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À Lyon, un petit sursis pour les femmes sans-abri du squat du quai Arloing

Débutée le 19 juillet, l’occupation d’un bâtiment quai Arloing (Lyon 9e) par environ 80 femmes sans-abri continuera au moins jusqu’au 23 août prochain. Le tribunal judiciaire de Lyon a accordé un renvoi au collectif Solidarité entre femmes à la rue, qui a initié le squat dans cet immeuble détenu par Grand Lyon habitat.

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Le tribunal judiciaire de Lyon a accordé le renvoi au 23 août du dossier relatif à l’occupation d’un bâtiment quai Arloing (Lyon 9e) par le collectif Solidarité entre les femmes à la rue.
Le tribunal judiciaire de Lyon a accordé le renvoi au 23 août du dossier relatif à l’occupation d’un bâtiment quai Arloing (Lyon 9e) par le collectif Solidarité entre les femmes à la rue.

« Le tribunal accorde le renvoi au 23 août ». La courte phrase prononcée ce vendredi par une juge du tribunal judiciaire de Lyon fait toute la différence pour la vingtaine de femmes du collectif Solidarité entre femmes à la rue présentes à l’audience. L’occupation du bâtiment du 40 quai Arloing (Lyon 9e) se poursuivra donc (a priori) sans expulsion jusqu’à mi-août. Les 80 femmes sans-abri qui s’y trouvent pourront continuer de dormir avec un toit sur la tête. Un soulagement après l’incertitude des deux derniers jours.

Mercredi 24 juillet, le collectif a appris sa convocation au tribunal judiciaire de Lyon. Avec un délai si court, impossible pour les membres de préparer leur défense. L’avocat Baptiste Bruggeman a été dépêché en urgence la veille de l’audience par le collectif.

« Il nous faut la possibilité d’étudier toutes les pièces de Grand Lyon Habitat dans les détails et que je puisse bâtir un dossier avec les pièces de mes clients, plaide l’avocat. Compte tenu du nombre de femmes [présentes dans le bâtiment] et de la gravité de la décision qui pourrait être prise par la juridiction, j’avais besoin de temps pour d’expulsion, c’est pour ça que j’ai demandé un renvoi. »

Le collectif Solidarité entre femmes à la rue a décidé d’investir l’immeuble le 19 juillet dernier pour y installer des femmes et des enfants sans-abri. Le bâtiment choisi avait déjà été investi en juillet 2019 par un groupe de personnes sans-papiers. La Métropole de Lyon en avait fait un de ses premiers squats « conventionnés », via un contrat passé avec les habitants, pour assurer des conditions de vie dignes en échange d’une date de sortie. En septembre 2022, l’immeuble, dont le bailleur social Grand Lyon Habitat est propriétaire, s’était retrouvé vide. Jusqu’au 19 juillet dernier.

À Lyon, des femmes sans-abri toujours sans logement d’urgence

Anaïs Belouassa-Cherifi (LFI), élue députée de la 1e circo du Rhône le 7 juillet dernier, est venue apporter son soutien au collectif. « C’est un sentiment de soulagement. Évidemment, il faut trouver des solutions plus pérennes à toutes ces femmes, enfants et familles, qui seraient sans ça à la rue », réagit-elle.

Parmi les 200 femmes et enfants que compte le collectif, seules 80 personnes occupent le bâtiment. Les autres vivent toujours dans la rue et sont livrées en permanence à ses dangers. « Je n’ai pas pu avoir une place dans l’immeuble. Je suis toujours dehors à me balader dehors avec mes enfants, témoigne Fatiha (le prénom a été modifié) les yeux embués. On est toujours en larmes, ça ne va pas. »

L’occupation du bâtiment quai Arloing s’est faite quelques jours après que la Métropole de Lyon a annoncé, le 15 juillet dernier, qu’elle arrêterait temporairement la prise en charge de nouvelles nuits d’hôtels pour les femmes isolées avec des enfants de moins de trois ans. La décision intervient dans un contexte de tensions entre la Métropole de Lyon et l’État. Cette dernière est censée gèrer le dispositif d’hébergement d’urgence pour les autres publics, mais le système est complètement saturé. 14 000 personnes sont encore en attente d’un hébergement dans la métropole.

Interrogée à ce sujet, la députée insoumise juge que « l’État est défaillant et qu’il ne remplit pas son rôle de protection des personnes vulnérables. » Anaïs Belouassa-Cherifi sollicite aussi les collectivités : « Même si ce n’est par leur compétence, mais celle de l’État, il faut qu’au niveau local la Ville et la Métropole logent. »

La députée Anaïs Belouassa-Cherifi (LFI) est venue apporter son soutien au collectif Solidarité entre femmes à la rue lors de l’audience ce vendredi 26 juillet. Photo : Justine Machado

Ce qui est déjà en partie le cas, même si les initiatives sont insuffisantes pour régler la crise du sans-abrisme dans l’agglomération lyonnaise. La Ville de Lyon a un nouveau projet en tête pour cet été. Elle envisage de réhabiliter et louer pour un an un immeuble de la SNCF, à Vaise (Lyon 9e). Une solution qui pourrait loger 50 à 60 personnes, selon les détails de Sandrine Runel (PS) à Rue89Lyon.

Si la décision du 23 août prochain du tribunal judiciaire de Lyon venait à annoncer l’expulsion du bâtiment quai Arloing, toutes les femmes du collectif Solidarité entre femmes à la rue ne sont pas assurées d’être relogées.


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