« On continue la lutte ». Samedi 22 mars, entre 6 000 et 7 000 personnes ont manifesté depuis la place Bellecour (Lyon 2e) pour « l’égalité des droits, contre le racisme et la xénophobie ».
À l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, près de 180 mobilisations ont été organisées en France. À Lyon, de nombreux partis politiques, collectifs et associations, syndicats, la Jeune Garde, le Collectif69 Palestine, le Mouvement Kanak en France à Lyon et bien d’autres ont répondu à l’appel.
Dans toutes les têtes et sur toutes les pancartes, l’inquiétude et la colère face à la montée du fascisme en France et dans le monde. « Ça fait vraiment peur tout ce qu’il se passe », soufflent Sasha et Soleil 18 ans. « Quand je vois ce qui arrive aux États-Unis, un pays influent, je me dis que ça peut nous arriver à nous », lâche la première en tenant sa pancarte.
En France, plus de 16 000 infractions à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux ont été enregistrées sur l’année 2024. Une augmentation des crimes et délits de 11% par rapport à 2023. Manifester aujourd’hui permettait à beaucoup de lutter contre cet inquiétant phénomène et de rappeler que « le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit », affirme Myriam Matonog, membre de la Ligue des droits de l’homme.
À Lyon, un « appel unitaire » pour la manifestation contre le racisme
Pendant, près plus de deux heures, les différents cortèges ont défilé jusqu’à la place Guichard (Lyon 3e). La manifestation s’est déroulée dans le calme, malgré une charge des CRS place Garibaldi où quelques personnes se sont retrouvées à terre.
À travers cette manifestation, il s’agissait de faire front sans se « disperser et se diviser » et « dénoncer les dérives, y compris quand elles touchent les partis politiques moins attendus sur ce terrain », signale également Myriam Matonog. Elle évoque l’affiche d’appel à la manifestation de la France Insoumise, accusée d’antisémitisme pour sa représentation caricaturale de Cyril Hanouna.
Derrière le camion de la CGT, Ludovic Rioux membre du bureau de l’union départementale se félicite pour cet « appel unitaire » dans un contexte où « les idées d’extrême-droite prennent de plus en plus le pas dans la société », clame-t-il.
« L’extrême-droite est déjà là »
Pour Myriam Matonog, le constat est plus radical. « L’extrême-droite est déjà là. Il y a une banalisation, on ne s’indigne presque plus quand le Premier ministre parle de ‘submersion migratoire’ », regrette-t-elle.
Le pont de la Guillotière franchi, les slogans fusent et visent clairement le gouvernement : « C’est Retailleau qu’il faut virer, pas les immigrants », scande la foule. L’actuel ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, aux positions très droitières est largement critiqué pour sa circulaire qui durcit les critères de régularisation pour les personnes étrangères.
« Dans le Rhône, on constate un grand nombre d’annulations de rendez-vous à la préfecture et des absences de réponses pour des régularisations liées au travail », dénonce Ludovic Rioux de la CGT. Plusieurs associations s’étaient réunies début 2025 à Lyon pour dénoncer la politique de la préfecture du Rhône et exiger « l’ouverture des guichets et la régularisation immédiate de toutes et tous ».
À Lyon une manifestation contre le racisme « sous toutes ses formes »
Discriminations aux logements, sans-abrisme et expulsions de squats, mineurs isolés à la rue, accaparement des médias par des milliardaires d’extrême droite … « le racisme se développe sous différentes formes », rappelle Myriam Matonog.
Derrière la banderole du Collectif soutiens migrants Croix-Rousse, une centaine de jeunes en recours de minorité sont venus manifester. Malgré la « peur de la police », ils sont venus réclamer leurs droits et demander la mise en place d’une présomption de minorité.
« On est là parce que notre situation n’est pas possible, on a besoin d’aide », nous glisse l’un d’entre eux, qui dort à la rue, avant de rejoindre ses camarades dans le cortège. « Il y en a assez de cette société qui exploite les immigrés, enferme les étrangers et traque les sans-papiers », chantent les manifestant·es en tournant pour rejoindre l’avenue Maréchal de saxe.
Il est 16h30 quand les premier·ères manifestant·es arrivent sur la place Guichard et s’assoient sur les marches. « Malgré l’absence de soleil, nous étions 7000 et c’est nous qui avons porté les beaux rayons contre les idées racistes », s’époumone un militant de la CGT à travers son micro. Pour s’opposer au racisme et la xénophobie, tous et toutes en sont certain·es : il ne faut « rien lâcher ».
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