquent une carrière et les étiquettes demeurent difficiles à décoller. Mais déjà bien en place à Lyon bien avant le succès de Kaamelott, Nicolas Gabion, n’a pas eu trop de mal à enchainer les rôles.

« Pas de petit coup de blues. Ca se passe bien quand on travaille derrière, précise Nicolas. On se retrouve sur des projets, des pièces ou des pilotes pour la télévision, par petits groupes. J’ai tout de même parfois la nostalgie des toutes premières saisons où on tournait à Paris dans une sorte d’usine désaffectée dans des conditions un peu roots avec assez peu d’espace. Si bien qu’il y avait une vraie proximité avec les techniciens. On jouait presque pour eux, un peu comme au théâtre où une prise pouvait entraîner un fou-rire ».

Et des fous-rires, Nicolas Gabion en promet donc encore avec ce qu’il faut également de proximité, dans le cadre privilégié, on le rappelle, d’un café-théâtre, pour ce que certains appellent déjà LA comédie de la rentrée à Lyon.

 

Un Petit Coup de Blues ? Jusqu’au 28 janvier au Complexe du Rire, Lyon 1er.

 

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