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Dans le Rhône, la qualité de l’air s’améliore… Mais on reste loin du compte

Début avril, Atmo Auvergne Rhône-Alpes, l’observatoire de la pollution atmosphérique, a publié son bilan de la qualité de l’air en 2023. La tendance est à l’amélioration… Si l’on s’en tient aux seuils européens fixés. Mais il reste des efforts à faire. À Lyon, 99% des habitant·es sont exposés à des niveaux de polluants supérieurs à ceux recommandés par l’Organisation mondiale de la santé.

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pollution région atmo
©Atmo

Souriez, vous pouvez respirer… ou presque. Début avril, Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, l’observatoire en charge de la surveillance et l’information sur la qualité de l’air dans la région, a publié un bilan de la qualité de l’air pour l’année 2023.

L’organisme fait état d’une « baisse réglementaire » de différents polluants atmosphériques. « Les efforts restent à poursuivre pour réduire les effets sur la santé », ajoute Atmo dans son communiqué.

Qualité de l’air en Auvergne Rhône Alpes : moins de dioxyde d’azote et de particules fines mais toujours plus d’ozone

Bonne nouvelle donc, Atmo note dans son bilan une baisse, depuis 2007, des principaux polluants réglementés. Il fait état d’une réduction de 50 % pour le dioxyde d’azote, émis par le trafic routier, de 49 % et de 64 % pour deux types de particules fines (PM10 et PM 2,5).

Depuis 2007, les concentrations en polluants atmosphériques baissent. Photo : ATMO

Cependant, l’organisme se veut prudent : « Le bilan global positif ne doit pas masquer quelques points de vigilance sur notre territoire ». Il souligne une stagnation de l’amélioration concernant les particules fines, et des seuils réglementaires toujours dépassés dans l’agglomération lyonnaise pour le dioxyde d’azote. Un gaz, nocif pour la santé pouvant altérer notre système respiratoire.

En France, seuls Lyon et Paris continuent de dépasser les seuils réglementaires pour le dioxyde d’azote (NO2). Photo : ATMO

De plus, l’ozone (O3), connaît une augmentation de 20 % entre 2007 et 2023. Ce polluant, rappelle Atmo, « se forme en quantité très importante dans l’atmosphère à partir de polluants précurseurs quand il fait beau et très chaud. » C’est donc pendant les périodes estivales que les concentrations d’ozone deviennent problématiques. Avec les fortes chaleurs et canicules observées à l’été 2023 et un dérèglement climatique qui s’accélère, « plusieurs dépassements ont une nouvelle fois été constatés ».

En 2022, les chiffres étaient plus mauvais. Un rapport d’Atmo, et de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) notait une augmentation de la concentration d’ozone et de particules fines dans la région depuis 2007. 2022 avait été élue « année de la pollution. » Les températures élevées et de faibles précipitations avaient provoqué une augmentation des concentrations de polluants dans l’atmosphère, en particulier de l’ozone.

Mais pour Raphaël Desfontaines, correspondant territorial d’Atmo pour l’Ain, l’Isère, et le Rhône, il est important de regarder l’évolution de la qualité de l’air sur de nombreuses années. « La tendance est bonne et est à l’amélioration depuis 15 ans », souligne-t-il.

Une baisse certes, mais des chiffres encore trop élevés pour la santé

On ne peut pas se réjouir trop vite. Certes, les niveaux de polluants mesurés sont en dessous des seuils fixés par l’Union Européenne. Ceux-ci sont de 40 micro grammes par m³ pour le dioxyde d’azote et les particules PM10 et 25 micro grammes par m³ pour les particules PM 2,5. Selon Raphaël Desfontaines, la concentration en polluant est en dessous de ces seuils depuis 2017. « Mais ça n’est pas suffisant », ajoute le correspondant territorial.

En effet, ces seuils restent largement au dessus de ceux préconisés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Ceux de l’institution internationale correspondent à « des niveaux  d’exposition au dessous desquels il n’a pas été observé d’effets nuisibles sur la santé humaine », précise Atmo dans son bilan.

À Lyon, 99 % des habitant·es sont exposés aux niveaux de dioxyde d’azote supérieurs à ceux recommandés par l’OMS. C’est 100 % concernant les particules fines. « La pollution liée à ces particules est la plus préoccupante », explique Raphaël Desfontaines. Elles provoquent des gênes respiratoires, des toux et des crises d’asthme. « Certaines substances comme les PM [particules fines, ndlr] et les gaz d’échappement des moteurs diesels sont classées cancérogènes », note le Département prévention cancer environnement du centre Léon Bérard.

Pour réellement observer des améliorations sanitaires il reste donc beaucoup d’effort à fournir. « En France, environ 40 000 décès pourraient être évités chaque année grâce à une réduction de la pollution de l’air », souligne Atmo.

Des seuils de qualité de l’air bientôt de nouveaux dépassés ?

Des évolutions devraient avoir lieu prochainement. Côté Union européenne, une nouvelle réglementation devrait être finalisée en juin. Elle abaissera de nouveaux les seuils limites pour les polluants atmosphériques. Les seuils actuels seront divisés par deux. Ces limites sont encore supérieures à celles préconisées par l’OMS, mais la réglementation vise à s’en rapprocher progressivement.

La nouvelle réglementation européenne vise à rapprocher les seuils réglementaires de ceux recommandés par l’OMS. Photo : ATMO

« Avec l’introduction de ces nouveaux seuils, des territoires de la région Auvergne-Rhône-Alpes pourraient être à nouveau en dépassement, nécessitant ainsi d’anticiper cette réglementation en menant des politiques publiques plus ambitieuses afin d’améliorer la qualité de l’air de la région », indique Atmo.

Parmi elles : la Zone à Faible Émissions (ZFE). Sur ce point, Raphaël Desfontaines note que la Métropole de Lyon s’est doté d’un calendrier plus ambitieux que celui porté au niveau national. Une prise d’initiative que salue Atmo… Mais qui ne fait pas plaisir à tout le monde.

L’organisation de protection de l’environnement conseille également de favoriser les déplacements par mode doux et les transports en commun, pour réduire encore les émissions de dioxyde d’azote provenant à 50% des trafics automobiles. Concernant les particules fines, dont les deux-tiers sont émis par le chauffage résidentiel, l’organisme recommande de remplacer les appareils non performants et de poursuivre les politiques de sobriété énergétique et d’isolation du bâti.


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