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Budgets, place Bellecour… Ce qu’il faut retenir du conseil municipal de Lyon

Recompositions politiques, débat d’orientation budgétaire, budget participatif et végétalisation… Le premier conseil municipal de 2024 était bien chargé à Lyon ce jeudi 25 janvier. Le point sur les sujets importants.

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Le conseil municipal de Lyon du 21 janvier 2024. ©Laury Caplat/Rue89Lyon
Le conseil municipal de Lyon du 21 janvier 2024.

Sans surprise, le conseil municipal de Lyon s’est ouvert sur les traditionnels vœux de bonne année souhaités d’un côté et de l’autre de l’hémicycle, ce jeudi 25 janvier. Quelques instants de légèreté avant d’entamer la présentation d’un long rapport sur le développement durable à Lyon. Une obligation légale, mais surtout l’occasion pour la majorité écologiste de faire un bilan et de s’auto-féliciter de son action en matière d’environnement et de bien-vivre à Lyon.

On en retiendra quelques chiffres intéressants : -14% de consommation d’énergie et -16% d’émissions de gaz à effet de serre du bâti municipal entre 2019 et 2022 ou les 20 GW/h de consommation d’électricité pour l’éclairage public (-40% depuis 2010).

D’autres sont plus inquiétants : 2022 a connu la plus basse pluviométrie depuis 2018 et compte 100 jours de sécheresse. On y apprend aussi, sûrement pour répondre aux polémiques qui ont éclaté en 2023, que la Ville a dépensé plus de 1,5 millions d’euros pour effacer les graffitis des murs de Lyon.

Le retour de Fouziya Bouzerda au conseil municipal de Lyon

Mais ce qui a d’emblée attiré la curiosité, c’est le retour de Fouziya Bouzerda au conseil municipal. Discrète depuis 2020, la présidente du Modem du Rhône prend la place de Gérard Collomb, ancien maire de Lyon, décédé le 25 novembre 2023. Investie dans son nouveau siège lors du dernier conseil municipal le 21 décembre, elle n’était pas présente à ce moment-là (mais a bien touché 1691 euros d’indemnités) et signe donc son véritable retour en ce début 2024. Arrivée remarquée par une prise de parole sur le sujet du Tram express de l’ouest lyonnais, pour défendre son bilan à la tête du Sytral, entre 2017 et 2020.

Se contentera-t-elle de ce fauteuil de conseillère municipale ? En 2020, elle avait longtemps clamé son envie de briguer le fauteuil de maire de Lyon, en ticket avec Gérard Collomb à la Métropole de Lyon. Si elle a été sa vice présidente chargée de l’économie et l’insertion à la Métropole, le baron lyonnais lui avait préféré Yann Cucherat, son poulain et adjoint aux sports. Ce dernier est aujourd’hui à la tête du groupe d’opposition « Pour Lyon » au conseil municipal.

Au vœux du SYTRAL au Grand Hôtel-Dieu, Fouziya Bouzerda, alors présidente du SYTRAL. Photo d’achive du vendredi 25 janvier 2019.Photo : MG/Rue89Lyon

En 2020, Fouziya Bouzerda avait du se contenter d’un siège de conseillère d’arrondissement dans le 9e, ce fief de Gérard Collomb, perdu en 2020 au profit des Écologistes. Cette défaite n’a pas permis à l’ancienne présidente du Sytral d’accéder à la mairie centrale, du fait de sa position de deuxième sur la liste, derrière l’ancien maire de Lyon dans cet arrondissement.

À l’Hôtel de Ville, elle a tourné le dos au groupe « Pour Lyon » et siège (pour le moment) en indépendante. Ironie du sort, elle a été placée aux côtés du groupe « Progressistes et Républicains » au gré d’un changement de plan d’hémicycle. Mené par Georges Képénékian – ancien maire de Lyon en remplacement de Gérard Collomb lors de son passage à l’Intérieur – ce groupe est né d’une division avec les listes de Gérard Collomb, peu avant les municipales de 2020.

Le groupe « Pour Lyon », lui, ressort amoindri du choix de Fouziya Bouzerda, n’ayant plus que six élus au lieu de huit. Car, après le décès de Jean-Yves Sécheresse, peu avant Gérard Collomb, la suivante sur la liste, Emilie Desrieux, avait déjà choisi de siéger ailleurs, avec le groupe Droite, centre et indépendants. Un nouvel affaiblissement pour le groupe alors que les nouvelles fonctions de son président, Yann Cucherat, à l’Agence nationale du sport après les JO de Paris, risquent de l’éloigner de Lyon.

Du changement chez les adjoint·es du conseil municipal de Lyon

Jamais deux sans trois. Après Victoire Goust en 2021, puis Nicolas Husson en 2022, le 4 janvier 2024, Florence Delaunay (EELV), a présenté sa démission. L’adjointe au maire en charge des Droits et égalités, mémoire, culte et spiritualité s’éclipse « pour raisons de santé », justifie Grégory Doucet (EELV). Le maire de Lyon a décidé de garder le nombre de ses adjoints à 21, le maximum possible. C’est donc Sophia Popoff, jusque-là conseillère municipale déléguée au Logement, qui prend la 19ème place de l’exécutif. Une façon de marquer une « priorité » sur le sujet du logement et du renouvellement urbain, souligne Grégory Doucet.

Quant aux délégations de Florence Delaunay, c’est Sylvie Tomic, 21e adjointe, qui en hérite. Celle-ci se retrouve avec un (très) large portefeuille, puisqu’elle est déjà en charge de l’accueil, de l’hospitalité…. Et du tourisme responsable. Une compétence qu’elle avait déjà récupérée en 2021, après la démission de Victoire Goust.

Un budget 2024 orienté vers la revalorisation des agents

Ce premier conseil municipal de l’année a été le moment d’un moment incontournable : celui du débat d’orientation budgétaire (dit « Dob »). L’occasion pour les élus de faire le bilan financier de l’année précédente et présenter les perspectives pour l’année à venir.

En 2023, la Ville de Lyon a augmenté ses dépenses de fonctionnement (portées à 675 millions d’euros environ), mais aussi ses recettes (785 millions). Ce qui lui a permis d’augmenter légèrement son épargne (110 millions). Une hausse notamment permise par la hausse de la taxe foncière en 2023 (+9%) et la taxe sur les résidences secondaires, souligne Audrey Hénocque, première adjointe au maire aux Finances. « Vous avez fait les poches des Lyonnais », lui reproche Pierre Oliver (LR), chef de file du groupe Droite, centre et indépendants.

Une augmentation des recettes qui devrait financer l’objectif politique de la majorité écologiste et de gauche : augmenter les agents de la Ville de Lyon en salaire et… en nombre. En 2024, la dépense pour la masse salariale devrait augmenter de 5 %, avec un recrutement de plus de 2000 agents supplémentaires.

Cependant, du fait des dépenses d’investissements et de fonctionnement voulues par les écologistes, la dette passerait de 420 millions en début de mandat à 500 millions en 2026. « Si on veut investir, on ne peut financer ça que par nos recettes ou par la dette. On assume de ne pas avoir de politique austéritaire », marque Audrey Hénocque, qui demande à l’État un impôt sur les grandes fortunes et les grandes entreprises pour financer les collectivités locales.

Une deuxième édition pour le budget participatif

Peut-être cet impôt permettra-t-il d’augmenter le montant alloué au budget participatif ? Marotte des écologistes, ils avaient déjà mis 12,5 millions d’euros sur la table pour la première édition, pour 110 projets. Or, la Ville de Lyon veut remettre le couvert. S’il n’est pas encore question du montant de l’enveloppe (tout de même plafonnée à 12,5 millions), le conseil municipal a voté un nouveau règlement pour la deuxième édition.

Parmi les nouveautés : une journée de vote papier coordonnée dans tous les arrondissements, pour offrir une alternative à la participation en ligne. La municipalité veut surtout renforcer la « communication » autour de l’évènement pour cibler deux publics : les jeunes et les habitant·es des quartiers populaires. Les premières contributions pourront être déposées à partir d’octobre 2024, avec une réalisation des projets dès 2025.

Chose rare, les oppositions se sont dit « entendues » et ont remarqué les « efforts » fait par la majorité pour prendre en compte leurs critiques. Des remarques ont tout de même été faites, notamment sur l’absence de contrôle de l’identité des participants et le faible taux de participation (6000 votants).

Le conseil municipal de Lyon lance la végétalisation de la place Bellecour

La végétalisation de la place Bellecour était un des projets plébiscité par les Lyonnais lors de la première édition du budget participatif. Un choix qui a fait le plus grand bonheur des Écologistes à la tête de la Ville, qui en ont fait le projet phare du budget participatif, tant il est parfaitement aligné avec leur politique.

Le conseil municipal de Lyon a donc voté pour lancer le verdissement de cette place presque entièrement minérale, « îlot de chaleur intense au cours des mois d’été ». Pour l’instant, les objectifs sont modestes. Les Verts parlent de « renaturer les pieds d’arbres de la promenade nord de la place » et rechercher « des espaces en pleine terre pour de potentiels végétalisation ». En parallèle, des installations artistiques temporaires seront installées à l’ouest et à l’est de la place, pour apporter de l’ombre, et des assises, pour créer des « ilôts de fraîcheur ». Le tout pour un coût de 1,5 millions d’euros.

Une « mascarade » pour Pierre Oliver, du groupe Droite, centre et indépendant. « Vous faites croire aux Lyonnais que vous allez végétaliser une place qui ne le sera pas », dénonce-t-il, proposant de repenser le projet de A à Z. Mais aller plus loin est-il possible ? Les contraintes sont en tout cas nombreuses. La présence d’un parking, et de deux lignes de métro en sous-sol empêchent toute plantation aux racines trop profondes.

La place Antonin Poncet et la place Bellecour vues depuis le toit de La Poste.Photo : BE/Rue89Lyon

L’avenue des Frères Lumière (Lyon 8e) fait peau neuve

Végétalisation toujours, le conseil municipal lance la requalification de l’avenue des Frères Lumière. Longue rue commerçante du 8e arrondissement, elle est aussi très empruntée par les automobilistes du centre-ville qui veulent se rendre à l’est de l’agglomération lyonnaise. L’exécutif en fait une description sévère. Ils évoquent ainsi :

« L’absence totale de végétation et de fraîcheur, une circulation automobile très présente, des cheminements piétons peu confortables, des itinéraires cyclables présents et continus mais peu confortables ».

Mené par la Métropole de Lyon, le projet ressemble à de nombreuses autres requalifications lancées par la majorité écologiste depuis 2020, comme la rue Garibaldi (3e et 7e). L’objectif est de réduire la circulation automobile, tout en élargissant trottoirs et pistes cyclables. Favorable au projet, Charles-Franck Lévy, du groupe « Pour Lyon », s’inquiète de la suppression de 80 places de stationnement et du changement de plan de circulation dans le quartier. Il critique le flou de la « vélorue » voulue par les écologistes, où vélos et voitures doivent se partager la voirie.

Ces changements devraient laisser place à des arbres et des bandes plantées, notamment sur la place Ambroise Courtois, pour un « paysage végétal généreux ». Il faudra attendre 2026 pour voir l’avenue verdir, avec un début des travaux fin 2024. La Ville de Lyon prendra sa part dans le projet, à hauteur de 1,1 millions d’euros sur les 7,6 millions prévus.


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