Parmi les 1,2 millions de Rhôdaniens en âge de voter, plus de 27% ont voté pour le Rassemblement national, derrière le bloc de gauche à 35%. Les résultats sont disparates selon les territoires : Lyon et ses communes voisines de l’est – les banlieues rouges – votent beaucoup plus à gauche que le reste du département.
Mais malgré cette résistance dans l’agglomération lyonnaise, le RN a réussi à se qualifier dans 11 circonscriptions sur 14 dans le département. À Lyon même, les candidats RN seront présents au second tour dans deux des quatre circonscriptions. Ils n’y effectueront qu’un baroud d’honneur, car aucun n’est en mesure de l’emporter dans ces deux triangulaires face à des candidats du Nouveau Front populaire ou de la majorité présidentielle.
La 8e circonscription du Rhône : un danger réel de voir le RN élu
C’est sans doute dans la 8e circonscription du Rhône que le Rassemblement national a le plus de chance de l’emporter. Jusqu’au dernier moment, on a bien cru que le second tour se jouerait entre 4 candidats. Le match aurait été alors plié pour le Rassemblement national. Loin devant, avec 11 points d’avance sur la seconde, Jonathan Géry (RN) a réuni 33,5% des voix au premier tour.
Derrière lui, la candidate du Nouveau Front populaire, la socialiste Anne Reymbaut (22,7%) a exhorté les deux suivants à se désister pour lui laisser une chance de l’emporter. Mais le Modem Dominique Despras (21%) et la députée sortante LR Nathalie Serre (20%) n’ont pas répondu à son appel. Jusqu’au dernier moment…
Mardi 2 juillet, alors qu’il avait déjà déposé sa candidature, Dominique Despras a annoncé qu’il se retirait de la campagne. Difficile de dire quel sera le comportement de ses électeurs. Préféreront-ils la socialiste, LR ou le vote blanc ? Nathalie Serre pourrait-elle réaliser une remontada alors qu’elle s’est placée en dernière position ? Quoiqu’il arrive, le candidat élu réaliserait un tour de force.
Le destin de la 13e circo du Rhône dans les mains des électeurs Renaissance et LR
Il faudra aussi garder un oeil (si ce n’est deux) sur la 13e circonscription du Rhône. La référente départementale du Rhône pour le RN, Tiffany Joncour, y est candidate et ce n’est pas pour rien. La circonscription compte les communes qui votent le plus pour le RN dans le département, Colombier-Saugnieu en tête, tout à l’est du Rhône.
La candidate d’extrême droite est arrivée largement premièr,e avec 36,3% des voix. Là aussi, elle devance d’une dizaine de points le second, Victor Prandt (NFP-LFI/REV). Celui-ci se présente pour la seconde fois dans la circonscription. En 2022, il avait perdu face à Sarah Tanzili (Renaissance). Cette fois, c’est elle qui a abdiqué, dès le premier tour. Pourtant en position de se qualifier, elle a choisi de se désister pour appeler à voter pour le candidat insoumis, afin de faire barrage contre le RN.
Reste à savoir ce qu’en diront ses électeurs. Depuis plusieurs mois, la majorité présidentielle présente La France insoumise comme un repoussoir, tirant un trait d’égalité entre ce parti et le RN. Si une bonne majorité d’entre eux choisissaient de faire barrage, Victor Prandt pourrait être élu. Sinon, c’est le RN qui remportera la circonscription. D’autant plus que les 10% d’électeurs LR seront aussi décisifs, s’ils choisissent de se reporter sur le Rassemblement national.
Dans la 11e circonscription du Rhône, le RN a beaucoup d’avance mais peu de réserve
Dans la 11e circonscription, le RN s’est placé en bonne position au premier tour de ces législatives face au député sortant de la majorité Jean-Luc Fugit. Alexandre Humbert Dupalais (10e), représentant d’une coalition de l’extrême droite, a réalisé le plus gros score du département pour un proche du RN. Il devance de 10 points sont adversaire d’Ensemble.
Le candidat communiste du Nouveau Front populaire Abdel Yousfi, arrivé troisième, s’est retiré et a appelé à faire barrage au parti d’extrême droite. Reste à savoir quelle sera l’attitude de ses électeurs, particulièrement dans les secteurs populaires de Givors ou Grigny. Vont-ils s’abstenir ou faire barrage? Certains, dégoûtés par Macron, se tourneront-ils vers le candidat d’extrême droite?
Si des électeurs LR décidaient de soutenir le RN, cela pourrait également peser dans la balance. Le front républicain devrait permettre une remontada de Jean-Luc Fugit, mais le retard pris sur Alexandre Humbert Dupalais au premier tour sera-t-il rattrapable?
Dans les 9e, 10e et 12e circonscriptions du Rhône, un risque RN modéré, mais pas absent
Dans le Beaujolais, le député sortant Alexandre Portier (LR) se retrouve face à Patrick Louis, candidat Reconquête, aussi soutenu par le RN et les LR tendance Ciotti. Celui-ci est arrivé en tête du premier tour avec 35% des voix, contre 25% pour son adversaire.
Grâce au retrait du candidat NFP-PS arrivé troisième (23%), Jean-Henri Soumireu-Lartigues, Alexandre Portier devrait pouvoir conserver son siège. Ce qui lui permettra de combler son retard considérable, d’autant plus qu’il pourra aussi bénéficier des voix du candidat Ensemble, Antoine Laurent, arrivé 4e avec 14% des voix. Patrick Louis, quant à lui, ne dispose d’aucune réserve de voix (si ce n’est chez les abstentionnistes, peu nombreux).
Dans la 10e circo, le député sortant Thomas Gassilloud devance d’une courte tête la candidate RN Cécile Patout. Les deux ont rassemblé plus de 30% des voix au premier tour. Mais le candidat NFP arrivé 3e s’est désisté et a appelé au front républicain.
Reste la très incertaine 12e circo, où la candidate écologiste Lucie Gaillot-Durand est arrivée en tête au premier tour, devançant le candidat Modem sortant Cyril Isaac-Sybille. La candidate du RN Clémence Luisier a réussi à se maintenir au second tour, pas si loin derrière avec 25%. Le report des voix du candidat LR éliminé et ses quasi 14% seront scrutés avec attention, d’autant que la gauche ne dispose d’aucune réserve de voix. Ce ne sera sans doute pas suffisant pour le RN, mais méfiance.
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