Tribune /
Par Jocelyne Mazart (parent d’élève)
C’est aussi ça Lyon aujourd’hui, cette magnifique agglomération multipolaire, multimodale, cœur de l’Europe, où des bébés nouveaux-nés dorment dehors. C’est sordidement vrai.
Alors certains se disent qu’ils ne peuvent pas rester là sans rien dire, sans rien faire. Certains payent des nuitées d’hôtel, d’autres des forfaits de téléphone, organisant ça et là quelques ventes de gâteaux, alertant timidement la presse locale, un élu ou le cousin de la voisine « qui va nous aider parce qu’il travaille dans le social ».
Le parent d’élève(s) standard, qui s’improvise défenseur des causes perdues, se débrouille comme il peut. Il a le souci de participer à préserver la sécurité et la dignité de ces familles déshéritées mais il s’interroge aussi sur les méandres technocratiques de l’administration française qui ont pu aboutir à ces impasses ubuesques dans lesquelles elles sont souvent coincées : pas expulsables, pas régularisables, en sursis, dans l’attente. Des familles sans logement, sans ressource et sans droit, pas même celui de travailler.
Le parent d’élève(s) découvre la face cachée de la misère : son absurdité.
Voilà qu’en cherchant des solutions, un écho, des astuces, du renfort, il réalise que cette situation existe dans plusieurs écoles de Lyon !
Pour ne citer que les situations dont j’ai entendu parler : école Painlevé, collège Raoul Dufy, école Montbrillant, école Gilbert Dru, école Cavenne… (quelques exemples sur le 3è et le 7è).
A Gilbert Dru par exemple, ils ont presque l’habitude. Cela fait des mois qu’un collectif a fait montre d’une incroyable énergie inventive pour sensibiliser l’opinion et mobiliser les pouvoirs publics sur une de ces situations dramatiques, celle de la famille de Guilherme HAUKA AZANGA, parent expulsable qui ne voulait simplement pas quitter sa femme et ses enfants.
Des jours et des jours et des soirs et des heures accumulés de démarches, d’attentes, de découragement, de ténacité :
Plusieurs milliers de courriers à la préfecture, des manifestations, un site, une page Facebook, des concerts, des expositions photos et même un livre témoignent de cette lutte.
Maintenant il s’agit d’agir et de réagir à plusieurs situations extrêmement critiques de familles sans logement.
Différents rassemblement ouverts à tous sont organisé ce vendredi 25 novembre devant les écoles Painlevé, Gilbert Dru ou Cavenne à 16h20 pour un goûter solidaire ou à 17h45 dans le square devant l’école Gilbert Dru (28/32 grande rue de la Guillotière Lyon 7è).
Le but est simple : signifier le refus de cette misère, ne pas se résoudre à devoir expliquer l’inexplicable à ses enfants.
De faire naître collectivement une lueur d’espoir. De ne pas être aveugle.
Il paraît difficile de se faire à l’idée que, dans la ville de la fête des Lumières, il puisse y avoir de la place pour une si pesante obscurité.
Quelques contacts : comite-soutien-liana@googlegroups.com, painleveelementaire2@gmail.com
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