À l’approche de l’hiver, les collectifs d’aide aux femmes sans-abri à Lyon multiplient les interpellations des pouvoirs publics. Mercredi 23 octobre, le collectif Solidarité femmes à la rue organise un rassemblement devant l’hôtel de ville de Lyon, place de la Comédie (Lyon 1er). Le rendez-vous est donné à 10 heures.
Le collectif veut interpeller la municipalité, alors qu’une délégation doit être reçue dans les salons de l’hôtel de ville. Plus particulièrement, les femmes sans-abri espèrent des réponses sur un projet d’hébergement de la Ville de Lyon, évoqué cet été et depuis mis de côté. L’ex-adjointe aux Solidarités, Sandrine Runel (PS), avait mentionné la possibilité de loger 60 personnes dans un bâtiment de la SNCF, dans le quartier de Vaise (Lyon 9e). Un projet dont nous nous étions fait l’écho.
En juillet dernier, l’ex-adjointe expliquait que des études étaient menées pour évaluer la faisabilité du projet. Sandrine Runel conditionnait la mise en œuvre du projet au coût des travaux que la mairie devrait engager pour remettre aux normes les locaux. « Depuis que Sandrine Runel est devenue députée, plus de nouvelles ; sa remplaçante ne semble même pas au courant », s’indigne le collectif dans un communiqué.
Femmes sans-abri à Lyon : la Ville dans une impasse
La remplaçante en question est Sophia Popoff. Issue du groupe écologiste, déjà adjointe au Logement, elle a récupéré l’épineux dossier de l’hébergement d’urgence, à la suite de Sandrine Runel.
L’intitulé de sa délégation est un signe d’une volonté politique de la Ville : prendre en charge l’hébergement de personnes sans-abri alors même que cela ne relève pas de sa compétence, mais de celle de l’État. Nuitées d’hôtel, mise à disposition de son patrimoine, ouverture d’un centre d’hébergement à ses frais dans un ancien Ehpad… les exemples se multiplient.
Mais depuis un an, la collectivité s’est heurtée à ses propres limites. En voulant devenir une ville « hospitalière » et pallier les manques de l’État, elle s’est retrouvée en première ligne face aux demandes des collectifs et personnes sans-abri en détresse.
En mai 2024, la majorité écologiste et de gauche s’est même retrouvée à prendre une décision difficile, et polémique jusque dans ses propres rangs : faire évacuer deux gymnases où des femmes sans-abri avaient trouvé refuge. En parallèle, elle a attaqué l’État en justice pour carence dans ses missions d’hébergement et lui réclame le remboursement des frais avancés par la mairie.
« Nous sommes déçues et en colère (…). On ne lâchera rien tant que nous n’aurons pas les places promises », annoncent les militantes du collectif Solidarité femmes à la rue. Elles demandent, outre l’ouverture des 60 places évoquées par la mairie, la mise à l’abri des 160 femmes ou enfants sans-abri qui composent le collectif.
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