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La Sécurité sociale de l’alimentation continue son chemin à Lyon malgré les incertitudes

Lancée en septembre 2024, la Sécurité sociale de l’alimentation est toujours en expérimentation à Lyon. Six mois plus tard, bénéficiaires, acteurs et financeurs du projet en tirent un bilan positif, même si les bases financières du projet sont encore fragiles.

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bilan sécurité sociale alimentation
Mercredi 16 avril, représentants de l’État, Métropole, Ville et de Territoires à VivreS, tirent le bilan de six mois de test de la sécurité sociale de l’alimentation à Lyon.

« Je suis fière de participer à ce projet. Ça redonne un sentiment de dignité, mais cela permet aussi d’avoir notre mot à dire dans ce qu’on met dans notre assiette », s’enthousiasme Naïma. Comme elle, une trentaine de foyers font partie du comité Calim8 qui organise le projet de caisse solidaire de l’alimentation, en expérimentation depuis six mois dans le 8ᵉ arrondissement de Lyon.

Ce mercredi 16 avril, le réseau d’association Territoires à vivreS, l’État, la Ville et la Métropole de Lyon, se sont réunis au centre social Gisèle Halimi (Lyon 8e), pour tirer un premier bilan. De l’avis de tous ici, il est positif et prometteur.

Dans le 8ème arrondissement de Lyon, l’expérimentation d’une sécurité sociale de l’alimentation se poursuit.Photo : MP/Rue89Lyon

Lancée en septembre 2024, cette Sécurité sociale de l’alimentation profitait au départ à une trentaine de foyers. Le fonctionnement est assez simple. Les foyers définissent eux-mêmes, et à hauteur de leurs moyens, une somme à cotiser. Ils reçoivent ensuite un montant à dépenser, plus ou moins élevé selon les revenus et la taille du foyer, dans certains commerces et producteurs conventionnés.

Six mois plus tard, une centaine de foyers sont désormais bénéficiaires. Dix-huit lieux de production et d’approvisionnement sont conventionnés, soit deux fois plus qu’en septembre.

La Sécurité sociale de l’alimentation : « un début de réponse à la précarité alimentaire » à Lyon

Face à l’augmentation de la précarité, notamment alimentaire, l’enjeu de cette caisse est de proposer « un autre modèle » pour permettre un meilleur accès à des produits de qualité. 64% des bénéficiaires actuels déclarent vivre en dessous du seuil de pauvreté, soit 1 216 euros par mois.

Difficile de se procurer des aliments bio et de qualité dans ces conditions financières. Avec cette sécu’ de l’alimentation, l’objectif est de proposer un « début de réponse à la précarité alimentaire, mais aussi à la crise agricole qui gronde depuis deux ans dans les campagnes », expose Jérémy Camus (EELV), vice-président de la Métropole de Lyon à la Politique agricole et alimentation.

Car l’objectif est aussi de permettre une meilleure rémunération des producteurs locaux et bio, qui font bien souvent face aux mêmes problématiques de précarité. Mary Colombel, de la micro ferme des États-Unis, un des lieux conventionnés de l’expérimentation, résume : « Notre revenu est aussi bas que certains bénéficiaires, autour de 1000 euros par mois. Ça nous tenait à cœur de proposer nos légumes aux habitants de ce quartier, mais on ne peut pas baisser nos prix, il faut qu’on se paye dignement ».

Ravie de participer à l’expérimentation, elle aimerait qu’elle continue de se développer. Pour cela, il faut en assurer les financements.

Une Sécurité sociale de l’alimentation dans un contexte budgétaire serré

Au lancement de la Sécurité sociale de l’alimentation, Territoires à vivreS a reçu près de 300 000 euros de financement de la Métropole de Lyon et 180 000 euros du fonds « Mieux manger pour tous » de l’État. Aujourd’hui, le modèle économique reste à consolider.

Le contexte budgétaire national n’offre pas de perspectives rassurantes. Le budget 2025 impose une diète de 2,2 milliards d’euros d’économies aux collectivités territoriales. Face à cette baisse de recettes, les montants des subventions et investissements sont tirés vers le bas.

« Le budget national freine toutes les politiques sociales, se désole Jérémy Camus, il est important de trouver des solutions pour faire face à ça ». Si la Métropole de Lyon aura moins de subventions à débloquer pour nourrir le projet, l’élu assure que cela sera compensé par des partenaires privés.

Parmi ces derniers, le fonds de dotation Poule rousse et la banque des territoires vont se greffer à l’expérimentation. La banque des territoires versera ainsi 50 000 euros sur deux ans.

La Ville de Lyon va également mettre la main à la poche et Gauthier Chapuis (EELV), adjoint à la ville de Lyon en charge de l’alimentation, était présent pour annoncer le versement d’une subvention de 30 000 euros. De quoi poursuivre encore un peu l’expérimentation : de nouveaux foyers vont la rejoindre dans les prochaines semaines.


#Agriculture

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