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À l’Université Lyon 2, les « sans-facs » peinent à se faire entendre

Depuis la rentrée, le collectif des « sans-facs » de l’Université Lyon 2 multiplie les actions pour tenter d’obtenir l’inscription de ses étudiants. Une mobilisation qui, comme les années précédentes, peine à obtenir gain de cause.

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Le collectif sans-facs lors d'un rassemblement sur le campus de Bron de l'Université Lumière Lyon 2, mercredi 16 octobre. ©SG/Rue89Lyon
Le collectif sans-facs lors d’un rassemblement sur le campus de Bron de l’Université Lumière Lyon 2, mercredi 16 octobre.

Lundi 14 octobre au matin, une trentaine de militants du collectif des « sans-facs », soutenus notamment par l’Unef Tacle (une section du syndicat étudiant Unef), plante ses tentes dans la cour centrale du campus Berges du Rhône de l’Université Lyon 2. Depuis la rentrée et comme chaque année, le collectif tente d’obtenir une inscription à la fac pour une trentaine d’étudiants sans affectation.

« Nous revendiquons directement l’inscription de tous les sans-facs, et plus largement la fin de la sélection à l’Université ainsi qu’un financement de l’Université à la hauteur du nombre d’étudiant.es qui souhaite y étudier. »

Communiqué du collectif

Fin de non-retour pour l’université

Deux jours plus tard, à 7 heures du matin mercredi 16 octobre, le campement est démantelé par les forces de l’ordre, appelées par la présidence de l’université qui justifie l’intervention par une impossibilité de dialogue avec les militants « malgré un examen attentif des dossiers présentés et la formulation de propositions concrètes ».

« Chaque année, l’Université Lumière Lyon 2 reçoit des centaines de demandes de recours suite à des refus d’acceptation sur les différentes plateformes d’inscription […]. Ainsi, à la rentrée 2024, une centaine de saisines ont été transmises par le Rectorat pour des demandes d’accès en M1, conformément à la procédure officielle. Dès lors, les dossiers présentés par le collectif des “sans-facs” ne peuvent être traités de façon prioritaire, sauf à accorder des passe-droits. »

Communiqué de la présidence de l’Université Lyon 2

Le collectif des sans-facs s’est à nouveau rassemblé devant le campus de Bron, mercredi à 16 heures. Les militants revendiquent sept cas « urgents ».

« Certains risquent soit l’expulsion de leur logement Crous, soit la fin de leur titre de séjour, s’agace Willi, membre du collectif. L’un d’entre eux a fait une demande d’asile politique ! »

« C’est difficile à digérer, j’ai perdu toute confiance en moi »

Fanny, 25 ans, fait partie de ces sept dossiers prioritaires. Elle n’est cependant pas concernée par un des risques particuliers évoqués par le collectif. Titulaire d’une licence de psychologie, cela fait trois ans qu’elle échoue à obtenir une place en master dans sa filière.

En mars dernier, son médecin lui a diagnostiqué un burn out qui l’a empêchée de valider son master MEEF (Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation) à Saint-Etienne, sur lequel elle s’était rabattue par dépit.

Fanny (au milieu), étudiante sans-fac, entourée des militants de l’Unef Tacle et du collectif.Photo : SG/Rue89Lyon

« Je me levais le matin avec la boule au ventre. Je n’ai même pas pu passer mes examens de fin d’année. Ça ne me correspondait pas, le métier que je veux faire depuis le lycée c’est psychologue. »

À la fermeture de la plateforme Mon Master en septembre, Fanny termine première sur liste d’attente pour le master psychopathologie clinique à l’Université Lyon 2. Ses autres candidatures ailleurs en France n’ont pas abouti non plus. « C’est difficile à digérer, confie-t-elle. J’ai perdu toute confiance en moi. »

Encore sous traitement aujourd’hui, la jeune femme perd espoir. Après plusieurs entretiens avec l’administration de la fac, elle finit par demander l’aide de l’Unef et du collectif sans-facs.

« Je ne peux plus faire de saisine auprès du rectorat, ma licence est trop ancienne, conclut-elle. Je n’ai plus rien à perdre aujourd’hui, alors autant que j’essaye de me battre. »

Un problème structurel

La présidence de l’Université argumente cependant ne pas être en mesure de privilégier certains élèves en liste d’attente plutôt que d’autres. « Nous ne pouvons pas accepter de procéder à des inscriptions sous la pression », souligne-t-elle dans un communiqué.

D’autant plus que l’établissement obéit à des directives nationales. « Le problème de fond, on le sait, c’est surtout le manque structurel de moyens de l’université publique », reconnaît Willi.

En fin de journée mercredi, les militants ont remballé drapeaux et banderoles. Ils prévoient de poursuivre la mobilisation dans les prochaines semaines.


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