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Reconfigurations politiques à la Métropole de Lyon : 2026 en vue

Le conseil de la Métropole de Lyon du 16 décembre a vu la création et la fusion de plusieurs groupes politiques. À gauche comme au centre, les positionnements se précisent en vue des élections métropolitaines de 2026.

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Au voeux du SYTRAL au Grand Hôtel-Dieu, Fouziya Bouzerda Présidente du SYTRAL et David Kimelfeld président de la Métropole de Lyon. Vendredi 25 janvier 2019. ©MG/Rue89Lyon
Au voeux du SYTRAL au Grand Hôtel-Dieu, Fouziya Bouzerda Présidente du SYTRAL et David Kimelfeld président de la Métropole de Lyon. Vendredi 25 janvier 2019.

Ils s’étaient quittés fâchés en 2020. Les centristes David Kimelfeld et Fouziya Bouzerda se sont rabibochés. Au conseil de la Métropole du 16 décembre 2024, ils ont acté la fusion de leurs deux groupes politiques, La Métropole pour tous et le groupe Social, démocrate et progressiste, « avec le souci de dépasser les rivalités d’hier » écrivent-ils dans un communiqué. Les voilà à présent coprésident·es d’un groupe de dix élu·es, appelé Alliance sociale, démocrate et progressiste.

En 2019, l’ancien président de la Métropole de Lyon et l’ex-présidente du Sytral s’étaient opposés dans la guerre qui a déchiré le centre pour les élections municipales et métropolitaines de 2020, entre les partisans de Gérard Collomb et ceux de David Kimelfeld, tous deux espérant l’investiture macroniste.

Fouziya Bouzerda (Modem) était restée loyale à l’ancien maire de Lyon, espérant être investie pour briguer la mairie. Gérard Collomb l’avait finalement laissée tomber pour choisir son poulain Yann Cucherat. Un coup dur pour Fouziya Bouzerda, qui avait signé la mise en retrait politique de cette forte personnalité, lui laissant simplement un mandat de conseillère d’arrondissement dans le 9ᵉ.

Le (vrai) retour politique de Fouziya Bouzerda

L’avocate était partie voir d’autres horizons, à la tête de l’école de management de Grenoble. La mort de Gérard Collomb, le 25 novembre 2023, l’a rappelée à la vie politique lyonnaise. Suivante sur la liste collombiste, elle est revenue siéger au conseil municipal et au conseil de la Métropole. En « observatrice », d’abord, confiait-elle début 2024. Jusqu’à ce rapprochement avec David Kimelfeld.

« En 2020, la division a apporté la défaite, justifie Fouziya Bouzerda. Nous avons pris le recul nécessaire et nous sommes dans une nouvelle configuration. Dépassons les clivages mortifères et construisons une politique d’avenir : c’est ça le message. »

Va-t-elle rejoindre le groupe Les Progressistes à la Ville de Lyon ? « Étape par étape, temporise-t-elle. On a eu cette maturité sur la Métropole et on continue de discuter ». Jusqu’ici plutôt silencieuse dans les deux conseils, l’ancienne présidente du Sytral sera amenée à s’exprimer sur les dossiers métropolitains. Une nouvelle position qui signe son véritable retour en politique.

Une main tendue vers les écologistes

Pour l’heure, c’est David Kimelfeld qui a pris la parole devant l’assemblée métropolitaine pour clarifier le positionnement de leur nouveau groupe. L’ex-macroniste a assuré un numéro d’équilibriste. Tout en faisant la critique du bilan de Bruno Bernard, il a tendu la main à une partie de la majorité de gauche à la tête de la collectivité.

« Nous sommes animés par notre volonté de montrer qu’il existe à gauche et au centre une
autre voie que le naufrage politique auquel conduit l’union avec la France insoumise (…) et une autre voie que celle trop souvent dictée par Laurent Wauquiez (LR) depuis la Région », s’est-il fendu.

En clair, l’ex-président de la Métropole suggère de rejouer l’alliance du centre et de la gauche, comme au temps de Gérard Collomb. Le retour d’une politique centriste « à la lyonnaise », où l’on discute, et souvent, on s’arrange, au-delà des chapelles.

« Ce n’était pas si mal, cette capacité à ne pas être d’accord et réussir à construire des projets sur les territoires », soutient Fouziya Bouzerda, citant Gérard Collomb et son propre bilan à plusieurs reprises. « De nombreux vice-présidents actuels l’étaient déjà sous Gérard Collomb, comme Émeline Baume ou Béatrice Vessillier », souligne-t-elle avec un large sourire.

Alors que la France insoumise marque de plus en plus sa différence avec ses alliés de gauche, au local comme au national, le centre tente de séduire les écologistes, avec qui les négociations avaient échoué en 2020.

Tectonique des plaques au centre

Si David Kimelfeld et Fouziya Bouzerda tendent la main à gauche, c’est aussi car il y a embouteillage au centre. Entre Inventer la Métropole de demain (ancien groupe de Gérard Collomb, allié à l’UDI) et le groupe Synergies, l’espace est mince pour exister sans s’unir.

David Kimelfeld avait déjà entamé un mouvement de déplacement vers la gauche début octobre en créant un nouveau groupe, « Social, démocrate et progressiste », et quittant les « Progressistes et républicains ». Seuls sept des treize membres avaient rejoint le mouvement.

Les six autres conseillers métropolitains, plus fidèles à la ligne macroniste au national, dont l’ancien député de Lyon Thomas Rudigoz, avaient vite rejoint le groupe Synergie Élus et Citoyens. Cela lui avait permis de devenir le troisième effectif métropolitain après Les Écologistes et la Métropositive (droite).

Par la voix de son président Marc Grivel, le groupe s’est franchement positionné contre l’action de la majorité écologiste, lundi 16 décembre. Pour lui, l’élargissement du groupe est l’occasion d’une « mise en commun des convictions, la convergence des idées et des actions, avec d’autres groupes politiques d’opposition de la Métropole de Lyon. Une Métropole de Lyon autrement. »

Pour autant, les groupes d’opposition centristes continuent de prendre des positions communes, parfois portées par seulement l’un ou l’autre des vice-présidents. Lundi 16 décembre, c’est David Kimelfeld qui était chargé de s’exprimer au nom des trois groupes sur la mise en place de la Zone à faibles émissions pour les Crit’Air 3 en janvier 2025. Des points d’accord récurrents durant tout le mandat, qui ont parfois pu interroger sur les réelles différences qui pouvaient exister entre ces trois groupes.

À gauche, Renaud Payre cherche sa Voix (commune)

À gauche aussi, la tectonique des plaques a fait son œuvre. Renaud Payre a pris son indépendance des socialistes pour lancer son propre groupe : Voix communes et Citoyen·nes éco-socialistes. Début septembre 2024, le vice-président au Logement avait officiellement lancé ce mouvement à la Cité des Halles (Lyon 7e).

Il s’était entouré d’Anne-Marie Bukowski-Avellan, élue d’opposition à Craponne, et Foued Rahmouni, adjoint à Givors. À la Métropole de Lyon, il a rallié à sa cause Michèle Edery (PS), Yves Fournel (Génération·s) et Joëlle Séchaud (PS).

« Il faut mobiliser plus largement que l’union de la gauche », plaidait-il en septembre, restant flou sur les ambitions locales ou nationales du mouvement. L’occasion aussi de mettre à demi-mot l’accent sur plusieurs points, afin de se différencier de ses alliés écologistes.

Alors que l’interdiction des Crit’Air 3 dans la Zone à faibles émissions fait débat et qu’il est reproché aux écologistes de ne pas en faire assez pour les automobilistes les plus précaires, Renaud Payre a présenté le « cap » de son mouvement. « Pas de transition écologique sans l’intégration de la question de l’égalité et sans l’inclusion de ceux qui n’ont pas les moyens », s’est-il fendu.

De même, il est souvent reproché (plus ou moins légitimement) aux écologistes de ne pas prendre le temps du dialogue avec les maires et de leur imposer des décisions. Sur ce sujet aussi, Renaud Payre s’est positionné — d’ailleurs salué par Marc Grivel. « Nous n’appartenons pas à la famille de ceux qui pensent qu’ils ont raison contre tous et toutes, a assuré le vice-président au Logement. Le dialogue doit primer avec les communes et les territoires environnants ».

Questionné sur ses ambitions pour les élections 2026 en septembre dernier, Renaud Payre n’excluait pas une candidature unique de Voix commune. « Tout est possible, assurait-il. Je m’entends bien avec les forces de la majorité, mais l’union, ce n’est pas l’uniformité. Il faut porter des lignes fortes au sein de cette union. Si elles ne sont pas entendues, il faudra en tirer les conséquences (sic). »

Avec Voix commune, le vice-président ne pèse pour le moment pas lourd face à ses alliés écolos. En 2020, il avait réussi à tirer son épingle du jeu grâce à une alliance avec les socialistes. Pour exister au sein de la gauche, il lui faudra créer un nouveau rapport de force, ou accepter de se fondre dans l’union.


#David Kimelfeld

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