Depuis que l‘appel national à la grève a été lancé, en février, il n’y a pas une semaine qui passe sans mobilisations des enseignant·es dans l’agglomération lyonnaise. « On va vers une multiplication des journées « collège mort ». C’est certain », lâche David Rappe, devant le portail du collège La Tourette (Lyon 1er). Il fait partie des professeur·es qui ont refusé de donner cours, ce mardi 9 avril, pour protester contre la suppression d’un poste de CPE au sein de l’établissement. Selon les organisateurs, le taux de grévistes aurait atteint les 90 % dans l’établissement.
Dans un contexte de forte opposition à la réforme et à la mise en place des groupes de niveaux, cette suppression a été « la goutte d’eau » qui a fait basculer le collège dans le mouvement de grève. Comme nous vous le racontons régulièrement : depuis deux mois, nombreux sont les établissements, en particulier dans l’éducation prioritaire (REP+), qui mènent des actions « collège mort » pour protester contre la mise en place de « groupe de niveaux ». Un dispositif largement critiqué par les enseignant·es qui voient dans cette réforme, une aggravation de la « ségrégation sociale ».
Grève à Lyon : un poste de CPE supprimé à La Tourette
Dans ces conditions, l’annonce d’une suppression de poste tombe plutôt mal. « On a de plus en plus besoin de faire du lien, de se focaliser sur les situations de harcèlement scolaire et d’être au plus près des familles pour accompagner les élèves. En supprimant des personnels dont c’est le cœur de métier, ce sont les collégiens qui vont encore en pâtir. C’est dramatique », s’indigne Lara, conseillère principale d’éducation (CPE) depuis 13 ans.
Le 22 mars, elle a appris que son poste allait être supprimé par le rectorat et remplacé par un poste de contractuel, à mi-temps. En cause : la baisse d’effectif d’une cinquantaine d’élèves à la rentrée 2024 à La Tourette. Pour cette conseillère principale d’éducation, c’est « un prétexte » qui va à l’encontre des enjeux pédagogiques actuels.
« Comme avec les autres suppressions de postes annoncées, on est dans des logiques purement comptables. On ne peut pas dire que l’école est une priorité quand on enlève encore des moyens d’encadrement et d’accompagnement pour les éléves », poursuit-elle.
Elle fait référence à la suppression des 60 postes de professeurs annoncée en janvier par le recteur de l’Académie de Lyon. Ce dernier avait (aussi) justifié cette réduction par une diminution du nombre d’élèves dans la région.
« On est déjà pas assez nombreux pour assurer toutes nos missions »
Outre son cas, le personnel était aussi là pour se faire entendre du gouvernement, ce mardi. Malgré la précarité de son métier rendant difficile de se mobiliser, Juliette a aussi décidé de faire grève. Assistante d’éducation depuis six ans, elle craint que la réforme ne renforce la violence dans cet établissement « où l’écart est très fort entre les élèves privilégiés et les élèves dévaforisés ».
« C’est déjà difficile à gérer. Alors si on commence à dire que celui-ci est dans un bon groupe, l’autre, dans un mauvais… Cela va créer des disputes et nous, on est en première ligne quand quelque chose se passe entre eux », souffle t-elle.
Pour elle, la perte d’une CPE ne fera qu’aggraver les problèmes actuels. « On fait face à des élèves qui, depuis le confinement, sont très anxieux et qui ont besoin de beaucoup d’attention. On est déjà pas assez nombreux pour assurer toutes nos missions, on a besoin d’être encadré nous aussi », reprend t-elle, fatiguée.
AED, professeurs, parents d’élèves en soutien… Mardi 9 avril, ils étaient une soixantaine rassemblés pour manifester devant le collège La Tourette. Combien seront-ils jeudi ? Le 11 avril, une action similaire devrait avoir lieu au collège Gérard-Philippe, à Saint-Priest. À la Tourette, la journée devrait-elle se passer normalement.
« Dès la rentrée, après les vacances d’avril, il y aura d’autres initiatives. Des actions vont être menées. D’autant plus qu’il a une réelle dynamique syndicale qui appelle à la mobilisation contre la réforme choc des savoirs », indique David Rappe, représentant syndical CNT-Education. Une chose est sûre : débuté en février, le mouvement semble loin d’être terminé.
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