Déjà heureux parent d’Immune et de Colo Colo, le compositeur propose, avec ce six titres, son travail le plus abouti. Les Marquises, hommage à Brel et à ce lointain archipel polynésien, se vit comme une traversée spleenienne au long cours : belle et mélancolique. À découvrir en live dans sa nouvelle formule quatuor au Kraspek Myzik, le 19 janvier prochain, avant la sortie, on l’espère en 2012, d’un nouvel album. « On l’espère » puisque Jean-Sébastien semble préférer prendre son temps et rêve d’y associer la voix de Robert Wyatt. C’est tout le malheur que l’on lui souhaite. D’ici là, nous l’avons soumis à notre questionnaire : « Orgueil et préjugés ».
Crédit photo – Franck Pitoiset
Votre premier geste artistique ?
Ça a surement été de concevoir un super camion pompier en Lego, et d’envoyer les plans à Lego en espérant qu’ils commercialisent ma petite création. Mais ils ne m’ont jamais répondu.
Avec lequel de vos parents pensez-vous avoir un problème ?
Aucun, ou les deux. Ça dépend comment on voit les choses ! Comme ils sont différents, j’imagine que chacun a sa spécialité. Auparavant je pensais qu’il fallait forcément être un peu névrosé pour créer, mais de plus en plus je me dis que c’est des conneries, et que l’on peut très bien être heureux et créer.
Quelle pratique artistique trouvez-vous intolérable ?
Intolérable c’est un peu fort tout de même. En tout cas, j’ai beaucoup de mal avec la danse. Je n’y comprends presque rien et ça ne m’attire pas. Après, ça peut changer, je vais sans doute m’ouvrir à ça un jour, tout de même… En revanche, ce que je trouve assez intolérable – mais ça n’est pas vraiment artistique – ce sont les one man show. Le concept est atroce et les résultats à la hauteur !
Quelle est la plus grosse arnaque artistique ?
L’admiration que suscite Gainsbourg me saoule beaucoup. Je n’aime pas beaucoup sa musique, et surtout pas le personnage. Et puis j’ai toujours trouvé que sa musique était très feignante dans ses structures. Une fois que le morceau commence, ça ne change pas d’un iota jusqu’à la fin. Bref, le développement de ses morceaux est quasi nul, et moi c’est ce que j’aime – entre autres – en musique. Après ok, il y a une production, de bonnes idées… Mais la plus grosse arnaque, je ne sais pas…
Votre pire souvenir en concert ?
En tant que musicien, c’était à Lyon avec le groupe Immune à un truc qui s’appelle Les Guinguettes ou quelque chose comme ça. C’était un resto qui nous faisait jouer sur les quais du Rhône, et c’était noir de monde partout car c’était ces fameuses Les Guinguettes. Bref, on a joué notre musique de dépressif devant des gens qui mangeaient des patates avec un autre groupe de salsa à côté qui venait agrémenter notre musique. Super moment quoi !
Quelle personnalité politique serait le plus en phase avec votre travail ?
Je ne vois pas du tout… Je ne suis pas très engagé politiquement, c’est le moins que je puisse dire. Après, artistiquement, ce qui me plait et me touche beaucoup, c’est la liberté d’un artiste à rester autonome, à faire sa chose dans son coin sans essayer de suivre une mode ou une vague quelconque. Et, mine de rien, je trouve ça super rare ! En tout cas, cette personne ne serait pas David Bowie, mais beaucoup plus Robert Wyatt.
Le dernier produit culturel consommé ?
Un film au cinéma, Le cheval de Turin, de Bela Tarr. Et en musique, je crois que c’est l’achat du vinyle du dernier album de Mansfield TYA.
Avez-vous déjà sacrifié votre art pour de l’argent ?
Non, et je n’en ai pas encore eu l’occasion. Mais j’aimerais bien !
Et sinon, vous avez un vrai métier ?
Et oui, je suis caissier dans un cinéma d’art et d’essai à mi-temps. Après, je fais aussi un peu d’illustration sonore pour une boîte à Paris qui se charge de placer nos compos dans des documentaires, films… Mais ça, c’est avec mon autre projet : Colo Colo, que je partage avec mon ami Martin Duru, je jouais avec lui dans Immune.
Les Marquises. Le Jeudi 19 janvier au Kraspek Myzik, Lyon 1er.
Où trouver les disques ? http://lesmarquises.net
Chargement des commentaires…