Le rapport a « mystérieusement » fuité début août, en plein Jeux olympiques. Mais a été allègrement vidé de sa substance dans les recensions qui en ont été faites dans la presse lyonnaise et régionale. Dans une publication dévoilée par Lyon Mag début août, la chambre régionale des comptes Auvergne-Rhône-Alpes détaille par le menu les différentes dépenses de communication de l’exécutif régional, depuis longtemps décriées.
Ces dépenses sont passées de 22 à 35 millions d’euros entre 2018 et 2023. En euro par habitant, elles ont augmenté de 58% sur la période. Le rapport estime que la stratégie de communication est trop centrée sur la figure du président de Région, Laurent Wauquiez (LR), que l’instance adopte des pratiques « contestables » comme l’utilisation de ressources régionales à des fins politiques, et qu’elle met en place une gestion des achats « souffrant de carences ».
Pourtant, selon Lyon Mag, « aucune irrégularité n’a été relevée » par la Chambre régionale des comptes (CRC) dans les 95 pages que contient le rapport. En prime, le média ajoute un communiqué clé en main de la Région, qui « met à mal la critique principale de l’opposition qui accuse Laurent Wauquiez de dépenser l’argent de la collectivité pour soigner son image, notamment avec les fameux panneaux bleus. »
Ce qui est pratique quand on fait les questions et les réponses, c’est qu’on évite de creuser là où le bât blesse vraiment. Car les éléments que contient ce rapport dépassent largement le simple abus de notes de frais rapporté par le Dauphiné Libéré, ou le dîner au frais du contribuable entre Laurent Wauquiez et le grand amoureux de la région Aura qu’est Michel Houellebecq.
Dépenses de com’ de Wauquiez : drôle de « fuite »
Dans un premier temps, on peut s’interroger sur un rapport obtenu « en exclusivité » alors que sa publication n’était prévue qu’à l’automne par la CRC, après l’achèvement d’une phase contradictoire toujours en cours. Le document dévoilé par Lyon Mag est « confidentiel [et] réservé aux seuls destinataires. [Il] conserve un caractère confidentiel jusqu’à l’achèvement de la procédure contradictoire. Sa divulgation est donc interdite, conformément à l’article L. 241-4 du code des juridictions financières », peut-on y lire.
Contactée par Rue89Lyon, la CRC assure qu’elle ne peut rien divulguer à la presse avant l’automne, sans masquer un certain agacement à l’évocation de la fuite. Pour Johann Cesa, chef de file des socialistes à la région, l’origine de celle-ci est toute trouvée : Laurent Wauquiez cherche à se lancer dans une opération « mains propres » avant la rentrée politique, et la traditionnelle ascension du mont Mézenc (Haute-Loire) programmée fin août.
« Il n’y a que deux entités qui ont accès à ce type de document, la CRC et la Région… Laurent Wauquiez veut nettoyer la maison avant son discours du Mézenc », suppute l’élu socialiste, qui fustige également la temporalité de la fuite « entre un ippon de Teddy Riner et une brasse de Léon Marchand [durant les JO de Paris, ndlr] ».
En clair, il soupçonne la Région d’avoir elle-même organisé le leak, à l’image de la « fuite » de le liste des invités au dîner des sommets, elle aussi divulguée par LyonMag fin juillet, alors que l’opposition demandait ces informations depuis des mois.
Près de 100 pages de rapport, c’est long. Pour vous faciliter la tâche, nous avons fait un sommaire pour vous y retrouver. N’hésitez pas à cliquer sur un lien en gras si vous souhaitez lire un chapitre plus qu’un autre. Autrement, nous vous souhaitons une bonne lecture (toujours plus courte que le rapport en question).
- Sommaire
- Des réponses « incomplètes » de la Région
- Une communication personnifiée
- Très cher hélico
- Com’ du président, com’ de la région : mêmes combats ?
- La Haute-Loire, grande gagnante des budgets pubs dans la presse
- Laurent Wauquiez, seigneur des panneaux
- La Haute-Loire (encore), grande gagnante du droit à l’image
- Les sondages d’opinion : Wauquiez président !
- Le(s) dîner(s) des sommets
- Valeurs actuelles, le Figaro, Houellebecq : les notes de frais très droitières de Laurent Wauquiez
- Les goodies
- Les uniformes Wauquiez
- Les dépenses médias : ça grimpe encore
1. Des réponses « incomplètes » de la Région
Reste que, comme le rapport de 95 pages est désormais public, on l’a lu. Et il contient pas mal d’infos intéressantes – quoique pas vraiment surprenantes – sur le plan com’ du nouveau député altiligérien.
À l’image de nos confrères de Médiacités, qui réclament les notes de frais de Wauquiez depuis quelques lunes, la CRC semble s’être confrontée à certaines difficultés lors de son audit.
« Le déroulement de ce contrôle a été marqué par la production de certaines réponses incomplètes de la part de la région et, en fin d’instruction, par des difficultés pour obtenir des réponses à certaines questions adressées à la collectivité et pour accéder à certains documents. »
Préambule du rapport d’observations définitives de la CRC sur la stratégie de communication de la Région.
2. Une communication personnifiée
L’un des points majeurs soulevé par la CRC, dès sa note de synthèse, est la personnification de la communication régionale non pas autour de l’institution, mais autour de son président, Laurent Wauquiez. Dans une note de 2017, la Région assume « une stratégie de communication mise au service du Président ». Selon la CRC, il est question, dans cette même note, « d’un marquage politique des projets phares du mandat avec empreinte LW ».
La marque « Laurent Wauquiez » ne semble en tout cas pas plaire aux Gafam. En 2022, des campagnes promotionnelles régionales ont été retirées des réseaux Facebook et Twitter car contrevenant aux règles des plateformes en matière de publicité politique.
Anecdotique ? Pas pour la CRC, qui dénonce un amalgame entre l’institution et la personne de Laurent Wauquiez qui « peut mener à engager des dépenses qui ne sont pas uniquement motivées par des logiques de communication institutionnelle. »
Dans sa réponse, le futur ex président de la Région persiste et signe : « Le président du conseil régional a confirmé cet axe de la politique de communication car, à son estime, l’incarnation de I’action de la région à travers son exécutif est un élément utile pour identifier la collectivité. Il indique également qu’en tant qu’élu, un lien démocratique le lie aux habitants de la région et qu’il exerce un rôle de représentation de la collectivité, laquelle est indissociablement liée à son exécutif. »
À toutes fins utiles, rappelons tout de même que lors des dernières élections régionales, l’exercice démocratique a été à la peine. Un tiers seulement des électeurs se sont rendus aux urnes.
3. Très cher hélico
Parmi les points soulevés par la CRC, notons que le coût de chaque numéro du magazine d’information a explosé depuis l’arrivée de Wauquiez à la tête de la Région. En moyenne, le production d’un numéro coûtait 683 385 euros en 2023 contre 364 332 euros en 2018. Soit une augmentation de 88 %. Par ailleurs, il n’est distribué dans les boîtes aux lettres que des communes de moins de 10 000 habitants.
Mais, c’est sur un autre type de publication que le rapport de la CRC s’est penché : des lettres spécifiques envoyées dans certains territoire. En juillet 2020, la Région veut faire la promotion du financement du maintien d’un hélicoptère estival de secours à l’hôpital de Clermont-Ferrand pour 300 000 euros. L’exécutif régional conclut un contrat avec la Poste pour distribuer en urgence (sous trois jours ouvrés), une lettre d’information à destination des Auvergnats. Coût de l’opération : 317 000 euros, soit plus que le financement de l’hélico… Too much pour les procureurs financiers de la CRC.
« L’urgence en question n’est que difficilement explicable alors que la situation de I’hélicoptère de secours était réglée, au fond, depuis fin juin (l’État ayant consenti à son maintien sur place). La seule urgence objective semble être le souhait de distribuer cette lettre avant les départs en vacances d’août et avant le début de la période de réserve électorale au 1er septembre 2020 (sénatoriales). »
Rapport d’observations définitives de la CRC sur la stratégie de communication de la Région Aura
4. Com’ du président, com’ de la région : mêmes combats?
La chambre régionale des comptes s’interroge également sur les réseaux sociaux de la Région et ceux de son futur ex président. Elle note qu’une étude stratégique de 2021 sur ce sujet, financée par la Région, « participe davantage d’un objectif de valorisation de son image personnelle que d’un objectif de bonne information des citoyens sur les missions, activités ou réalisations de la collectivité », et ce « alors que la campagne des élections régionales de 2021 était en cours ».
Autre point sujet à caution relevé par la CRC : les comptes du présidents sont gérés par la même personne, un employé de la Région ; « ce qui n’est pas sans poser de difficultés juridiques […] la chambre a relevé que certaines publications du président du conseil régional sont, effectivement, dépourvues de lien avec I’action de la collectivité régionale (entendez, qu’elles aient un lien avec la politique nationale), alors qu’elles sont gérées par un collaborateur régional.
La Région affirme quant à elle que « les publications qui ne concernent pas la région sont faites hors des jours ou heures de travail ».
5. La Haute-Loire, grande gagnante des budgets pubs dans la presse
Pour ses besoins communicationnels, la Région peut être amenée à acheter des espaces publicitaires, par des campagnes d’affichage, dans des médias audiovisuels ou dans des organes de presse locale ou spécialisée. Sur les quelques 5,5 millions d’euros de budget pub, 850 000 euros par an sont alloués à la presse quotidienne régionale.
Plus gros médias régionaux, Le Dauphiné libéré et Le Progrès se taillent la part du lion, avec respectivement 410 000 et 271 00 euros annuels de budget pub en moyenne sur la période 2018-2023. Mais la CRC note aussi l’attention toute particulière attribuée aux médias numériques de Haute-Loire, terre d’origine de Laurent Wauquiez, ancien maire du Puy, et récemment élu député du département.
« D’une manière générale, les médias numériques de Haute-Loire semblent particulièrement suivis, puisque la direction de la communication tient un dossier qui leur est spécifique. Les trois sites en question se démarquent dans la catégorie webmédia, puisque ce sont les rares médias numériques à vocation locale à recevoir des publications de la région. L’Eveil de Haute-Loire est par ailleurs le titre de presse généraliste local le plus utilisé pour des publications régionales (hors titres de presse lyonnais). »
Rapport d’observations définitives de la CRC sur la stratégie de communication de la Région Aura
Le gendarme financier dénonce en revanche de façon plus claire des publications réalisées par la Région « dans des supports communautaires » (en l’espèce, des associations arméniennes et juives) pour une somme de 40 000 euros par an, dont la CRC « ne comprend pas l’intérêt spécifique pour la collectivité régionale ».
6. Laurent Wauquiez, seigneur des panneaux
On les voit partout, dès que la Région apporte son aide pour financer un projet. Ces fameux panneaux bleus avec le logo siglé « région Auvergne-Rhône-Alpes ». Et pour cela, la collectivité dépense sans compter, obéissant à un impératif de « visibilité ».
La pose de ces panneaux (ou tout autre support de visibilité) est contractuelle pour toute subvention accordée par la Région, même si la collectivité affirme qu’il n’y a jamais eu de suspension ou de retrait d’une subvention du fait du non-respect des obligations en matière de visibilité imposées au bénéficiaire.
Coût pour la collectivité : 1,7 millions d’euros en 2023 (pour 5,5 millions d’euros de subventions accordées). C’est plus de deux fois plus qu’en 2018.
« Il n’y a jamais eu d’évaluation en tant que telle des effets de cette politique de visibilité depuis 2018 », note la CRC dans son rapport.
Autre exemple de la volonté de la Région de mettre son logo partout : le pelliculage aux couleurs de la Région de minibus mis à disposition d’associations sportives a coûté à lui seul 1,5 millions d’euros (ces chiffres émanant de la Région).
7. La Haute-Loire (encore), grande gagnante du droit à l’image
Connaissez-vous les « contreparties d’image » (CPI) ? Pour notre part, c’est non. Mais la Chambre régionale des comptes ne semble pas plus avancée. Elle définit cette « spécificité régionale » comme une sorte de subvention déguisée.
En clair, ces CPI sont versées à des petites associations locales (club de bridge, comité des fêtes…) en échange (là encore) « d’une prestation de communication » qui s’apparente la plupart du temps à la présence d’un logo de la Région.
Devinez quel département en est le principal bénéficiaire ? Bingo ! À elle seule, la Haute-Loire a drainé 28 % de ces aides régionales entre 2018 et 2023, alors que le département pèse moins de 3 % de la population régionale. Montant total alloué : près de 700 000 euros. Les CPI n’étant pas directement des subventions mais des prestations, Laurent Wauquiez peut décider de leur distribution comme bon lui semble. Mais doit, en théorie, rendre compte de l’attribution de ces marchés à l’Assemblée régionale. Ce qu’il ne fait pas.
« L’existence et le fonctionnement de ces contrats de contrepartie d’image est donc particulièrement opaque à I’heure actuelle », note la CRC, qui recommande plus de clarté sur ces attributions.
8. Les sondages d’opinion : Wauquiez président !
21 sondages ont été commandés par la Région sur la période d’évaluation. Montant total : plus de 387 000 euros entre 2018 et 2023. Problème : la encore, la personnalité de Laurent Wauquiez est mise en avant, selon la CRC. « L’étude commandée durant quatre années sur « La perception de l’action de la région Auvergne-Rhône-Alpes par ses habitants », si elle comporte des questionnements sur l’action de la collectivité, est en réalité assez largement centrée sur la personnalité de son président. »
Pire, la chambre se penche en détail sur une étude Ipsos chiffrée à 60 000 euros testant différents slogans, dont ceux correspondant le mieux à Laurent Wauquiez. « Il est fait un amalgame entre la personne du président, en tant que personnalité politique, et la région en tant que personne morale », note encore le rapport.
Enfin, la CRC a décortiqué deux études commandées en 2020 et 2021 à Médiascopie, pour analyser en temps réel des réactions aux propos du président pendant des interventions télévisuelles. Facture pour le contribuable : 20 000 euros.
« Ceci est d’autant plus problématique qu’en 2021, cette analyse a eu lieu lors de la période de la campagne électorale pour les élections régionales. Autrement dit : elle permettait d’affiner les propos du candidat en fonction des réactions d’un groupe politique donné »
Rapport de la CRC, juillet 2024
Tampon rouge du gendarme financier : malgré les justifications de la Région, la CRC recommande à la collectivité « de mettre fin à l’achat d’études d’opinion à connotation politique ».
9. Le(s) dîner(s) des sommets
Vous avez tenu la lecture jusque là ? Bravo ! Vous allez pouvoir connaître les éléments du rapport sur le fameux « dîner des sommets », ces agapes à 150 000 euros visant à valoriser les talents régionaux qui font « rayonner la Région ». Première surprise, la CRC affirme que « 4 à 6 événements par an » de ce type étaient initialement prévus. Et, qu’avant que le scandale n’éclate, un premier dîner à plus de 58 000 euros s’était déjà tenu le 31 mars 2022, à l’Institut Paul-Bocuse d’Écully.
Tout comme les journalistes et l’opposition socialiste à la Région, la Cour des comptes fustige le manque de transparence des mondanités Wauquieziennes. « Ces évènements qui n’avaient pas fait l’objet d’une prévision budgétaire ont dû être imputés a posteriori sur des crédits prévus pour d’autres sujets », note la CRC, sans préciser quels portefeuilles ont été impactés.
La chambre pointe aussi que « 35 % des dépenses du second dîner ont été effectuées sans procédure de publicité et de mise en concurrence ». Enfin, le rapport estime que la procédure du marché passé avec Mediafin, l’agence chargée de l’organisation de ces dîners, est « largement sujette à caution ».
Ce n’est que la publication de l’enquête de Médiapart qui a empêché l’organisation d’un troisième dîner, prévu en novembre 2022. À la question « ces dîners avaient-ils une vocation politique? », Mediapart s’avançait prudemment. La CRC est plus « cash » :
« Il résulte des éléments recueillis au cours du contrôle que les dîners des sommets ont été organisés dans des conditions peu transparentes et dans le but principal de promouvoir I’image personnelle du président du conseil régional [seul élu présent, Ndlr], pour un coût total de 178 428 € ».
10. Valeurs actuelles, le Figaro, Houellebecq : les notes de frais très à droite de Laurent Wauquiez
Une bouffe à 1200 euros avec l’écrivain controversé Michel Houellebecq : c’est, dans la centaine de pages du rapport, le seul élément qui a retenu l’attention de nombre de journalistes. Ce n’est pourtant pas forcément le plus intéressant. Rien qu’en 2022 et 2023, Laurent Wauquiez a dépensé plus de 123 000 euros en déjeuners de travail, principalement à Paris. On a fait un petit calcul : ça fait 237 euros de resto… par jour (hors week-end) ! En imaginant que Wauquiez n’est pas en déjeuner de travail tous les jours, on vous laisse imaginer les agapes…
Mais problème, ces déjeuners et dîners de « représentativité » ne sont pas traçables : pas de mandat décidé par l’Assemblée, pas de notes de frais, et pas de justifications, hormis celles – parcellaires – demandées par la Chambre régionale des Comptes sur une quinzaine de cas.
Ainsi, on apprend que les contribuables régionaux ont déboursé, en octobre 2022, 5 100 euros pour un déjeuner entre Wauquiez, un directeur des affaires publiques d’une entreprise du CAC 40, et trois journalistes du journal d’extrême droite Valeurs actuelles. Intérêt du festin ? « Mettre en lumière le territoire » et « animer l’écosystème médiatique ». La Région a expliqué aux magistrats de la chambre régionale des comptes, sans fournir de justificatifs pour autant, que cette somme de 5 100 euros englobait également un repas, la veille, avec huit invités et que le repas avec Valeurs actuelles n’avait coûté “que” 1 968 euros.
Deux journalistes de l’Opinion invités le 14 avril 2023 pour « faire connaître l’action du conseil régional »? 1 536 euros. Trois journalistes du Figaro conviés un mois plus tard, pour les mêmes raisons ? 1 740 euros. Re-Houellebecq ? 900 euros.
Quatre membres du Conseil d’État et un chef de projet de Paris 2024 dînent avec le président de Région ? 3 600 balles. Eh oui, dîner d’affaire ou pas, Wauquiez ne rigole pas avec la boustifaille. Et il ne se moque pas de ses invités.
Sur la question des notes de frais, là encore la CRC adresse un carton rouge à la Région, et recommande de rendre compte des repas d’affaires en Conseil régional. Il s’agirait aussi de mentionner la liste des invités et l’objet des repas. « Quand j’ai appris (le montant des repas), j’ai considéré que ce n’était pas normal. J’ai donc décidé d’assurer, à titre personnel, le remboursement des sommes excessives » a réagi Laurent Wauquiez dans un communiqué cité par Libération.
Lesquelles ? Combien ? Quand ? Le futur ex-boss de la Région n’a pas fourni de précisions, quand l’opposition l’a appelé à rendre l’argent « sans délai ».
11. Les goodies
Vous reprendrez bien un stylo ou un porte-clés floqués du logo de la Région ? Si la CRC n’émet pas d’observation particulières sur la partie objets promotionnels, elle constate néanmoins que Wauquiez a fait péter le budget des goodies. D’à peine 750 000 euros en 2019, il est passé à plus d’1,5 million d’euros en 2023.
12. Les uniformes Wauquiez
Quand l’État a laissé la possibilité aux Régions d’expérimenter le retour de l’uniforme dans les lycées, Laurent Wauquiez a été le premier à lever la main. La commande de ces uniformes, dont le design bleu électrique évidemment floqué du fameux logo bleu et blanc a lui-même fait l’objet d’un large plan de communication, a été réalisée par l’entreprise qui fabrique les objets promotionnels de la région.
Ce qui n’aurait pas dû être le cas selon la CRC… « Sauf à considérer que les uniformes scolaires portés par les lycéens soient avant tout des objets promotionnels pour la région et non pas la mise en œuvre de I’expérimentation d’une politique éducative nationale », taquine l’instance dans son rapport. Coût de l’opération : entre 700 000 et 1 million d’euros. « Un tel montant aurait nécessité de réaliser un appel d’offres formalisé », note la CRC.
13. Les dépenses médias : ça grimpe encore !
Pour ses besoins de communication, la Région fait appel à une agence média CoSpirit, pour gérer l’achat d’espaces publicitaires et la réalisation de campagnes de communication. Selon le rapport de la CRC, ces dépenses sont passées de 3 à 5,5 millions d’euros par an entre 2018 et 2023. Une augmentation de 80 % sur la période.
« La région, par ces deux contrats de mandat, se dispense de toute mise en concurrence des prestations acquises par le biais de ces marchés. S’ils présentent certains avantages, ils sont également une manière de ne pas rendre compte au conseil régional des prestations commandées puisqu’il ne s’agit que de simples bons de commande », note la Chambre régionale des comptes, qui note également que « certaines prestations particulières auraient clairement dû faire l’objet d’un marché en propre, avec compte-rendu au conseil régional ».
En clair, un manque de transparence à tous les étages pointé du doigt par la CRC, comme par exemple les contrats de distribution du magazine régional passés avec les trois plus gros médias de la Région (Le Progrès, Le Dauphiné et La Montagne) pour 1,3 millions d’euros par an qui, selon l’instance, auraient dû être discutés en Conseil régional.
La CRC note également que le recours au prestataire « Phénix », spécialisé dans les médias et réseaux sociaux, « rend relativement opaque les prestations ». Citons un achat pour la présence de trois logos de la Région sur des hélicos de l’émission La carte aux trésors pour 51 000 euros ou encore l’achat d’un passage dans l’émission Le Grand échiquier, sur France 2, pour 123 000 euros.
Pour plus de transparence, la CRC recommande de « veiller sans délai à ce que les marchés d’achats « médias » respectent les procédures du code de la commande publique.
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