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« Un logement pour vivre dignement » : à Lyon, la colère des femmes à la rue

Le collectif Solidarité entre femmes à la rue s’est réuni, place Ambroise-Courtois (Lyon 8e), ce mercredi 15 mai. Elles exigent « l’organisation d’une réunion urgente avec l’État, les mairies, la Métropole et les collectifs mobilisés », afin de loger les personnes à la rue.

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Collectif Solidarité entre femmes à la rue
Selon le collectif Jamais sans Toit, 395 enfants étaient dans la rue l’année dernière. ©JR/Rue89Lyon

« Ma mère ne parle pas bien français, je dois gérer les démarches administratives et les appels avec le 115… »

Nessrine est en souffrance. À tout juste 18 ans, cette jeune femme vit sans toit avec sa famille « sans logement depuis notre arrivée en France » il y a maintenant sept mois. Elle a avec elle deux frères de 12 et 16 ans. Sa famille était présente lors de l’expulsion du gymnase Dargent par les forces de l’ordre, dans la soirée du 3 mai dernier. Depuis, elle n’a aucun endroit où dormir, si ce n’est « quelques amis de maman », selon ses mots.

Ce mercredi 15 mai, soutenue par une cinquantaine de personnes et plusieurs associations, dont le Droit au logement (DAL) et le collectif Jamais sans Toit, Nessrine est venue faire entendre sa voix sur la place Ambroise-Courtois (Lyon 8e), accompagnée de sa famille.

Le collectif Solidarité entre femmes à la rue s’est réuni sur la place Ambroise-Courtois, mercredi 15 mai 2024 ©JR/Rue89LyonPhoto : ©JR/Rue89Lyon

Le collectif dénonce l’absence de solution d’hébergement

Clara, membre du collectif Solidarité entre femmes à la rue est également présente. « Le lendemain de l’expulsion du gymnase Dargent, samedi 4 mai, la mairie nous a proposé un rendez-vous, mais elle ne l’a pas honoré. Nous sommes face à un mur », regrette-t-elle.

Depuis, elle explique que la Ville a proposé une nuit d’hôtel aux femmes célibataires et enceintes. Un début, même si Clara regrette que beaucoup de femmes soient exclues de la proposition. « Un hôtel n’est pas un logement pérenne, il n’y a pas de frigo, de cuisine, etc », constate la membre du collectif. Alors, nombreuses sont celles à rester sans solution d’hébergement.

« Une rencontre est à prévoir avec la mairie et nous insistons pour avoir une réunion avec la Métropole et l’État, mais aucune date n’est fixée pour le moment »

Clara, membre du collectif Solidarité entre les femmes à la rue

La preuve, déjà, de nouveaux contacts avec la Ville. Après l’épisode du Gymnase Dargent, la situation s’était considérablement tendue avec les élus. Bien que l’État soit compétent en terme d’hébergement d’urgence (et non la mairie), la demande d’expulsion avait créé de fortes tensions dans la gauche lyonnaise.

Pour les femmes à la rue : exiger la réquisition des logements vacants

Parmi celles qui restent sans solution, certaines sont malades. Nessrine, qui a « un problème aux reins » et doit bientôt se faire opérer, a été contrainte de refuser une mise à l’abri temporaire. « On nous a proposé une chambre à moi et à ma mère, mais mes deux frères auraient dû rester dehors, car ils ont plus de trois ans et ne sont pas pris en charge », se désole-t-elle. 

Ces derniers ne sont en effet pas pris en charge par la Métropole de Lyon, compétente sur la protection de l’enfance. Cette dernière s’occupe des mineur·es non accompagné·es (MNA), des femmes enceintes et des mères isolées avec enfant de moins de trois ans ayant besoin d’un soutien matériel et psychologique.

Pour rappel, le collectif Solidarité entre femmes à la rue, comme d’autres associations mobilisées pour l’aide au logement demandent la réquisition des logements vacants. Selon Médiacités, en 2021, 18 000 logements étaient non occupés depuis au moins deux ans dans la Métropole de Lyon. 

Femmes et enfants à la rue : « On ne demande qu’un logement pour vivre dignement »

En attendant, les galères continuent. Une membre du collectif raconte sa situation, haut-parleur en main.

« Je ne dors pas la nuit et me repose dans le métro. Je vais au terminus, puis fais la même chose dans l’autre sens », assène-t-elle.

De son côté, Aisha, mère de deux enfants, vit à la rue depuis un an et demi. « Je me suis fait agresser à la gare Part-Dieu avant-hier et c’est mon fils de 12 ans qui s’est interposé », lâche-t-elle. Son fils et sa fille de 7 ans sont scolarisés. Selon le collectif Jamais sans Toit, 395 enfants étaient sans hébergement en 2023, soit 3,5 fois plus que l’année passée. Des chiffres qui remontent à septembre dernier. Difficile de penser que la situation se soit améliorée…

« On tient le coup, mais nous ne demandons qu’un logement pour vivre dignement. Ça devient compliqué de garder le moral, nous sommes fatiguées. Dans la rue et avec des enfants, notre esprit ne dort jamais », conclut Aisha avant de quitter les lieux. Son but maintenant ? Trouver un abri, contre la pluie.


#hébergement d'urgence

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